Agression du Pr Dioncounda : ‘’À quelque chose, malheur est bon…’’

30 Mai 2012 - 03:20
30 Mai 2012 - 03:20
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S’il y a bien un sujet qui a défrayé la chronique ces derniers jours, c’est bel et bien l’agression physique du Professeur Dioncounda Traoré et non moins Président de la République du Mali. Rien qu’à revenir sur les circonstances de cet acte combien honteux et désacralisant  pour notre pays, serait réveiller les vieux démons et envenimer la situation du pays déjà chaotique avec le problème du nord. Autrement dit, la suite de ce débat revient à la justice. Néanmoins,  en tant que journaliste et simple observateur, je ne me priverai point de tirer des enseignements. Encore que ces leçons  résultent de l’acte en question. L’agression du Professeur Dioncounda Traoré, plus qu’une atteinte à l’intégrité physique d’un homme, est une insulte contre la république toute entière. Dans une nation où le Président de la république, en tant qu’institution et garant de la cohésion sociale, se fait tabasser jusque dans les locaux de la présidence par sa ‘’propre population’’ ; je pense que tout peut arriver au Mali. Un pays dans lequel la sacralisation du pouvoir est réduite au néant et ne représente aucune valeur aux yeux de ses citoyens ne peut, en mon sens, se prévaloir d’être un exemple démocratique dans le monde.  Dans un état où même le Président de la république n’est pas en sécurité, de quelles sécurités peuvent espérées de simples citoyens ? Je pense tout simplement que l’agression du Professeur Dioncounda Traoré est une leçon dont tous les maliens devront s’en inspirer dans l’avenir. Cet acte doit nous amener à nous remettre en cause, remettre en cause notre démocratie et songer à une redéfinition du ‘’malien’’ en fonction du ‘’Mali’’ que nous voulons réellement. Aussi, je pense que, cet acte doit aussi permettre à nos dirigeants politiques de mesurer en réalité ce qu’ils représentent pour cette population qu’ils croient posséder et manipuler à leur guise. Et enfin je pense que les auteurs et commanditaires de ce crime contre la république et les fondements de notre société sont tombés, d’un point de vue politique, dans leur propre piège. En voulant humilier un homme, ils sont parvenus à faire renaitre un autre homme plus respecté. En voulant créer une situation d’incertitude et plonger le pays dans un mélodrame lugubre, les agresseurs de Dioncounda ont favorisé l’émergence d’un nouveau climat plus ouvert au dialogue et au pardon, tout en jetant les bases  d’une sortie de crise politique. Mieux l’agression du Professeur Dioncounda Traoré a prouvé au monde entier la vulnérabilité du Mali face aux maliens eux-mêmes, tout en mettant en exergue la nécessité d’une intervention de la CEDEAO pour aider le pays à recouvrer son intégrité et se protéger contre les siens. Mais le comble de l’ironie est que le Professeur Dioncounda Traoré a beaucoup gagné en popularité. Détesté par bon nombre de nos concitoyens pour des raisons, le plus souvent, personnelles, l’homme bénéficie depuis son agression d’un regain de sympathie. La contestation que suscitait sa présidence de la transition a beaucoup diminué. Son agression a été condamnée par tous les maliens et amis du Mali. Le ‘’coupable’’ d’hier est devenu la ‘’victime’’ aujourd’hui. Les observateurs les plus nantis évoquent un marketing politique en faveur du professeur Dioncounda Traoré. Loin de justifier cette agression, que je condamne d’ailleurs avec la dernière énergie, je pense que le Professeur Dioncounda vient de se créer une place, aussi infirme soit-elle, dans le cœur de ses compatriotes. Comme pour dire, qu’à quelque chose malheur est bon. Qui à lui, de profiter de cette situation pour redorer son image et se mettre au dessus des préjugés et stéréotypes. Cela passe, bien entendu, par une bonne stratégie de communication et surtout une ouverture au peuple. La communication et l’écoute devront être les pièces maitresses de ce nouveau dispositif. Le pardon et l’humilité, les valeurs cardinales. Le Mali et l’intérêt du peuple malien, les seules priorités. Pour parapher le Professeur Dioncounda qui disait lui-même dans l’une de ses rares interventions : ‘’je suis une solution pour le Mali et non un problème (…)’’, je pense que le premier discours qu’il tiendra à la nation en tant que président de la transition devra aller dans ce sens. FOUSSEYNI MAIGA

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