Gouvernance : ATT, le Président des promesses non tenues, tel qu'en lui-même

Mar 1, 2012 - 00:01
Mar 1, 2012 - 00:50
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Le destin fulgurant de celui que l'on surnomme ATT, a commencé pendant les années de braises  de la révolution, au moment des événements du 26 Mars 1991, qui emportèrent dans la tourmente le régime du général Moussa Traore. Installé confortablement au pouvoir pendant 10 ans,  avec la bénédiction des grands partis politiques et d'Alpha Oumar Konaré, ATT, comme le Boulanger des lagunes, a vite montré ses limites en matière de gouvernance. Sa première démarche a été de désacraliser le pouvoir en ouvrant les portes du palais a toutes les personnes portées vers la courtisanerie et les intrigues, alors que le pouvoir, dans son essence, doit se draper d'un minimum de discrétion et de secret. Le Président, très volubile,  lui même, se croit obliger de porter un jugement à l'emporte pièce sur tous les sujets. Son émission "Barro"  du 8 juin de chaque année est un modèle du genre. Le Palais de Koulouba, centre névralgique du pouvoir, est devenu le Grin des copains qui échangent autour d'un repas avec le Président sur tous les sujets, aucun n'étant soumis à l'obligation de réserve ou d’être assermenté. Dans le choix des collaborateurs, la compétence et la loyauté ne sont pas ses critères fondamentaux, mais plutôt  le bénéfice politique qu'il croit tirer d'une nomination. Alors que les conseillers spéciaux d'un président de la République doivent être expérimentés, ATT les choisit au petit bonheur, et se garde de tenir compte de leurs conseils, lorsqu'il se rend  compte que l'essentiel du savoir-faire s'apprend pendant une longue pratique des affaires publiques ou privées. Impliqué presque toujours dans les nominations au sein des départements Lui même arrivé au pouvoir par effraction, n'avait jamais dirigé  que des canons. La gestion des finances publiques à travers son budget de souveraineté n'est pas  un modèle et est loin de constituer un exemple à suivre, tels que les fonds offerts à la fraction non belligérante des combattants de retour de Libye, qui lui valurent les réprimandes des femmes de soldats. Sa gouvernance en matière de remaniement ministériel paralyse l'administration pendant de long mois, avant que l'événement attendu se transforme à un simple réaménagement technique pendant que tous les observateurs s'attendaient à un véritable changement d'hommes et de mœurs. C'est son plaisir de gouverner ainsi, mais cela coûte cher à l'Etat. Le Président, par ailleurs, est impliqué presque toujours dans les nominations au sein des départements, plus pour imposer le choix d'un protégé que par le souci de l'excellence. C'est la raison pour laquelle, on chambarde tout le temps, au niveau des postes de  sécurité  et de  ceux de la haute administration publique. Dans  ses relations avec les partis politiques et un nombre incalculables de personnes, le Président fonctionne essentiellement aux promesses sans lendemain,  essayant  de gagner du temps à chaque fois. Au point que lorsqu'une promesse est formulée par le Président, la personne à qui elle a  été faite se garde de la répéter de peur que ces interlocuteurs ne lui disent que si c'est  une promesse venant d'ATT, mieux vaut qu'elle soit circonspecte. Certaines de ses  promesses faites aux fidèles de Mahmoud  Dicko du Haut conseil islamique à propos du Code de la famille ont failli dégénérer en affrontements à grande échelle,  parce que tout simplement le Président a voulu se dédire pour faire plaisir à l'Occident des bailleurs de fonds. Incapable de dire non à des sollicitations Certains remaniements ministériels ont provoqué des attroupements de la parentèle autour du poste télé pour entendre le nom d'un détenteur de promesse présidentielle de figurer dans le nouveau gouvernement. Le désenchantement fut, à chaque fois, plutôt brutal. Le Président joue ce jeu pour de plus petits postes, incapable de dire non à des sollicitations ou faisant des promesses pour combler une attente. Recevant les notabilités de Tombouctou de Gao ou d'ailleurs au sujet des incarcérations plus que douteuses de quelques détenus, le Président, au cas par cas,  mania à merveille la langue de bois, comme si leur libération ne dépendait pas  de lui, mais leur promet d'user de son influence pour «gérer» le dossier. Aux occidentaux, il dit que les coupables du trafic de la drogue et le pilote d'air cocaïne sont en prison. La ruse, toujours. La gouvernance d'ATT est émaillée de fuite de responsabilité. Récemment , et pourtant chef suprême des armées, il n'a voulu assumer aucune responsabilité dans le dysfonctionnement de la transmission des ordres de combat contre le soulèvement  armé des Touareg du MNLA,  traumatisé sans doute par les événements du 26 mars 1991 où la hiérarchie militaire a peiné à prouver qui avait donné l'ordre de tirer sur les manifestants désarmés. La défaite est orpheline. Dans le cas de figure du conflit armé déclenché en  janvier 2012 par le MNLA,  on recherche dans la chaîne de commandement  celui qui n'a pas donné l'ordre de tirer. Apparemment, tout le monde aurait donné l'ordre de tirer, sauf qu'il n'y aurait pas eu  suffisamment de munitions pour combattre l'ennemi. Autres temps autres mœurs. Quelle est la dernière promesse faite par le général Président ? Sur le registre des promesses sans lendemain, il convient de noter tous ces pactes et accords qu'aucun gouvernement ne peut mettre en œuvre même en mobilisant toutes le ressources du budget de l'Etat destinées aux investissements pendant une triple décennie. C'est pourquoi, le Président, en achetant une paix éphémère et instable par  un catalogue de promesses contenues dans les «Accords  d'Alger» a cédé à sa pulsion de ruser avec l'adversaire. Cet adversaire glouton et autrement plus dangereux,  vivait sur le dos du contribuable malien depuis la signature du Pacte national.  A défaut de remplir les conditions précitées dans lesdits " Pacte et  Accords",    Koulouba  se serait délesté de grosses malles d'argent, à périodicité régulière, pour étancher la soif inextinguible des seigneurs de guerre du désert malien. C'est pour avoir arrêté de verser cette rançon aux geôliers du budget du Mali, que les «assaillants» auraient déclenché les razzias meurtrières  de 2006 qui se sont prolongées en janvier 2012. Ce sont ces contrebandiers du désert qui fricotent avec Koulouba, soit pour libérer un otage, soit  pour établir une paix armée sous le couvert de revendications indépendantistes, encouragés par l'exemple du Soudan du Sud. Birama FALL

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