Plus qu’un challenge, la libération de Kidal s’impose afin de garantir le retour effectif de l’administration. Pour y arriver, IBK doit impérativement trouver des arguments convaincants.

Si la junte qui avait pris le pouvoir, n’a pas pu trouver une solution à la crise du Nord, les autorités de transition, quant à elles aussi, y brillaient par une absence quasi-totale. En fait, elles ont eu du mal à abréger les souffrances des populations restées sur place. Ce qui fera que le déclic ne parviendra qu’après l’intervention militaire française. Un accord a été signé le 18 juin à Ouagadougou, permettant ainsi l’organisation des élections présidentielles sur l’ensemble du territoire national, y compris la région de Kidal, présumée fief du Mnla et de ses alliés.
Dans la teneur de ces accords, il était question de procéder au cantonnement, au suivi du désarmement et le tout couronné par la réinsertion des ex-combattants. Mais, la réalité étant ce qu’elle est, rien n’a été, pour l’instant, fait dans ce sens. Et, en revanche, c’est la présence de l’armée malienne qui a été limitée, le retour de l’administration empêché, le contrôle de la Région de Kidal échappant des mains de l’Etat malien, ...
C’est ce lourd héritage que Dioncounda Traoré a légué à son successeur, Ibrahim Boubacar Kéïta, qui doit travailler dur pour ramener Kidal sous le contrôle effectif du gouvernement malien. Et, durant ses cent premiers jours au pouvoir, IBK a tenté de gérer au mieux la question relative à l’occupation de Kidal. Dans cette optique, la communauté internationale en général et, singulièrement, la France est accusée à tord ou à raison d’agir implicitement en faveur du Mnla. Ce qui explique la sortie enflammée d’IBK en France sur le cas Kidal. «Nous assistons, hélas, à une situation où la présence de ces troupes a empêché le Mali de rétablir l’autorité de l’Etat à Kidal, alors qu’il l’a fait à Gao et à Tombouctou. Nous ne sommes pas naïfs, la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) est retournée à Kidal dans le sillage des troupes qui sont venues nous libérer. La libération s’est faite de manière conjointe jusqu’aux abords de Kidal, où, là, on a bloqué les Maliens. Pourquoi? Serions-nous des barbares d’une autre époque qui, une fois à Kidal, se mettraient à massacrer tout le monde? …. Je ne comprends pas que Kidal ait été une exception…Aujourd’hui, les Maliens s’interrogent», déclare IBK dans le journal Le Monde.
La réaction de la France a été, on ne peut plus claire, en rétorquant au président Ibrahim Boubacar Kéïta, d’avouer que la «solution se trouve entre ses mains». De quoi lui mettre dans un dilemme qui ne dit pas son nom. D’abord, il sera appelé à cantonner et à désarmer les groupes armés, renforcer la présence de l’armée nationale dans la région, et procéder à la réinsertion socio-économique des ex-combattants.
Mais, aura-t-il les moyens de réussir ce challenge sans le soutien de la France elle-même? C’est là toute la question. D’autant plus qu’il a l’obligation de nourrir les combattants, de faciliter leur insertion dans la vie active, une fois que ceux-ci acceptent d’être cantonnés et de déposer définitivement les armes.
Autre aspect du dilemme d’IBK est celui de savoir s’il sera possible, cette fois-ci encore, de réintégrer ces ex-combattants dans les effectifs des forces armées et de sécurité du Mali. En outre, il ne faudrait pas oublier que l’Etat malien doit permettre à la justice de juger ceux qui se sont rendus coupables de crimes.
En définitive, le véritable défi pour IBK est d’obtenir une paix durable où le cas Kidal et la question dite touarègue puissent être gérés. En somme, l’important est de parvenir à avoir l’adhésion de tous les groupes et mouvements armés au processus de paix enclenché.
Soufi MAHAMANE