Vigilance citoyenne
Dans la vie des peuples et des nations, il arrive inévitablement le moment du refus intégral, le temps de la vigilance, l’heure de la remise en ordre, l’instant de résistance citoyenne. Le Mali en ce moment manifeste un pressant besoin de liberté.
Il n’est un secret pour personne que la démocratie Malienne est en panne, c’est une vérité. Il faut reconnaitre au président ATT le mérite d’avoir réussi cet exploit, à ses amis militaires embourgeoisés à bloc l’étouffement et le dépérissement de l’engagement militaire ; aux flagorneurs et citoyens mouvementés, la capacité d’enfourcher des causes sans issues, à coup de bavardages exaspérants et de phraséologies stériles.
Mais le malheur du Mali ne réside pas uniquement dans les tribulations du régime grabataire d’ATT.
Il réside également dans notre refus de comprendre ce qui nous arrive. Car il n’y a pas d’un coté un Mali de ceux qui dirigent, de l’autre un Mali des ténèbres.
Cette vision que certains d’entre nous ont tendance à intérioriser, vole en éclats dès l’instant où l’on touche du doigt notre inconséquence et les méfaits de l’irruption inopinée du militaire dans le palais présidentiel.
Dénoncer l’action militaire survenue dans notre pays ne suffit pas. Sous la diversité des symptômes, c’est d’une violation des règles fondamentales du jeu démocratique qu’il s’agit. Pour le comprendre, il faut identifier, au présent et dans la longue durée de l’histoire ces facteurs abrupts que sont le renversement d’un pouvoir légalement investi et la mise à plat de toutes nos institutions.
L’évolution de l’histoire a montré que la formule du pouvoir militaire est la plus mauvaise voie que le continent africain pouvait emprunter. Chacun se propose d’imprimer la rigueur militaire au politique.
Les déclarations de ralliement mettent toutes en avant l’incompétence du pouvoir déposé, les pseudos représentants sournois de la jeunesse, les religieux aux yeux chafouins s’engouffrent dans les studios de la radio nationale pour les déclarations éclatantes d’amour de l’action d’un illustre inconnu. Les souteneurs du jour répètent les propos de la veille.
Le défi auquel nous faisons face aujourd’hui, c’est d’être exigeant sur les perspectives d’avenir fondées sur les institutions démocratiques. En certifiant ce coup, nous compromettons la république que nous semblons tant aimer.
L’incompétence supposée ou avérée de ATT ne justifie nullement un coup d’état militaire en cela qu’au delà de la personne du président déchu, c’est une atteinte à nos institutions et aux valeurs qui les soutendent.
En ces temps difficiles où l’intégrité du territoire national est menacée, il aurait été plus utile de faire bloc pour soutenir le chef de l’état dans le combat contre l’ennemi sécessionniste du nord.
Il est temps de procéder à une réappropriation de notre destin, de nos repères et valeurs démocratiques. Soutenir un coup d’état ou prendre simplement acte d’un tel évènement est anti-démocratique. On ne peut pas prôner la démocratie et applaudir un coup de force.
En ce qui me concerne, je dis simplement à la jeunesse Malienne que si nous reproduisons la même indifférence, la même légèreté, nous regretterons amèrement le régime dit incompétent et désavoué d’ATT.
Aucun politicien, quelle que soit son enseigne ne changera le destin du Mali, la magie politique relève d’une vue de l’esprit.
Aux jeunes officiers, de se méfier de ces souteneurs à la moralité instable et dépourvue de scrupules, des politiciens à l’échine souple et la loyauté variable.
Ces personnages qui prônent la lutte contre la corruption n’aspirent qu’à se servir au guichet des deniers publics.
Le culte de la négation de soi, le volte-face, la soumission et l’allégeance prématurées sont devenus les traits dominants des descendants de Sounjata, Babemba, Biton etc.
Pour cueillir un fruit, nous avons coupé l’arbre.
Tout est à refaire.
Disons non au coup d’état !
Une contribution de Mr TOURE Abdourahamane, France
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