Des discussions sur les réparations déjà engagées au sein de la CEDEAO, selon le représentant permanent du Nigeria
Les festivités marquant le 50e anniversaire de la CEDEAO ont débuté le 22 avril à Accra, capitale du Ghana. Mais au-delà des célébrations, une thématique centrale a retenu l’attention des représentants des États membres : la question des réparations, en écho au thème choisi par l’Union africaine pour l’année 2025 – « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine grâce aux réparations ».

L’ambassadeur Musa Sani Nuhu, représentant permanent du Nigeria auprès de la CEDEAO, a confirmé que les discussions autour des réparations ne sont plus une simple idée, mais une réalité déjà amorcée sur le plan technique. « Ces débats s’engagent d’abord à un niveau technique, avant de remonter aux échelons ministériels, puis aux chefs d’État. Pour l’instant, la question est bien à l’étude à ce niveau », a-t-il déclaré en marge de la cérémonie d’ouverture. Soulignant l’importance de corriger les injustices du passé, M. Nuhu a rappelé que la CEDEAO soutient pleinement le thème de l’Union africaine pour 2025, qui appelle à une reconnaissance des crimes coloniaux et à une réparation symbolique et matérielle des préjudices subis. À cet égard, des démarches concrètes sont déjà engagées, comme la désignation du président béninois Patrice Talon pour diriger le processus de restitution des biens culturels pillés pendant la colonisation. L’écho de ces revendications dépasse les frontières de l’organisation ouest-africaine. Le 19 avril dernier, Dakar a accueilli une conférence panafricaine sur les réparations des crimes coloniaux, rassemblant intellectuels, chercheurs et militants autour de ce sujet sensible.
Parmi les cas emblématiques évoqués, celui du massacre de Thiaroye de 1944, où des tirailleurs africains furent exécutés par l’armée française pour avoir revendiqué leur solde, continue d’incarner l’exigence de justice mémorielle.
Cette dynamique, portée par la société civile autant que par les institutions, signale une évolution importante : l’Afrique n’est plus disposée à se contenter d’un simple devoir de mémoire. Elle exige réparation, restitution, et reconnaissance. En mettant à l’agenda 2025 le thème des réparations, l’Union africaine ouvre une voie politique et morale que la CEDEAO entend emprunter activement. Les discussions techniques en cours ne sont que la première étape d’un processus qui pourrait redéfinir les relations entre l’Afrique et les anciennes puissances coloniales.
Par AWA DEMBELE
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