Entre Sanogo et la Cedeao…: Le bras de fer persiste

7 Mai 2012 - 13:07
7 Mai 2012 - 13:07
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[caption id="attachment_63490" align="alignleft" width="344" caption="Un membre de la délégation de la junte militaire malienne au pouvoir salue Blaise Compaoré (D), le président burkinabè. Photo prise à Ouagadougou le 14 avril 2012. AFP"][/caption] Une seule heure de plus ne sera ajoutée aux quarante (40) jours de la période intérimaire; aucune force étrangère ne posera non plus le pied sur le sol malien. C'est en substance le défi lancé aux chefs d'Etat de la sous-région par le Capitaine Amadou H. Sanogo, aussitôt après leur Sommet Extraordinaire tenu à Abidjan et assorti de décisions contrariantes pour les visées 'pouvoiristes' de la junte du 22 Mars 2012. C'est dire que le message et l'intention des putschistes sont clairs comme l'eau de roche : dans leur entendement, la gestion de la transition, tout comme sa durée, contrairement aux indications dudit sommet qui les fixe à 12 mois au profit du président intérimaire, restent encore à définir et ne saurait en aucun cas être tranchée postérieurement à l'expédition des FAC (Forces en Attente de la CEDEAO).   Le coup de colère de la junte n'est pas tombé dans une oreille de sourds. Et pour cause, à l'ouverture déjà du Sommet Extraordinaire de Dakar, le jeudi 30 Avril dernier, le ton avait été donné dans les discours d'orientation du président en exercice et du président de la Commission de la CEDEAO. Ils ont chacun retenu et mentionné la défiance qui caractérise l'attitude des putschistes maliens à l'égard de l'institution sous-régionale, une défiance qui s'est manifestée tant par sa réaction officielle aux décisions supranationales que par le biais d'une utilisation abondante des canaux médiatiques pour des manœuvres de manipulation et d'intoxication de l'opinion malienne contre l'organisation supranationale. C'est dans cette optique, par exemple, que l'offensive des commandos parachutistes contre la caserne de Kati a été présentée comme le fait de mercenaires en mission de la CEDEAO. Cette même institution sous-régionale est par ailleurs accusée d'avoir agi en violation de l'accord-cadre lorsqu'elle fixe unilatéralement la durée de la transition. Mais la CEDEAO, selon toute évidence, n'a l'air de reculer d'un pouce sur les questions qui font l'objet d'un malentendu entre elle et la junte putschiste malienne. Certes, sa réaction ne s'est pas exprimée de façon aussi bruyante que l'autre protagoniste, mais sa fermeté sur l'effectivité d'un retour à l'ordre constitutionnel - ainsi que sur l'irrévocabilité de ses décisions antérieures y afférentes - ne souffre d'aucune ambigüité. En atteste ce communiqué final (ci-contre) dans l'esprit duquel aucun pont n'est perceptible entre les périodes intérimaires et transitoires, pas plus qu'il n'existe dans l'entendement des chefs d'Etat d'organes de transition autres que les pouvoirs légitimes en place. La CEDEAO s'est montrée tout aussi ferme sur les agissements d'une junte qu'elle continue de mettre en garde, menace de sanctions ciblées à l'appui,  contre toute tentative d'obstruer l'action desdits pouvoirs de transition, allusion faite sans doute au refus quasi explicite de l'armée malienne de transmettre le pouvoir conformément à ses engagements de l'accord-cadre. Parallèlement au conclave de haut niveau à Dakar, la question malienne est encore au centre de pourparlers entre le Médiateur de la CEDEAO, en l'occurrence le président burkinabè Blaise Compaoré, et le CNRDRE. Les parties ont en effet repris langue après le malentendu consécutif au sommet d'Abidjan, dans le but notamment de tirer au clair les tenants et aboutissants du même accord-cadre arrêté de commun accord dans le cadre du processus de rétablissement de l'ordre constitutionnel. Mais force est d'admettre que l'absence à ce jour encore d'un compromis et d'une convergence de vue autour du contenu du document laisse présager un épaississement des barrières d'incompatibilité sur l'essentiel. Comme quoi, le bras de fer entre le CNRDRE et la CEDEAO demeure pour l'heure sans issue et suspendu à l'attitude qui prévaudra d'ici à la fin de la tranche intérimaire de la transition. Une heure de vérité attendue avec impatience par les observateurs de la nouvelle scène politique malienne, parce qu'il s'agit d'un tournant décisif dans l'histoire démocratique du pays, et déterminante dans le dénouement du sort tragique qui s'acharne sur le Mali depuis un certain 22 Mars 2012.   A.Keïta                

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