Cessez de nous distraire, nous sommes habitués à ce cinéma. Car, à chaque putsch, il faut qu'il y ait des boucs émissaires pour pouvoir se faire plaisir ou pouvoir, à la suite, imposer son homme.
[caption id="attachment_57849" align="alignleft" width="400" caption="Le capitaine Sanogo (ici, le 30 mars, près de Bamako) photo : AP"]

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Depuis le mardi 17 avril dernier, les putschistes de Kati procèdent à des arrestations tout azimut. Ainsi, ils viennent d'appréhender presque toutes les grosses pointures du FDR (Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République) c'est-à-dire ceux-là qui exigent le retour de la junte dans les casernes. Après des heures de détentions et des condamnations qui s'en ont suivies, la junte a délégué le DG de la gendarmerie Diamou Kéïta afin qu'il explique grosso modo les motifs de leur arrestation. Cette déclaration faite par M. Kéïta souligne qu'il y a un soupçon sur eux. Certainement de vouloir déstabiliser la junte car des armes auraient été saisies dans des domiciles privés après enquêtes.
"Qui veut abattre son chien l'accuse de rage". Au Mali, aujourd'hui après le coup d'état salué par tous, la junte tombe dans l'indifférence totale. Elle procède à une véritable chasse à la sorcière. Sinon, il est inadmissible d'assister à des enlèvements de ce genre affirmant que ce sont des gens qui sont soupçonnés. N'y a-t-il pas un Etat et un Président de la République ? La loi n'a-t-elle plus de sens ? A ce rythme Alpha Oumar Konaré (ancien Président de la République) et Dioncounda Traoré pourront-ils échapper à la traque de la junte de Kati ?
Au rythme où vont les choses, tout le monde peut s'attendre à la prison. En tout cas la démocratie malienne est en péril si on n'y prend garde avec un montage aussi grotesque et fallacieux au profit d'un clan.
L'arrestation estimée arbitraire par tous risque de compliquer les efforts pour parachever le processus de retour à un régime civil, après le coup de force du capitaine Amadou Haya Sanogo. Tout simplement, le pouvoir reste toujours sous le contrôle de la junte qui est en train de terroriser tous les maliens par ses agissements. Le Président constitutionnel n'a aucun pouvoir. Il est une coquille vide.
La junte militaire n'est pas vraiment partie selon les accords. Elle reste dans le jeu du pouvoir et ceux qui en doutaient sont en train de l'apprendre à leurs dépens. Avec les arrestations de toutes les personnalités ayant demandé et insisté à un retour à l'ordre constitutionnel. Pour mieux les avoir, il faut trouver un alibi. C'est vite fait. Aujourd'hui, ils sont menacés dans leur existence au profit d'hommes sans vergogne pétris dans l'ombre. Ah le pouvoir quand tu nous tiens !
Dans tous les cas, la roue de l'histoire tourne et rien ne peut l'arrêter. Sinon, le Mali est aujourd'hui face à de nombreux problèmes plus urgents qu'il est plus qu'opportun de faire face. Notamment la faim, la maladie, les exactions que subissent nos parents du nord. Raison première évoquée pour le coup de force du 22 mars.
Quoi qu'il en soi, nous sommes tous des Maliens. Si réellement, il s'est avéré que ce qui est reproché à ces hommes, ils doivent être punis selon la loi malienne. Mais cette façon de les arrêter et de les humilier à d'autres desseins que nous dénoncerons avec la dernière rigueur. Car cette arrestation sans autre forme de procès qui est intervenue brutalement après Ouagadougou est comme un pavé dans la mare de sortie de crise. La junte n'a-t-elle pas trahi le Président Compaoré qui ne ménage ni ses efforts ni son temps pour le Mali ? Certainement que oui. Car, la junte semble porter la robe d'un règlement de compte qui peut avoir des conséquences incalculables pour notre pays.
Que Dieu sauve notre pays ! Sinon, il est inexplicable ce brusque et brutal revirement de situation. Ou bien le Capitaine et ses hommes jouent aux pyromanex ou bien ils ne veulent pas quitter le pouvoir. Alors, ceux qui s'y opposent vont faire les frais de leur engagement démocratique.
Boubacar DABO