Politique et Cohésion sociale au Mali : Un conflit est-il évitable ?

Depuis 2012, le Mali fait face à une crise complexe, marquée par l’instabilité politique, la rareté des ressources financières et une insécurité persistante.

1 Mai 2025 - 01:50
 1
Politique et Cohésion sociale au Mali : Un conflit est-il évitable ?

En plus, la situation politique et sociale suscite de vives préoccupations, menaçant la cohésion sociale. D’autres sources d’inquiétudes pour le tissu social malien déjà affecté.

 La crise profonde que vit le Mali depuis 2012, n’a pas été sans conséquence sur la cohésion sociale et le vivre ensemble, creusant un fossé entre les citoyens. Cette fracture se révèle avec acuité dans l’espace public. Sur les réseaux sociaux, certaines ondes radiophoniques et télévisuelles, ainsi que dans les conversations quotidiennes, la classe politique est brocardée, chargée de tous les péchés d’Israël, insultée, avec même des cas d’appels à la violence, de la part de ceux qui l’accusent d’être à l’origine des difficultés actuelles du pays. Pour des observateurs, sous ces divergences, couvent les prémices d’une violence pouvant engendrer un conflit.

Pour Mady Ibrahim Kanté, sociologue-chercheur, la situation qui prévaut actuellement est préoccupante. Prenant en exemple le cas du Congo RDC, M. Kanté déclare que les autorités devraient prendre à bras le corps le problème afin de prévenir d’éventuel conflit voire une guerre civile.

« Il est essentiel que les citoyens puissent faire la part des choses, différencier les idéologies des personnages, mais surtout accepter les divergences d’idéologie. Le Mali doit tout faire pour faire face à cette situation, on n’aime plus s’écouter lorsqu’on ne partage pas le même avis, on est devenu soit anti ou pro. Il faut mettre fin aux propos haineux », dit Mady Ibrahim Kanté. Pour lui, cette pratique va à l’encontre des valeurs culturelles du Mali.

A son tour, Mémé Sanogo, journaliste, déclare que ces tensions démontrent une fracture sociale dont les conséquences peuvent être irréversibles pour le pays. Pour M. Sanogo, ces tensions sont alimentées par la méconnaissance des populations sur les pratiques politiques. « On exploite à dessein l’ignorance de la population pour des fins intéressés. Face à cette situation préoccupante, il est important d’amener les populations à comprendre que les ‘hommes politiques’ ne sont que le reflet et le fruit de leur société ainsi on pourra mettre fin à ces pratiques pour conserver le socle du vivre ensemble », a- t- dit.

Instrumentalisation de l’opinion publique ?

Selon Adda Diawara, vice-présidente de la Coalition des organisations de la société civile pour la lutte contre la corruption et la pauvreté, on assiste à une certaine manipulation de l’opinion publique via les mass-médias. « Je pense que charger les hommes et femmes politiques de tous les maux du pays vise à leur faire jouer le mauvais rôle devant l’opinion publique, toute chose qui pour moi n’est pas sans conséquence. Car cela amène des animosités entre les citoyens. Nous avons en face deux clans farouchement opposés dont la confrontation reste à craindre », a déclaré Mme Adda Diawara.

Pour Abdrahamane Diarra du Parti URD, il s’agit d’une stratégie des autorités de la Transition consistant à faire passer les hommes et femmes politiques pour causes des problèmes du Mali. « Ces tensions, peuvent être une source d’instabilité du pays car elles mettent indiscutablement à mal la cohésion sociale ».

Pour Boubacar Tabouré, Coordinateur Chef de quartier Commune IV, il est temps que les Maliens se comprennent et fassent des compromis pour sortir de la crise. « La situation actuelle est source d’inquiétudes. Le Mali avec sa Charte du KURUKAN FUGA, avait instauré déjà la démocratie et la gestion concertée du pouvoir ». « On doit éviter les stigmatisations, les discours tranchés et haineux. En toute chose, il y a le bien et le mal, et les propos excessifs et généralisateurs auxquels on assiste, ne peuvent qu’attiser les tensions entre concitoyens et, à terme, engendrer de profondes fractures sociales alors qu’on est appelé à s’écouter et à cohabiter pour la stabilité du pays », dit-il.

Nos interlocuteurs prônent le dialogue social et l’implication des autorités pour mettre fin à ces stigmatisations dont on voit déjà les méfaits sur la cohésion du tissu social.

 

Khadydiatou Sanogo/maliweb.net

Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains (JDH) au Mali

 

 

Quelle est votre réaction ?

Like Like 0
Je kiff pas Je kiff pas 0
Je kiff Je kiff 0
Drôle Drôle 0
Hmmm Hmmm 0
Triste Triste 0
Ouah Ouah 0