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Le Président IBK de retour à Bamako à l'issue de sa visite d'Etat en France (Bamako, le 25 octobre 2015)[/caption]
Le spectacle auquel se sont livrés les députés du parti majoritaire, le RPM à l’hémicycle montre à suffisance leur manque de conviction et d’engagement pour soutenir le Président de la République à qui beaucoup d’entre eux doivent leur élection, encore moins le Pays dont ils sont censés défendre les intérêts. Cette guerre de positionnement s’est passée au moment où IBK fait l’objet de tirs croisés de la part de l’Opposition qui a affiché pour une des rares fois, une union sacrée depuis les invectives dont Tiebilé Dramé a été victime. Pourquoi un tel désintérêt de la Majorité vis-à-vis de son Président? Selon nos investigations sept raisons seraient à la base du découragement des partisans d’IBK à aller au charbon.
Le Président de la République fut-il élu avec plus de 77 % ne peut rien faire de façon consistante sans le soutien de la Majorité, supposée partagée sa vision. Cette écrasante Majorité peine aujourd’hui à trouver sa voie. Pourquoi avec plus 100 députés elle n’arrive toujours pas à se faire entendre et à défendre avec brio son leader ? IBK ne serait-il pas lui-même responsable de ce qui lui est arrivé ? Voici les 7 raisons qui seraient à la base du désintérêt de la CMP vis-à-vis du Président de la République:
1 Le manque de considération : La plupart des partis politiques de la Convention de la Majorité Présidentielle se disent exclus du débat politique parce qu’ils ne sont ni consultés, ni associés en amont et en aval à la prise de certaines décisions. Pour défendre il faut au préalable être au courant.
2 Le choix des hommes : le président IBK est un homme politique issu d’un parti politique et qui ne doit son pouvoir qu’au soutien des partis politiques. Mais curieusement, il n’a jamais mis l’accent sur le fait partisan. Il a toujours dit haut et fort qu’il n’a pas été élu par un parti politique et qu’il ne sera jamais l’otage des hommes politiques. C’est à cause de ce mépris qu’il ne s’est jamais référé aux partis politiques y compris le RPM pour le choix de ses Premiers ministres et des autres membres du gouvernement. Les ministres n’étant pas pris sur la base des propositions faites par les partis, alors ceux-ci ne se sentent pas obliger de persuader leurs militants à adhérer à leurs causes et à mouiller le maillot pour le Président IBK et son bilan.
3 La primauté accordée à la famille et aux amis au détriment des hommes de qualité : La majorité des nominations du président IBK ne sont pas faites sur la base des qualités morales, intellectuelles et de travail, même si au demeurant dans le gouvernement il arrive à choisir des ministres à l’expertise reconnue. IBK, durant ses deux ans de mandat semble ne privilégier que la famille, les amitiés et les récompenses des hommes qui l’ont rallié lors de la campagne. En dépit de quelque choix de raison fait par le Premier ministre, la balance semble toujours pencher du côté de ma famille d’abord. Toute chose qui laisse la porte ouverte à toutes sortes d’aventures c’est ce qui explique la corruption à ciel ouvert et le laxisme à tous égards.
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La division au sein du parti majoritaire à l’Assemblée, le RPM : Jamais la guerre des clans n’aura atteint une telle proportion au sein de nos partis politiques à telle enseigne que l’action gouvernementale s’en trouve maintes fois affectée. Le clan Bocary Tréta et celui d’Abdoulaye Idrissa Maiga sont à couteaux tirés depuis belle lurette sous le regard complaisant du Président de la République. Chaque camp revendiquant la légitimité et sa proximité avec IBK avec un désir acharné de contrôler le parti pour en découdre avec l’autre tendance, d’où la guerre des tranchées entre les deux et à tous les niveaux de l’Etat. Dans un tel imbroglio, les autres partis pourraient-ils être plus royalistes que le roi RPM dans le soutien à IBK ?
5 La gestion Chaotique des affaires publiques : Les militants des partis de la CMP, fussent-ils les plus compétents pourraient-ils réellement défendre l’indéfendable ? Le bilan des deux ans de gestion du régime IBK est de l’avis de la grande majorité des maliens, on ne peut plus chaotique. La corruption à ciel ouvert a gangréné tous les secteurs de l’Administration y compris des points névralgiques tels que la Police, l’Armée, la Douane, la Justice, l’Ecole, le népotisme et le processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix qui donne lieu à des blanchiments de cerveaux. Le clientélisme et l’affairisme sont toujours restés les règles de gestion des affaires publiques.
6 Le manque de programme consensuel ou de vision partagée : Excepté les deux premiers ministres en l’occurrence Oumar Tatam Ly et Moussa Mara qui avaient présenté aux partis politiques de la majorité un document renfermant les axes prioritaires de leur gouvernance, l’actuel PM semble ne se limiter qu’à sa DPG officielle. L’Accord pour la paix souffre d’un déficit de débats au sein des états-majors, encore moins d’observations des partis politiques. Comment peut-on défendre un document à la conception duquel on n’a pas été associé ?
7 Le complexe de supériorité du Président IBK: Si un tant soit peu, le président de la République consultait ses conseillers ou se référait aux cadres de la CMP il n’allait pas commettre autant d’erreurs qu’il a commises. Aujourd’hui tout porte à croire qu’il aurait un esprit de suffisance et se laisserait sans nul doute guider par son instinct et sa chapelle toutes choses contraires à la gestion moderne des affaires de la cité. Ses collaborateurs se plaignent aujourd’hui de l’esprit de condescendance avec lequel le président les traiterait.
En définitive, l’union sacrée de l’Opposition, ne serait ce qu’autour de la rocambolesque affaire dite de « tracts frelatés», est la conséquence de la désunion de la Convention de la Majorité Présidentielle qui manque aujourd’hui de la matière pour défendre son leader charismatique IBK. Vivement donc le retour du Président IBK à la gestion moderne et démocratique des affaires de la cité en remettant en scelle la CMP pour qu’elle puisse tenir tête à l’Opposition de plus en plus structurée, cohérente et plus offensive.
Youssouf Sissoko