Chronique satirique : Ladji Bourama et les opposants intimes

1 Avr 2014 - 03:25
1 Avr 2014 - 07:18
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[caption id="attachment_196166" align="alignleft" width="315"]Ibrahim Boubacar Keita (IBK) Ibrahim Boubacar Keita (IBK)[/caption] Contre toute attente, les véritables opposants à Ladji Bourama se recrutent désormais dans sa mouvance présidentielle. Et où qu'il tourne le regard à l'intérieur de sa propre maison politique, le mal paraît infini...   Ladji Bourama marche sur des charbons ardents, pour ne pas dire sur des braises surchauffées. En sept mois de pouvoir, il semble loin d'apercevoir le bout du tunnel. De quoi désespérer du précieux latin qu'il parle et du long chapelet de pèlerin qu'il ne cesse d'égrainer jour et nuit !   Ladji croyait, une fois élu, mettre la main sur les 2100 milliards de FCFA promis par les "Oreilles Rouges" à Bruxelles : il n'en voit toujours pas la couleur malgré ses lunettes très performantes. Certes, quelque 700 milliards ont déjà été expédiés au Mali mais l'essentiel a été consacré à former et à équiper une troupe qui n'arrive même pas à libérer Kidal des mains de la poignée de bandits enturbannés qui y font la loi. Pendant ce temps, le marché des colas et le marché rose de Bamako partent en fumée. A croire que le terroriste Iyad Ag Ghali rôde dans les parages avec des mèches de flammes !   Tout cela ne serait rien si Ladji Bourama était parvenu à agrandir sa base populaire. Mais là, il est fort loin du compte. D'abord, le FDR ne le souffre plus en portrait depuis qu'il a battu Soumaila Cissé et lancé une procédure judiciaire contre le "Vieux Commando". En outre, il s'est mis à dos les amis du général  Sanogo, arrêté et jeté au gnouf où il vient d'ailleurs d'échapper à une vipère. Quant aux commerçants bana bana qui ont massivement voté pour lui, Ladji Bourama se les est aliénés en les chassant, à coups de bâton, des trottoirs. Ne parlons pas du Chérif de Nioro qui ne décolère pas d'avoir vu ses candidats aux législatives privés de siège à l'Assemblée Nationale et son propre fils bastonné par des gendarmes à un poste routier.   Le plus drôle, c'est que Ladji Bourama entretient ses pires opposants dans sa propre mouvance présidentielle. L'avez- vous remarqué ? L'opposition formelle qu'animent, en principe, Soumaila Cissé et Modibo Sidibé n'est pas plus bruyante qu'une calebasse remplie d'eau; même pour prier, les intéressés évitent religieusement d'élever la voix, de peur, peut-être, d'atterrir dans le bureau du fameux juge Karembé. Du coup, les vrais opposants fourmillent dans la mouvance présidentielle elle-même.   Le premier des opposants s'appelle Oumar Mariko. Certes, le docteur barbu, leader de SADI, prétend officiellement partager la politique de Ladji Bourama, mais c'est juste pour mieux endormir l'hôte de Koulouba et arracher, au passage, l'une des très nourrissantes vice-présidences du parlement. Pour le reste, Mariko s'essuie les pieds avec la solidarité politique. En témoigne sa récente sortie contre le ministre de la Défense, traité de tous les noms d'oiseau. Lors de son meeting, SADI diagnostique chez le patient Ladji Bourama une totale  "perte de répères" et, sans doute pour lui montrer le bon chemin de La Mecque, promet d'organiser une marche le 8 avril 2014. Ambiance...   Le deuxième opposant à Ladji Bourama n'est autre que Bocary Téréta, le ministre du développement rural. Depuis que Ladji Bourama a laissé filtrer l'idée qu'il veut passer le RPM, son parti, à son Premier Ministre Oumar Tatam Ly, le compère Téréta ne dort plus que d'un oeil, sinon les yeux grands ouverts. En tant que Secrétaire Général du parti, il tient à barrer la route à monsieur Ly, voyant en celui-là un simple vacancier venu cueillir les fruits mûrs du verger RPM.Du coup, quand Ladji Bourama voit du rouge dans un verre, Téréta          y voit du bleu. Encore un effort, notre brave ministre va débarquer le Premier Ministre du gouvernement. Ceux qui trouvent la chose impossible n'ont qu'à se souvenir qu'il y a peu, un président malien a été copieusement bastonné dans son palais par une foule aux mains nues...   Troisième opposant, mais beaucoup plus discret: Soumeylou Boubèye Maiga. Détenteur d'une agrégation en sciences du nomadisme, le ministre de la Défense a ramassé tout seul la part de gâteau réservée aux transhumants politiques, laissant ses malheureux confrères crever de faim et de soif. Il a acquis ses lettres de noblesse en faisant pleuvoir des tonnes de tuiles sur l'ex-junte.A présent, il cherche la primature en attendant de devenir, ich Allah, Calife à la place du Calife. En bon nomade intrégré, lui aussi veut l'honneur du Mali et le bonheur des Maliens. Comment s'y prendra-t-il pour atteindre son objectif ? Ladji Bourama lui laissera-t-il les mains libres ? Voilà la question à mille dollars azawadiens !   En attendant de se sortir de ces mauvais filets, Ladji Bourama a besoin d'un  urgent coup de pouce d'Allah. C'est pourquoi, depuis belle lurette, il ne se dit plus élu par le peuple; il préfère dire qu'il doit le pouvoir à Allah soubahana wa Tallah. Le propos serait fort juste en Arabie Saoudite ou au pays du Mollah Oumar; mais dans une République qui se déclare laïque, il dérange car il tend à faire passer le peuple pour une tasse de cacahuètes.   Tiékorobani  

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