Burkina Faso : La tombe du feu capitaine Sankara exhumée ce lundi

25 Mai 2015 - 15:42
25 Mai 2015 - 16:56
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[caption id="attachment_880652" align="aligncenter" width="750"]Burkina Faso: l’affaire Thomas Sankara confiée au tribunal militaire On n’est pas sûr que le corps de Thomas Sankara soit vraiment celui qui se trouve dans la sépulture qui porte son nom.
(Photo : Stanislas Ndayishimiye / RFI)[/caption] Suivant autorisation faite par décret présidentiel, la tombe de l’ancien président burkinabé, Thomas Isadore Noël Sankara a été exhumée ce matin à Ouagadougou. On se rappelle, Thomas Sankara, l’homme qui a su redonner la dignité à son pays tout en bâtissant une nation fière et travailleuse, a été assassiné un jeudi 15 octobre 1987, alors qu’il était en réunion avec plusieurs de ses compagnons au Conseil de l’entente (siège de sa junte). Quelques temps après, les versions ne manqueront pas. « Les soldats qui partaient pour l’arrêter ont été obligés des faire usage  de leurs armes lorsque Thomas et sa garde personnelle ont ouvert le feu sur eux… Les soldats ont pris eux-mêmes cette initiative quand ils ont été contactés pour participer à son arrestation afin d’éviter notre élimination », confiait Blaise à Jeune Afrique. Dans un livre, Blaise ajoutera plus de détails : « L’après-midi du 15 octobre, j’étais chez moi au salon avec Salif Diallo, lorsque vers 16h je croyais entendre le bruit de détonations. Je suis sorti et j’ai demandé aux gardes s’ils avaient entendu des coups de feu. Ils ont dit non et je suis rentré. Mais ensuite j’entendais clairement les tirs, je pensais qu’ils venaient du côté de la présidence et qu’ils s’approchaient. J’ai pris mon arme et Salif Diallo et moi, nous nous sommes planqués contre le mur de l’autre côté du goudron. Les gardes nous ont fait rentrer. Vers 16h30, Mariam Sankara m’a téléphoné pour savoir ce qui se passait. J’ai dit que j’allais vérifier et que je la rappellerais. Ensuite, Lengani a appelé et nous avons décidé d’aller voir ensemble. Il est arrivé chez moi et il a téléphoné aux différentes unités pour les mettre en alerte. A 17h enfin, j’ai eu le standard de Conseil. Je l’entendais mal. Il m’a dit qu’il se cachait sous le bureau et que Sankara et d’autres camarades étaient morts. Lengani et moi, nous nous sommes rendus au Conseil et nous avons vu les cadavres. J’étais vraiment très dégouté. Un soldat m’a dit : il voulait vous tuer à vingt heures, alors nous avons décidé de l’arrêter. » Dans le même livre, Gilbert Diendéré se veut plus précis que son patron : « Nous savions que Sankara avait une réunion au Conseil à seize heures et nous avons décidé d’aller l’arrêter là-bas… Peu après seize heures, la Peugeot 205 de Sankara et une voiture de sa garde sont arrivées devant la porte du pavillon; une deuxième voiture de la garde est allée stationner un peu plus loin. Nous avons encerclé les voitures. Sankara était en tenue de sport. Il tenait comme toujours son arme, un pistolet automatique, à la main. Il a immédiatement tiré et tué un des nôtres. A ce moment, tous les hommes se sont déchaînés, tout le monde a fait feu et la situation a échappé à tout contrôle. Des personnes qui l’attendaient à l’intérieur du bâtiment sont venues à sa rencontre; d’autres sont sorties quand elles ont entendu des coups de feu. Parmi ceux qui sont tombés, il y avait Patrice Zagré, un homme avec qui nous avons beaucoup travaillé et dont tout le monde a regretté la mort. Les gardes de corps de Sankara dans la deuxième voiture n’avaient pas réagi; ils ont simplement été désarmés. » C’est cette version des faits où il est relevé que Sankara a été le premier à tirer avant qu’une balle ne l’atteigne, a permis d’accréditer la thèse de l’accident. On y accentue la légitime défense à laquelle ceux qui sont venus l’arrêter ont fait recours. Au lendemain de son assassinat avec ses compagnons, Thomas Sankara a été enterré au cimetière de Ouagadougou. Depuis, excepté les éléments qui l’ont enterré, personne ne sait réellement si le corps Thomas est bien celui qui repose dans la tombe à lui attribuée. Enterré comme un chien, la mort de Sankara est officiellement annoncée survenue par accident. Vingt huit ans après, c’est le Président de la transition, Michel Kafando qui prendra le courage d’autoriser l’exhumation de la tombe de Sankara. Selon un grand sankariste que nous avons joint par téléphone, plus de 1000 mille personnes sont depuis la matinée de ce lundi 25 mai 2015 réunies devant l’entrée du cimetière où reposerait Thomas. Ils attendent les experts qui sont en train d’ouvrir la tombe de Sankara pour exhumer les restes du corps supposé être le sien. Enfin, dans les jours à venir c’est toute l’Afrique et l’âme du défunt qui pourraient avoir la paix.  Car qu’il soit Thomas ou pas qui repose dans cette tombe, on ne tardera pas à le savoir. Issiaka M Tamboura/maliweb.net

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