Mort de la légende du blues B.B. King

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=MuVA1kkFoV4[/youtube] Les succès se suivent alors : Please Love Me (1953), You Upset Me Baby (1954), Everyday I Have The Blues (1955, qui va devenir un autre de ses thèmes de prédilection, souvent joué en ouverture de ses concerts, comme Let The Good Time Roll), Bad Luck (1956), Sweet Little Angel (1956), Sweet Sixteen (1960)… De quoi faire de B. B. King, au milieu des années 1950, le plus important vendeur de blues – un statut qu’il conservera peu ou prou. Il se produit en concert au moins six jours sur sept. Au cours des années, il pourra renégocier à la hausse son contrat avec les frères Bihari – qui font passer King de RPM Records à Kent, un autre de leurs labels, en 1958. Il a droit à des arrangeurs, ses enregistrements sont de plus en plus soignés. En tournée, à sa quinzaine de musiciens réguliers s’ajoutent chauffeur, valet de chambre, costumier…
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=-5JCq47R_E8[/youtube] En 1962, après plus de dix ans avec Modern Records, B. B. King signe avec ABC Records, filiale disque du réseau national de télévision et de radio. La compagnie est l’un des poids lourds du secteur. Les directeurs artistiques d’ABC Records vont essayer de rééditer avec King la méthode qui leur a réussi avec le pianiste et chanteur Ray Charles : être reconnu par un plus large public – comprendre le public blanc –, avec des grands orchestres de cordes, un répertoire plus policé que celui du rhythm’n’blues. Mais pas plus que lors de tentatives similaires chez Modern, qui avait moins de moyens, cette tentative de rendre B. B. King plus proche de la grande variété ne trouve de retentissement phonographique. D’autant que ses concerts restent dans les grandes lignes du blues électrique pour lequel il est apprécié. A partir du milieu des années 1960, B. B. King retrouve sa marque de fabrique. Et, dans les années qui suivront, il restera dans ses grandes lignes stylistiques, allant de temps à autre piocher dans le rock ou la soul quelques éléments d’ornementation. Dans le même temps, il est présenté par nombre de musiciens blancs du rock, marqués par le blues afro-américain, comme étant un musicien d’importance et d’envergure. Jimmy Page, Eric Clapton, John Mayall ou Michael Bloomfield (1943-1981), parmi d’autres, vantent ses mérites. Lors de la partie américaine de leur tournée internationale en novembre 1969, les Rolling Stones invitent Terry Reid, B. B. King et Ike & Tina Turner à jouer en ouverture de leurs concerts. Dans son autobiographie Blues All Around Me (Avon Books, 1996), B. B. King estime que c’est de cette participation que date sa reconnaissance par le grand public blanc. Dès lors, s’il a visité les moindres recoins des Etats-Unis depuis une vingtaine d’années, B. B. King va parcourir de plus en plus régulièrement l’Europe – ses premiers concerts en France et en Grande-Bretagne avaient eu lieu début 1968 –, l’Asie, l’Amérique du Sud, l’Océanie et, dans une moindre mesure, le continent africain. En décembre 1969 sortira ce qui reste son dernier grand succès, et probablement la chanson à laquelle B. B. King est le plus identifié, The Thrill Is Gone, composition de Rick Darnell et Roy Hawkins qui date de 1951. Elle sort en 45-tours et figure dans l’album Completly Well (ABC-Records). La discographie de B. B. King va prendre une allure désormais sans grande surprise. S’y mêlent des enregistrements de concert, dont certains lors de prestations dans des prisons, et en studio des albums de blues avec son orchestre régulier puis de plus en plus régulièrement à partir des années 1990 des disques avec des invités prestigieux du rock ou de la soul ou des vedettes pop. On le retrouvera toutefois dans une approche presque rustique dans l’album One Kind Favor (Geffen Records), en 2008, pour lequel il recevra son dernier Grammy Award.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=oica5jG7FpU[/youtube] Au printemps 1979, comme Elton John à peu près au même moment, B. B. King part en tournée d’une vingtaine de dates, dans l’alors encore Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Pour le roi du blues comme pour la vedette de la chanson pop, ce sont des premières. C’est lors de cette tournée, comme le rappelle Sébastien Danchin, que B. B. King va prendre l’habitude de lancer dans les rangs du public des médiators portant son nom gravé. Il avait également ouvert en 1991 le B.B. King’s Blues Club, sur Beale street, la rue du blues de Memphis. Une marque qui va se développer, avec plusieurs autres établissements, à Los Angeles, Nashville… et le dernier en date à Las Vegas, en 2009. A partir de 2006, il part en tournée d’adieu. B. B. King, ménage peu à peu ses interventions lors de ses concerts, laissant différents musiciens de son orchestre prendre des parties solistes plus fournies. Mais même affaibli, son jeu de guitare restait incisif et expressif. Et toujours, dans ses costumes brillants, il se montrait attentif à présenter un spectacle avec ses rituels, la main sur l’épaule de ses musiciens lors de son entrée en scène, le lancer de médiator, et un grand sourire radieux pour servir avant tout la musique, sa musique, le blues.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=Q7k_-7cy6GY[/youtube] 16 septembre 1925 : Naissance à Itta Bena (Mississippi) 1948-1949 : Premiers concerts réguliers à Memphis (Tennessee) et dans les environs. Anime une émission de radio Automne 1952 : premier succès « Three O’Clock Blues » 1953-1960 : enregistre la plupart de ses succès dont « Everyday I Have The Blues » 1968-1969 : suscite l’intérêt du public blanc Décembre 1969 : parution de sa chanson la plus célèbre « The Thrill Is Gone » 2006 Début de sa tournée d’adieu 14 mai 2015 Mort à Las Vegas (Nevada) LE MONDE | Par Sylvain Siclier
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