Contrairement à ce que les charlatans promettent, les concertations nationales pourraient bien déboucher sur de nouvelles séances de bastonnade tant les participants pataugent dans la confusion.
[caption id="attachment_85452" align="alignleft" width="315"]

Pr Oumar Kanouté, Directeur de cabinet du PM[/caption]
Il y a quelques mois, le premier ministre Cheick Modibo Diarra pleurait à chaudes larmes de voir que deux Maliens ne pouvaient se retrouver dans une pièce sans se battre. Nous nous gaussions, à l'époque, des sanglots de l'astrophysicien. Mais en réalité, Cheick Modibo avait raison. Depuis que le
"Vieux Commando" a été contraint de fuir le pays, le Mali est devenu soudain un haut lieu de bastonnade.
Le premier à subir la loi du bâton fut, qui l'eût cru?, le premier citoyen du pays. Heureusement, grâce aux restes de fonds secrets abandonnés par son prédécesseur, les médecins parisiens ont pu éviter à Monseigneur Traoré un séjour précoce dans un cercueil !
On aurait dû extrader les agresseurs de Dioncounda vers les tribunaux d'Iyad Ag Ghali,
histoire de leur apprendre à remettre en cause l'autorité des chefs non élus. Mais voilà: rien ne leur arriva de bien grave. Si bien qu'ils ont remis ça et, cette fois, contre le Premier ministre lui-même dont ils ont tenté, la semaine dernière, de couper la route. En bons stratèges, les gens de
Yerewolo Ton, grands bastonneurs devant l'Eternel, avaient étudié le parcours du Premier ministre; ils savaient que l'homme faisait sans cesse la navette entre son bureau et sa résidence et qu'il ne pouvait lui arriver malheur que sur cette route. C'est pourquoi ils avaient monté le guet sur ce trajet.Seulement, ils avaient oublié que contrairement à leur présidentielle victime, le Premier ministre, gros et grand comme Hercules, ne se laisse pas approcher facilement. Pour avoir visité Mars, il voit ses ennemis venir de loin. Sa garde, avertie à temps (par les Martiens ?) a donc vite fait de mettre en déroute les assaillants dont plusieurs ont été conduits devant le parquet.
Pour une bastonnade qui échoue, mille autres réussissent, ce qui fait déjà un score statistique fort respectable.Ainsi, ceux qui ont passé les journalistes, Saouti Haidara en tête, par pertes et...bâtons, courent toujours. Comment la justice reconnaîtrait-elle un homme encagoulé ? C'est d'ailleurs parce que la réponse à cette question va de soi que les policiers, censés faire régner l'ordre dans le pays, ont jugé bon de porter des cagoules avant d'enlever 6 de leurs commissaires (rien de moins!). Selon le récit de l'une des victimes, les coups n'ont guère manqué et c'est un miracle si les fameux commissaires gardent encore un bout de chair au crâne!
Je ne crois pas que la saison des bastonnades diminuera en intensité avec les concertations nationales que l'on prévoit d'organiser. On imagine bien que
Yerewolo Ton et autres ne se rendront pas à ces assises munis d'un exemplaire du Coran: il y viendront avec quantité de bâtons et gare à celui qui prendra pour blanc ce qu'ils estiment être noir ! Or justement,
Yerewolo Ton voit tout en noir, victime d'une maladie des yeux que nul n'ose lui révéler. En fait, le docteur Oumar Mariko a assez de science (il est médecin) et de hardiesse (il a soutenu le premier le putsch militaire) pour diagnostiquer et annoncer le sombre mal dont souffre
Yerewolo Ton. Cependant, Mariko ne se donnera pas cette peine, lui qui caresse le rêve de créer la République Anarchique du Mali. Quant aux autres participants aux concertations nationales, les uns voudraient, sans trop l'avouer, retirer au Premier ministre sa nationalité malienne; les autres, plus miséricordieux, souhaiteraient faire passer en cour martiale tous les dignitaires du régime défunt; d'aucuns rêvent d'un gouvernement de 80 membres et certains autres le retour de Samory Touré au pouvoir. Aucun des participants ne songe une seconde à sacrifier son pain à la libération du nord ou à des élections honnêtes. Pour presque tous ces politiciens, le bon peuple compte pour des haricots et il faut profiter de la chute de l'Etat pour se garnir l'estomac. D'entente ? Il n'y en aura point. D'idées nouvelles ? Point. Tout finira par une foire d'empoignes et des séances de bastonnades.Surtout quand les actuels gouvernants refuseront de mettre en application d'éventuelles résolutions des concertations nationales.
A mon avis, on a eu tort d'organiser ces assises sur des bases si fragiles et dans un pays si mal en point. Les sujets à débattre semblent tomber du ciel. Le sort à réserver aux décisions n'est fixé par aucune loi. La manière de les voter n'est pas connue. Les conditions de quorum et de majorité encore moins. Quant à savoir si le RPM (11 députés) et le parti
Yelema (0 député) auront le même nombre de voix, nul n'en sait rien. Pas plus qu'on ne sait si la CSTM (centrale syndicale de plusieurs milliers d'adhérents) pèsera plus lourd, lors des votes, que le groupement des vendeurs de chocolat. Et que dire du FDR (deux tiers de l'Assemblée nationale et des mairies) qui a décidé de boycotter les assises !
On le voit, les concertations nationales constituent de la poudre de perlimpinpin dans les vertus de laquelle même les charlatans modernes ne croient. On prétend qu'elles vont donner au gouvernement de transition une feuille de route. Mais, que diable!, tout le monde sait que la feuille de route donnée depuis belle lurette au gouvernement est de libérer le nord et d'organiser des élections justes ! D'ailleurs, n'est-il pas tard de donner une feuille de route à un gouvernement dont le mandat expire dans 6 à 8 mois ? Certains "experts"en confusion annoncent, sans rire, que les concertations nationales désigneront les organes de la transition. Comme si le président et le premier ministre de transition étaient là pour jouer du
kotèba! Seigneur Dieu! Sauve-nous !
Tiékorobani