Pouvoir de Transition et processus de paix : La problématique de Kidal comme épée de Damoclès sur Bamako ?
La situation de tension ou le climat de ni paix ni guerre qui prévaut à Kidal semble devenir une source d’insomnie pour le pouvoir de Bamako. Une sorte de menace contre la gouvernance paisible du pays tout entier.
Même si les responsables et acteurs majeurs de la Coordination des mouvements de l’Azawad(CMA) ne sont pas clairement dans une logique belligérante, il est établi qu’ils ne veulent pas aller à une paix définitive pour remettre Kidal dans le giron de l’Etat malien. Car, comment peuvent-ils garder leurs divers privilèges liés au caractère de no man’s land de la Cité de l’Adrar des Ifoghas, sans défier le pouvoir du colonel Assimi Goïta ?
Or, les ex-rebelles de la CMA sont conscients que l’Etat malien s’est entre temps renforcé militairement et qu’ils n’ont aucune chance de découdre avec Bamako. Il ne leur reste qu’à tenter de renforcer leurs relations avec des partenaires stratégiques en vue de peser dans la défiance contre le pouvoir du Col Assimi Goïta.
C’est ainsi que pour attirer davantage l’attention, les maîtres de Kidal ont tenté récemment une démonstration de force à travers une nouvelle célébration de la prétendue indépendance de l’Azawad. C’était le 6 avril dernier, pour montrer à l’opinion et internationale que l’Azawad existe et tient à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Ce qui a le mérite, aux yeux de la CMA, de sensibiliser Alger et Paris notamment sur le supposé manque de volonté de Bamako à appliquer l’accord, dont ils sont les garants.
Par cette attitude, les ex-rebelles veulent déranger les autorités maliennes et troubler leur conscience sur leur existence, alors que les populations des zones concernées sont fatiguées de ce climat de guéguerre. La question se pose de savoir si l’Etat peut se résoudre à attaquer la CMA, dans le contexte actuel. Cela est peu probable, car Bamako est conscient qu’une telle guerre peut avoir de graves incidences sur la gestion du pays, confronté à plusieurs défis existentiels.
En outre, la CMA peut éventuellement compter sur des appuis provenant de pays avec lesquels le pouvoir de Bamako n’entretient que des relations plutôt difficiles ou fragiles ou tendues. Ce qui pourrait compliquer la situation de Kidal et même de certaines communes du septentrion où l’Etat à de réelles difficultés de contrôle. C’est le cas de la région de Ménaka, des communes de Bern d’une partie de la région de Gao et ses environs.
En clair, malgré la montée en puissance des FAMA, les colobels Assimi Goïta, Sadio Camara réfléchiront par trois fois avant de se résoudre à donner l’assaut à l’ilot kidalois pour conquérir la paix. Ce sera quasiment le déclic ouvrant une véritable boîte de pandore pouvant provoquer la désintégration de la Nation malienne ? Dans la mesure où les complicités et les doubles langages sont légions dans le dossier de Kidal.
En définitive, malgré la mise en veilleuse du processus de mise en œuvre de l’Accord d’Alger, avec le blocage de la phase DDR, la situation de Kidal et les manœuvres de la CMA constituent une hantise réelle pour Bamako. Quelle solution pour apporter une paix définitive dans le septentrion malien et pacifier le pays ? Casse-tête insoluble pour le moment. Car, une attaque sur Kidal sera assimilable à un massacre génocidaire et aggraverait la crise malienne. La situation devient finalement une épée de Damoclès sur la tête du chef suprême des armées, qui tentera de passer par le prochain référendum pour faire baisser la tension dans ce berceau des crises maliennes. Pour transmettre cette patate chaude aux futures autorités ou générations ? Pourquoi pas !
Boubou SIDIBE/maliweb.net
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