« En vingt mois, il y a eu 237 Français assassinés. Ils le sont parce que les barbares qui nous attaquent croient que nous sommes faibles. Voilà la vérité. Et donc ils se déchaînent. Cette situation est insupportable », a confié Nicolas Sarkozy dans un entretien à
Valeurs actuelles à paraître ce jeudi 11 août. « Je sens la République suffoquer », affirme le chef des Républicains dans cette interview, qui s'est déroulée sur son lieu de vacances au cap Nègre (Var), dans la propriété familiale de son épouse
Carla Bruni-Sarkozy. Selon l'ancien chef de l'État, « la
France vulnérable, ce n'est pas la France ». « La guerre nous a été déclarée. La guerre. La France doit être impitoyable, elle doit faire changer la peur de côté. Elle ne doit pas se perdre dans des débats abscons. L'État de droit, par exemple, n'a rien à voir avec les Tables de la loi de Moïse, gravées sur le mont Sinaï. Qu'y a-t-il de plus évolutif que le droit ? » s'interroge-t-il.
« Il faut une reprise en main »
Contre le terrorisme islamiste, « la guerre devra être menée par la République, partout, tout le temps, avec une détermination totale », assène-t-il. « Il y a une guerre extérieure et une guerre intérieure. Pour gagner la guerre extérieure, il faudra se réconcilier avec les Russes et convaincre nos partenaires arabes d'envoyer des troupes au sol, car une guerre ne se gagne pas seulement à 10 000 mètres d'altitude.
Sur le front intérieur, enfin, il faut une reprise en main. Il doit y avoir une réponse politique qui dépasse l'indispensable riposte pénale et les mesures de sécurité à mettre en place », affirme-t-il également. Cette réponse « doit obéir à une stratégie simple : la République ne reculera plus sur rien. Cela implique d'interdire les expressions communautaires dans les entreprises, le voile à l'université comme dans l'entreprise et les menus de substitution dans les cantines scolaires », ajoute-t-il.
À propos de la primaire pour 2017, pour laquelle il s'apprête à déclarer sa candidature (d'ici au 25 août), l'ex-président se contente d'affirmer : « Ce qui compte, ce n'est pas tant l'annonce de la candidature, c'est ce qu'il y aura dedans, c'est le comment, c'est le contenu. » Sur le plan personnel, l'ancien président de la République estime avoir évolué. « J'ai beaucoup appris, fait savoir
Nicolas Sarkozy. J'ai d'ailleurs le sentiment d'avoir plus appris que les observateurs... » Devenu phénomène de librairie avec son livre
La France pour la vie, dans lequel il fait son mea culpa, le président des Républicains explique avoir « senti qu'il se passait quelque chose » au contact des Français. « J'ai senti que les plaques tectoniques étaient en train de bouger. » Conscient de son retard dans les sondages sur les primaires par rapport à
Alain Juppé, il assure ne pas y accorder d'importance. Au point d'affirmer, quelques paragraphes plus bas : « Moi, j'ai un lien particulier avec les Français. Il peut se distendre, il peut se retendre, mais il existe. »
Sur le plan économique, il refuse de se dire « libéral » et condamne, selon l'article, « les discours de ses concurrents promettant du sang et des larmes ». Le mal français ? L'ex-chef de l'État le résume en une formule : « Trop de règles, pas assez de protection. » Toujours pas candidat, Nicolas Sarkozy évoque à nouveau la baisse massive d'impôts qu'il fait miroiter depuis des mois : « Une alternance sans baisse d'impôts, ce n'est pas une alternance. »