L’Afrique encore récompensée : Le prix Nobel se démocratise t-il ?

10 Octobre 2011 - 00:00
10 Octobre 2011 - 00:00
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L’altérité est de nos jours l’un des problèmes majeurs de nos sociétés et comme la mondialisation devient une tonalité qui bouge, chaque fois qu’un Nobel de la paix est distribué, il se trouve que nous tendons les deux oreilles. L’histoire de notre vieux continent n’est donc pas perdue, sans secours. Le Nobel n’étant plus un ‘‘machin’’ pour nous autres africains…depuis les 5 prix distribués à ce jour.

 

Depuis que le monde est entré dans cette décennie probatoire de l’ONU, tout se passe comme s’il y a aussi un double discours chez le comité Nobel. Tout bouge, et à l’ONU l’élargissement du Conseil de sécurité voit enfin le jour (après 30 ans de débats) et cette enceinte a choisi la réforme – notons les entrées de l’Afrique du Sud et de l’Egypte comme membres permanents et le Nigéria siégera comme membre non permanent pendant 10 ans (au lieu de 2 ans). Le comité Nobel en choisissant trois femmes – des femmes d’exception – l’a fait parce qu’il les connaissait sans concession. Elles étaient vulnérables, elles ont étés parfois injustes envers elles même ensuite envers les autres, mais toujours toutes passionnées de justice.

La notion de paix qui ne sera pas celle de la servitude

 

 Le comité Nobel aura choisi tout de même un multipack pour décerner un prix à trois femmes. Ne boudons pas ce plaisir. Après la kényenne W. Matthaї qui vient de nous quitter après avoir reçu l’hommage de toute une nation debout devant sa dépouille (elle n’a pas accepté un cercueil fait en bois), ce sont deux lauréates du Libéria et une consœur yémenite qui remportent la cuvée 2011. Ce prix conjointement distribué l’a été ce vendredi 7 Octobre. A la présidente de la République du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, la première femme du continent sur la plus haute marche du palais. Elue en 2005, elle briguait un second mandat le mardi prochain dans un pays de plus de 4 millions d’habitants. La guerre de 1993 à 2003 aura fait 250 000 morts. La grande dame aura servi auparavant comme ministre des finances sous les présidents Tubman et Tolbert de 1960 à 1980. En prenant les commandes d’un pays meurtri par un des conflits sous-régionaux les plus sanglants, son objectif à elle était d’arriver à effacer la dette, attirer les investisseurs pour la reconstruction et lutter contre la corruption. Pari relevé, surnommée la Dame de fer (elle aura fait la prison par 2 fois en 1980 sous le dur régime de Samuel Doe) elle aura laissé malgré tout une image jusqu’ici non partagée par toute la classe politique du pays. Un rapport édité la cite parmi des compatriotes qui doivent être ténus éloignés de la chose politique durant… 30 ans (?). Son dernier challenger du jour lors de ces présidentielles vient de  réserver un accueil des plus froids à la nobélisée (il juge son prix ‘‘inacceptable et non mérité’’). L’autre libérienne s’appelle Leyman Gbowee de l’ethnie Kpellé surnommée elle aussi  ‘‘la guerrière de la paix’’. Cette quadragénaire se voit récompensée pour son travail de mobilisation et d’organisation des femmes de toutes les ethnies et de toutes religions. Elle s’est battue pour garantir leur participation aux élections. Faisant partie des mouvements de non violence, Miss Gbowee passait son temps à prier pour la paix et c’est son mouvement qui avait obligé en son temps Charles Taylor à l’associer aux pourparlers de paix. Celle qui avait ‘‘bravé la tempête’’ disait-on eût-elle recours à cette ‘‘arme de destruction massive’’ en invitant ses sœurs à la grève au lit… ? En recevant le Nobel de la paix, la grande dame ajouta ‘‘c’est un Nobel pour les femmes africaines, c’est comme ça que je le décrirais. C’est pour les femmes en général, mais particulièrement pour les femmes en Afrique.’’ Enfin la yéménite Tawakul Karman. On dit que le printemps arabe a déteint sur elle si ce n’est le contraire. En tout cas, le comité Nobel l’honore elle à la suite des deux autres libériennes en ces termes : ‘‘(le prix Nobel) contribuera à mettre fin à la répression dont les femmes sont toujours victimes dans de nombreux pays et à exprimer le grand potentiel que les femmes peuvent représenter pour la paix et la démocratie.’’ C’est comme lorsqu’on disait que le Nobel se démocratise en impactant l’image et le son… Tawakul Karman à travers sa frêle silhouette dédie ce prix à tous les activistes du printemps arabe. Nous sommes tous soutenus par un sentiment envahissant que procure l’honneur fait à ces africaines. La liste est établie à ce jour pour tous ceux et toutes celles qui ont eu le privilège d’être les Nobel de la paix. Aussi la documentation tirée des sources onusiennes montre que la première des devancières à être nobélisée fut en 1905 une baronne autrichienne pacifiste. Bertha Sophie Félicita Von Suttner qui fut la présidente honoraire du Bureau international permanent pour la paix. En 1931 suivit l’américaine Jane Adams et en 1946 une autre américaine Emily G. Bach. En 1976, les nobélisées sont irlandaises : B. Williams et N. Corrigan. En 1979 vint le tour de l’inénarrable (Sainte) Mère Theresa et en 1982, c’est la suédoise Alva Myrdal. En 1991 c’est l’inépuisable, la combattante birmane Aung San Suu Ky. En 1992 c’est la dame du Guatemala R. Menchu et en 1997 c’est Jedy Williams. En 2003, c’est l’avocate iranienne qui pointe : S. Ebadi et en 2004, la première nobélisée africaine, dont on n’oubliera pas de sitôt le sourire à nul autre pareil recevant son Nobel devant un standing ovation, la grande W. Maathaї. Depuis l’installation du Nobel de la paix au début du siècle passé (1901) par Alfred Nobel, 2 femmes africaines et une yéménite viennent d’être consacrées en 2011. Elles se sont trouvé un art de vivre par ces temps de catastrophe pour lutter contre l’instinct de mort  très prégnant dans leurs sociétés.  L’une de leur noble tâche aura été d’empêcher qu’elles (ces sociétés) ne s’affaissent ni se défassent.

  S. Koné

 

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