Afrique au sud du Sahara : De la soumission économique à la soumission judiciaire

6 Déc 2011 - 00:00
6 Déc 2011 - 00:00
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Par la voix du nouveau président ivoirien, son Excellence Monsieur Alassane D. Ouattara, on apprend la signature des accords de transfèrement de l’ex-président, Laurent Koudou Gbagbo, de Korhogo à la Haye pour y être jugé par la Cour Pénale Internationale (CPI). Quelques jours auparavant, le très médiatique et très controversé Procureur « indépendant » sortant de la CPI, l’Argentin, Louis Moreno O’Campo avait fait le déplacement sur Abidjan.

Pourquoi toujours et forcément cette soi-disant juridiction dite internationale pour inculper et juger, rien que les dignitaires des pays en développement, notamment africains, qui ont maille à partir avec les intérêts des puissances dominatrices de l’heure ? A titre de rappels, la CPI est une institution née de toutes pièces des Accords de Rome qui obligeraient, de facto, tout pays signataire de livrer au besoin ses ressortissants accusés de crimes de guerre ou de génocide à la haute juridiction « indépendante » qu’elle est censée incarner. Curieusement, aucune nation développée et initiatrice de ladite Cour n’est signataire dudit Traité, même si elles sont et demeurent être les principales contributrices de son budget de fonctionnement. En revanche, ce sont naïvement les pays en développement, en l’occurrence africains, qui en sont majoritairement les cosignataires.

C’est pourquoi, depuis plus d’une décade, à la faveur de la cessation de la guerre froide qui opposait le camp capitaliste conduit par les USA et ses alliés au camp communiste d’alors animé par l’URSS et ses satellites, les puissances occidentales détentrices du Droit de Véto (membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies), se sont érigées en super-gendarmes de la planète terre pour créer des conflits ou tensions ça et là, au gré de leurs intérêts économiques et stratégiques et au mépris du droit international et des normes de conduite de leurs civilisations occidentales, occasionnant des milliers de morts et de blessés à travers leurs puissances de frappe. L’on pourrait se rappeler des deux campagnes militaires en Irak (au début des années 90 et 2000) qui se terminèrent par la destruction et la mise à chaos de ce pays, mais surtout par la capture de son président, Saddam Hussein, que les américains livrèrent à ses ennemis pour être exécuté, par pendaison, après un procès expéditif. Il y a aussi la guerre en Afghanistan où ils ont chassé les Mollahs du pouvoir pour instaurer des hommes de main. Mais surtout leur récente campagne libyenne où elles sont arrivées à assassiner le Frère-Guide, plusieurs membres de sa famille et proches, pour installer au pouvoir le Conseil National de la Transition (CNT).  Le hic est qu’aucun soldat, ni aucun dignitaire de l’Otan (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord), malgré des preuves flagrantes de crimes de guerre et d’autres exactions, n’a été et ne sera inquiété, car bénéficiant de « l’immunité judiciaire ». Non justiciables devant cette haute juridiction, simplement parce que leurs pays ne sont pas signataires du Traité de Rome. Où se trouve alors cette « justice internationale », dès lors qu’il y a deux types de justiciables selon que l’on soit citoyen de grands pays ou de petits pays ?

L’ex-dirigeant ivoirien derrière les barreaux de la Cour de son pays aurait pu bénéficier d’un procès équitable à partir du moment où le nouveau pouvoir a déjà mis sur pied un organisme dénommé : Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, dirigée par des sages du pays. Sans oublier  que la Côte d’Ivoire bénéficie d’un espace de juridiction commune qu’est la Haute Cour de Justice de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ) qui a eu, de par le passé, à faire ses preuves en matière  d’impartialité et d’autonomie judiciaire (par exemple ses arrêts condamnant les juridictions nigériennes et obligeant celles-ci de libérer le président Tandja alors en détention). Ainsi, les élites et dirigeants africains ne devraient-ils pas se ressaisir pour désormais dénoncer certains accords-pièges qu’ils auraient signés soit par naïveté, soit par contrainte pour restaurer la dignité des peuples africains grandement entamée par les nouveaux comportements néo-capitalistes des puissances de l’heure ?                   

Par Gaoussou M. Traoré

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