Le ministre de la justice, Malick Coulibaly, a procédé, vendredi matin, à la visite du chantier de construction du nouveau tribunal administratif de Bamako et du patrimoine foncier du ministère de la justice. Il en a été déçu.
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Malick Coulibaly, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux[/caption]
Sur le chantier du tribunal administratif, le constat est amer. Le chef de chantier, Tangara, averti de la visite du ministre, a brillé par son absence. Parce qu'il se savait en faute ? Malick, sous la conduite d'un employé de Tangara, a visité le rez-de-chaussée où se trouvent une salle d'audience et des bureaux. A l'étage, il a pu voir une seconde salle d'audience et d'autres bureaux. Le ministre, très remonté contre l'entreprise de construction, se dira peu satisfait de l'état d'avancement des travaux. Pour lui,
"si le chantier ne dort pas, il doit somnoler" car le bâtiment, prévu pour être réceptionné en décembre 2011, accuse un retard d'un an. Malick a déclaré devant les 4 journalistes présents (dont votre fidèle serviteur) que la crise que traverse le Mali n'est pas une excuse car la date de livraison prévue était antérieure à la crise.
"Les travaux n'étant pas achevés à la date convenue, le gouvernement en tirera les conséquences", a promis le ministre.
Coulibaly sera encore plus fâché en visitant le patrimoine foncier du ministère de la justice. Le ministère, depuis 2004, détient une parcelle de 30 hectares à Yirimadjo, objet du titre foncier n°1418. C'est sur ce titre que depuis 8 ans, le département construit ses services: Cour d'appel de Bamako, Institut de formation judiciaire, direction nationale de la justice, tribunal pour enfants, tribunal administratif, etc. Or sur le titre, le ministre constatera des occupations illicites.Des renseignements fournis par Massa Tounkara, chef du cabinet topographique "Topo Dombadji", commis aux fins d'expertise par le département,il ressort que le maire du district, Adama Sangaré, a procédé, en 2011, au morcellement de la parcelle du ministère. Par décision n° 0010-35 du 27 juin 2011, le maire a cédé à des particuliers 37 parcelles issues de titre foncier. Parmi les bénéficiaires de cette cession illicite figurent des magistrats, des commerçants et des enseignants dont la liste a été remise au ministre. Ce dernier a déploré:
"Même l'Etat n'échappe pas à la spoliation foncière.Vendre les terrains du gouvernement, surtout ceux du ministère de la justice, cela rappelle le feu provenant de l'eau". Il a promis d'attaquer la décision du maire et de faire expulser les occupants illicites. Il est revenu de sa tournée sans pouvoir identifier un emplacement où édifier la nouvelle prison de Bamako. Les semaines prochaines s'avéreront chaudes pour le maire qui, outre le ministère, aura sur le dos les futurs expulsés.
Abdoulaye Guindo