Bancoumana : - 12 millions de FCFA pour 40 hectares partis en fumée… - Quatre suspects libérés et deux transférés de Siby à la prison de Kati

Deux des suspects, dans l'affaire qui oppose la fille de l'ex-président Moussa Traoré à des ressortissants du village de Bancoumana, ont été transférés, le lundi dernier, de la gendarmerie de Siby à la prison de Kati. Ce qui laisse entendre que l'affaire est désormais dans les mains de dame Justice. Mais le fait qui demeure toujours une zone d'ombre dans cette affaire est le rôle joué par le maire de Bancoumana, Adama Camara, dans l'officialisation des documents attestant de la vente de quelque 40 hectares de terre cultivable à la dame Assa Traoré, agroéconomiste de formation et épouse du navigateur interplanétaire Cheick Modibo Diarra. Et la manière par laquelle la dame Assa Traoré, qui est sûrement victime dans cette affaire, a-t-elle pu tomber dans pareille situation ?

Au centre de l'affaire qui oppose l'épouse du navigateur interplanétaire et candidat à la présidentielle 2012, Dr. Cheick Modibo Diarra, président du RpDM, se trouve une histoire d'achat de 40 hectares de terres fertiles du village de Bancoumana. Ayant souhaité se lancer dans un projet agricole, la dame Assa Traoré s'est confiée à des villageois afin d'acquérir 40 hectares au bord du fleuve Niger qui longe, sur plusieurs kilomètres, la commune rurale de Bancoumana. Après plusieurs va-et-vient et moult rencontres avec des intermédiaires que sont T.D et G.H, madame la fille de l'ex-première Dame du Mali se décide à mettre la main à la poche. Sans hésiter, elle délie le cordon de la bourse devant des intermédiaires en charge de lui trouver les 40 hectares.

La procédure est enclenchée et rapidement ces intermédiaires, des ressortissants de Bancoumana, ont trouvé un domaine au bord du fleuve Niger pouvant faire l'affaire de la bonne dame. Il s'est alors agi de trouver le propriétaire des  parcelles en question. De bouche à oreille, les intermédiaires parviendront à connaître le propriétaire du domaine et à prendre langue avec lui. Le marché conclu, les deux intermédiaires payent la somme qu'ils devaient au vieil homme, un notable du village. Ils empochent leur part. Ensuite, ils vont enregistrer l'acte de vente à la mairie de la localité. Sur ledit acte étaient apposées les signatures du propriétaire, représenté par son fils, celui du représentant de l'acheteur, à savoir Assa Traoré représentée par son topographe. En plus, le document a été contresigné par un Conseiller du chef de village ; avant d'être remis à la dame Assa Traoré. Jusque-là, tout baignait dans l'huile.

C'est au moment où l'heureuse propriétaire se préparait maintenant pour commencer les travaux d'aménagement  qu'elle se fera interpellée par des personnes qui se disent être les " vrais propriétaires " des 20 hectares sur les 40 achetés par  elle. Imaginez la désolation et la révolte qu'on pouvait alors lire sur son visage ! Elle confia alors l'affaire à la gendarmerie de Siby qui procéda aussitôt à l'interpellation de six personnes, tous ressortissants de Bancoumana, censées avoir été impliquées dans cette affaire rocambolesque. Quand certains avaient commencé à lécher leurs mains ayant touché une partie des 12 millions F CFA injectés dans l'affaire, madame Diarra Assa Traoré, elle, pleurait la perte de ses sous dans les profondeurs du fleuve Djoliba. Une situation qu'elle ne pouvait imaginer même dans ses rêves les plus cauchemardesques. Tant ses interlocuteurs semblaient tout le temps être de bonne foi.

En effet, ils l'étaient car, dans une telle affaire qui ne survient dans un village qu'une fois tous les cent ans, personne n'avait intérêt à commettre la moindre peccadille a fortiori monter une mauvaise opération pouvant amener loin voire très loin des proches. Encore que chacun avait un peu d'argent à se mettre sous la dent.

Mais tout se gâta quand les héritiers de l'ancien chef de village se présentèrent au moment où les travaux d'aménagement allaient commencer pour demander de tout arrêter car ce sont eux les vrais propriétaires des parcelles, au moins de 20 hectares sur les 40 vendus à Assa Traoré. C'est ainsi que cette présumée victime saisira alors la gendarmerie de Siby pour mettre le grappin sur les supposés auteurs et complices d'escroquerie. Six personnes furent arrêtées parmi lesquelles quatre seront libérées et deux transférées à la prison de Kati depuis le lundi dernier.

Pourquoi seulement ces deux personnes, et non pas  l'ensemble des suspects, ont-ils été transférés à la prison de Kati et les autres libérés en un temps record? Quel rôle a joué le maire Adama Camara dans la transaction foncière ? La commission qu'il a perçue de la vente a-t-elle été reversée dans les caisses de la mairie ? En tout cas, le Secrétaire général de mairie de la localité dit ne pas se rappeler avoir enregistré ces frais dans son registre. 

 Une certitude toutefois : le maire a bien légalisé la signature des acteurs (vendeur et acheteur) apposée sur le document de vente. Qui se trouve être, de ce fait, légal. C'est pourquoi, les suspects détenus à la prison de Kati disent ne pas comprendre pourquoi ce sont eux qui doivent répondre à la place du vendeur qui savait bien qu'il n'avait pas 40 hectares à proposer mais au plus 20. Malheureusement pour le maire, Assa Traoré et le vendeur, sur le document il est écrit, noir sur blanc, que la parcelle concernée est de 40 hectares.

Dans cette histoire où est la vérité ? C'est à cette question que le juge va maintenant tenter de répondre. Et avant cela, accorder éventuellement la liberté provisoire aux deux suspects dans le but de faire baisser la tension entre les différents protagonistes tous ressortissants de Bancoumana. Un village dont tous les habitants sont à pied d'œuvre afin de trouver les 40 hectares pour l'épouse du navigateur interplanétaire, fille de l'ancien président de la République, Moussa Traoré, Assa Traoré. Qui, en agroéconomiste compétente, se devait d'abord de se prémunir contre tous les faux pas comme il  est courant dans ce genre de marché de …dupes.

Mamadou FOFANA