Politique linguistique du Mali : Vers l'adoption d'un document de base
Le Centre international de conférences de Bamako sert de cadre pour la conférence nationale sur l'élaboration du document de politique linguistique du Mali. Les travaux de cette rencontre ont débuté, hier, sous la présidence du ministre de l'Education, de l'alphabétisation et des langues nationales le Pr. Salikou Sanogo. C'était en présence des ministres de la culture Hamane Niang, des reformes de l'Etat, Daba Diawara et le représentant du secrétaire exécutif de l'Académie africaine des langues (ACALAN), Dr Lafala Danfa. Y étaient également des anciens ministres de l'éducation dont le Colonel à la retraite Youssouf Traoré, Adama Samassekou et le Pr. Amadou Touré.
Le Mali dès son indépendance a affirmé sa volonté de promouvoir les langues nationales. Dès lors, les autorités de la première république et celles d'aujourd'hui sont convaincues que la langue est non seulement un produit, mais aussi un véhicule de la culture, un facteur de développement et de gouvernance. C'est pourquoi, le ministre Salikou a suggéré de sauvegarder cette valeur positive. " Cette diversité culturelle n'a pas empêché les différentes communautés de vivre et de travailler ensemble" s'est-il réjoui avant d'exhorter les mordus des langues à travailler au renforcement de cette convivialité. Selon lui, le multilinguisme loin de constituer un obstacle, est plutôt une richesse. Cela est en adéquation avec la vocation panafricaine du Mali qui, du reste, loue les mérites de cette intégration. Or, ce brassage des peuples ne pourrait être renforcé,dit-il, sans les langues transfrontalières à savoir le Mandeka, le Fulfuldé et le Haoussa. Et Salikou de dire que le monolinguisme appauvrit notre culture.
En clair, la mondialisation ne peut se faire en excluant le français. Le chef du département le dit un peu plus explicitement "Nous aurons toujours besoin des langues partenaires".Mais auparavant il a invité les artistes à multiplier davantage leurs productions en langues nationales pour mieux défendre et vendre la culture malienne au monde.
Pour le représentant du Pr. Sozinho francisco Matsinhe, Dr Danfa l'initiative faite par le Mali s'inscrit en droite ligne des objectifs de l'ACALAN, notamment le développement et la valorisation des langues nationales. Il ne s'agit pas non plus d'occulter les langues héritées de la colonisation, mais plutôt de faire en sorte que les langues en présence sur le continent soient utilisées de façon harmonieuse dans tous les domaines de la vie publique. Toute chose qui passe par une réhabilitation des langues africaines.
Par ailleurs, sur le plan de l'aménagement du corpus des langues nationales, des progrès importants ont été enregistrés. Treize sur douze langues ont été instrumentées, c'est-à-dire dotées chacune d'un alphabet, de règles d'orthographe, de lexiques spécialisés dans plusieurs domaines d'activités, d'un document de grammaire, de dictionnaires monolingues et de manuels scolaires. La conférence prend fin ce jeudi avec des résolutions visant à booster entre autres les langues comme bamankan, manikakan, fulfuldé, soninké, sonrai,dogoso,bomu, mamara, khassonké, tamasheq.
Namory Kouyaté
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