Le Mali : Un Peuple - 5 buts - 14 millions de Foi

4 Avr 2012 - 00:01
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Lors d’un voyage dans la sous-région, j’ai été très fier d’entendre les ressortissants des autres pays frères dire ‘’le Mali a la meilleure devise au monde’’. En effet, au delà de l’aspect artistique ou sensationnel que notre devise stimule rien qu’à l’entendre ; s’inspirent d’autres valeurs encore plus importantes et significatives. Il s’agit, bien entendu, de l’unité, la cohésion, le bon sens et surtout la volonté de tout un peuple à vivre ensemble, toujours voir dans la même direction et engagé à affronter ensemble les difficultés de la vie. Au regard de la situation actuelle qui prévaut dans notre pays, le Mali mérite t-il sa devise  ‘’Un peuple-Un But-Une Foi’’ ? Oui, par patriotisme et au risque de ne frustrer mes aimables lecteurs, je dirais. Mais non, par conviction, eu égard aux récents évènements survenus dans le pays. Le débat sur le coup d’état militaire du 22 mars dernier et la crise au nord a d’ores et déjà connu ses plus beaux rebondissements, assez souffert de démagogies et vidé de tout son sens avec les différentes propositions subjectives et prises de position souvent acrobatiques. Autrement dit, je n’en rajouterais pas et l’objectif de cet article n’est nullement de remettre en cause les fondements de notre nation. Par contre le Mali de ces dernières semaines, est plutôt devenu ‘’Un Peuple, 5 Buts et 14 millions de Foi’’.  Ce peuple (le Mali), dont le but était sans nul doute le développement et la construction de sa nation pour l’épanouissement de tous ses fils et l’égalité entre ses enfants, se plonge dans une véritable guerre fratricide dont les batailles sont malheureusement en train d’être remportées par ses ennemis et, le comble de l’absurdité, des bandits armés venus de nulle part. Le Mali, ayons la force de le reconnaitre, souffre aujourd’hui de l’ingratitude, l’égocentrisme et la passivité de tous ses fils. Le Mali, aujourd’hui, est pris en otage par la propre aspiration des maliens au changement, l’opportunisme incommensurable de certains, la soif du pouvoir  d’autres et l’insouciance ignominieuse des uns.  Ce dénominateur commun qui rassemblait les maliens, quelques soient leurs différences, appartenances  ou philosophies, notamment ‘’ Le Mali’’ se retrouve de la manière la plus inéluctable compromis et bafoué au profit d’intérêts personnels. Cette fierté que les maliens ressentaient pour le Mali n’est plus partagée de la même manière. L’idéal commun, celui de la construction de notre nation commune, est dépourvu de sa quintessence en faveur du ‘’deal politique’’ auquel s’adonnent nos dirigeants politiques, du ‘’business  social’’ et son corollaire de corruption, népotisme, manipulation… dans lequel chaque malien se retrouve et enfin du ‘’marathon économique’’ creusant de plus en plus le fossé entre les riches et les pauvres et favorisant l’émergence décennale de nouveaux milliardaires. Bref, le Mali se porte à merveille. Mais les maliens, eux, ont un problème, un grand problème. Comme conséquence ou illustration de cet état de fait : ‘’Un Peuple, 5 Buts et 14 millions de Foi’’. Un peuple : Aujourd’hui plus que jamais, le peuple malien demeure un et indivisible. Les victoires successives du MNLA et de ses partenaires, notamment avec la prise de toutes les régions du nord, n’auront été que des facteurs permettant aux maliens et à la communauté internationale de mieux cerner la délicatesse du problème, les vrais enjeux du désordre institutionnel causé par le coup d’état du 22 mars et les actions à entreprendre pour libérer le pays. Le message que ces bandits armés ont voulu donné au peuple malien en attaquant Gao, Kidal, Tombouctou… n’est pas tombé dans des oreilles de sourds. Plus qu’un message, le MNLA vient encore une fois de prouver aux yeux du monde entier qu’il ne mérite pas d’exister et que ses revendications ne sont pas légitimes. La riposte du peuple sera à la fois violente et pacifique. Violente en raison des atrocités commises par ses ennemis et pacifique pour la préservation de sa plus grande valeur : le vivre ensemble. Les régions du Nord ont été  conquises par le MNLA, mais le peuple malien demeure toujours en liberté. C’est cette liberté qui libérera tout le Mali. Le pays a été vendu par ses propres fils, mais non les maliens avec. Des patriotes, il en existe encore et nombreux dans le Mali. 5 buts : Le Mali n’est et ne saurait tomber, mais les maliens eux sont divisés. La nation a perdu l’unique but qui rassemblait ses fils et les maintenait dans la dignité. Tandis que d’autres, se disant maliens, réclament la scission du pays (1), certains œuvrent au prix de leur sang pour son unité (2). Pendant que d’aucuns soutiennent la prise du pouvoir par la junte et le coup d’état militaire du 22 mars (3), d’autres sont prêts à laisser leur peau pour les déguerpir et les renvoyer dans leurs camps (4).  Pendant ce temps une minorité silencieuse se faisant appelée Ançardine, gagne du terrain dans son combat d’islamisation du pays à travers l’instauration de la Charia (5). Voilà le Mali de ces dernières semaines. Un peuple, 5 buts mais malheureusement 14 millions de Foi. 14 millions de Foi : Autant IBK, Soumaila Cissé, Dioncounda, Modibo Sidibé…et compagnons sont préoccupés par le fauteuil présidentiel, de la même manière Oumar Mariko, Moussa Mara, Mountaga Tall… rêvent d’une ascension politique ou encore d’une place au soleil. Si l’objectif du capitaine Sanogo et ses frères d’armes est de rentrer dans l’histoire comme ATT et Moussa Traoré, le premier est sans doute en train de réfléchir à ce que l’histoire retiendra de lui pendant que le second, lui, ressusciterait aujourd’hui l’histoire pour corriger des erreurs du passé. Pendant que les étudiants se demandent quel sort l’avenir leur réserve,  les chômeurs quand ils auront enfin un emploi décent, la ménagère jusqu’à quand elle arrivera à maintenir son panier ;  certains jeunes se posent la question de savoir pour quel candidat ils se vendront pour pouvoir combler leurs besoins politiques ou comment assurer ne serait-ce que le prix du thé pour ne pas sevrer le manguier du quartier de saveur et d’ambiances. Si les conséquences de l’embargo seront calamiteuses pour le Mali, certains maliens ont d’ores et déjà commencé a en profité que ce soit sur le plan politique, économique ou moral. Tantôt les fonctionnaires se préoccupent de leurs salaires, tantôt nous autres de la presse ne nous soucions que de la survie de nos organes de presse. Quel plan pour piller le Mali ? Comment accélérer le mariage de ma seconde épouse ? Que faire pour assurer, ne serait-ce qu’un repas de la journée ? …  Toutes ces comparaisons, tous ces questionnements pour dire que les maliens ne voient plus dans la même direction et que l’amour de la patrie se meurt le jour le jour dans le cœur de tous les maliens. Le ‘’moi’’ passe désormais avant le ‘’Mali’’ pour chaque malien. Je ne remets pas en cause cet état de fait, qui ne résulte en réalité que de notre volonté commune, mais je crois que nous devons tous l’assumer. Si le Mali occupait toujours la place qu’il devait occuper. Si la culture du patriotisme avait pris le dessus sur toutes nos actions. Si chacun pensait d’abord au Mali, avant sa modeste personne, nous n’en serons pas arrivés là. Si après le coup d’état du 22 mars chaque malien avait fait son propre mea culpa et pensé au pays dans son intégralité, nous n’en serons pas arrivés à ces fallacieuses positions ‘’d’anti, pro ou hybride putschistes’’, encore moins à la prise totale du nord ou l’embargo fantaisiste de la CEDEAO. Je crois qu’il n’est pas trop tard pour sauver le Mali. La question essentielle, aujourd’hui, doit être qu’ai-je fais moi pour plonger le Mali dans cette situation et que dois-je faire maintenant pour mettre fin à ce KO programmé et entretenu par nous tous ? Que Dieu sauve le Mali et surtout les maliens. FOUSSEYNI MAIGA Directeur, Presse Universitaire du Mali Directeur de Pub, ‘’Le Flambeau’’.

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