IBK et la malédiction de Sisyphe

28 Mai 2014 - 10:39
28 Mai 2014 - 10:39
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[caption id="attachment_326702" align="aligncenter" width="610"]Mali: le gouvernement étudie les propositions de plan de paix Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 janvier 2014 à Alger.
REUTERS/Louafi Larbi[/caption] Après neuf mois à Koulouba, IBK, déjà, semble à bout de souffle. La corruption, la vie chère, l’école, l’égalité des citoyens devant la justice, la reforme de l’armée, le détournement du denier public, la gabegie…, bref tous les maux auxquels il a promis de s’attaquer, dès sa prise de fonction, sont là, intacts. Comme si cela ne suffisait pas, nous revoilà au kilomètre zéro dans l’épineuse question de Kidal. Le malaise est tel que les mauvaises langues assurent  que le Mali serait frappé par la malédiction de Sisyphe.     Héros  de la mythologie grecque, Sisyphe, pour avoir osé défier les dieux, a été condamné à faire rouler, éternellement, jusqu’au sommet d’une colline, un rocher qui en redescendait, chaque fois, avant qu’il n’y parvienne.     Elu avec 77% des voix,  IBK était pourtant bien parti pour gagner son pari: rendre au Mali sa fierté d’antan. Comme il se plaisait à le dire pendant la campagne électorale : «pour l’honneur du Mali», «pour le bonheur des Maliens», ou encore « le Mali d’abord». Réputé homme à poigne, le président de la République avait hérité d’un pays certes en proie à des difficultés; mais un pays sur les rails.  Pourtant neuf mois après sa prise de fonction, la locomotive est en panne. Pire, elle a failli dérailler le 17 mai dernier.     Des erreurs ont été commises. C’est un fait. Selon les analystes politiques, les difficultés du président de la République à redresser la barre, s’expliquent en partie par son désir de faire table-rase du passé. Sa volonté de remettre en cause le travail abattu par ses prédécesseurs a fini par lui fait perdre le sens des priorités. Dès sa prise de fonction, le président Ibrahim Boubacar Keita accuse ATT de « haute trahison » et rétablit la Haute Cour de Justice. Sur le plan diplomatique, IBK  a coupé les ponts avec les premiers négociateurs pour suivre la voie qu’il s’est, lui-même tracée. Au niveau national, l’organe de réconciliation nationale dirigé par Mohamed Salia Sokona, mis en place par l’équipe du président intérimaire, Dioncounda TRAORE, et qui avait entamé un travail de fond, a été d’abord négligé puis «reformé » par la suite. On passe alors de la Commission Dialogue et Réconciliation (CDR) à la Commission Vérité, Dialogue et Réconciliation (CVDR). En dépit de cette reforme, la situation à Kidal n’a pas bougé d’un iota. En tout cas pas aux yeux de l’opinion. Au contraire, elle s’est empirée.     Diplômé en lettres classiques (Latin et grec) IBK connait suffisamment la mythologie grecque pour savoir que Sisyphe avait fini par prendre conscience de l’absurdité de sa situation. D’ailleurs, si l’on en croit la version d’Albert Camus, Sisyphe avait fini par être heureux  dans son supplice. Mais pour en revenir au Mali, nos concitoyens sont-ils heureux avec cette crise qui ne finit pas de finir? Pas si sûr, quant on sait que l’opinion commence à perdre patiente face à cette quadrature du cercle.     Comme on le dit, à quelque chose malheur est bon! Allons-nous cesser enfin de voir notre passé, non pas comme un fardeau, mais comme une lanterne, dont il faut se servir pour éviter les pièges à venir ? En cela, l’écrivain et philosophe américain, George Santayana a raison, lorsqu’il écrit: « Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le répéter».     Mamadou TOGOLA    

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