Sotelma/Malitel : La fibre patriotique et nationaliste des Maliens exploitée pour des fins commerciales !
Un nationalisme douteux et dangereux
Cela est tout à fait naturel dans un environnement dominé par la concurrence. Mais, ce qui est loin d’être naturel, c’est la stratégie que vont adopter les maîtres de Malitel. Il est vrai que cette société est l’opérateur historique, le premier opérateur de téléphonie mobile. Mais, quand Malitel essaye de tirer sur la fibre patriotique et nationaliste, elle induit en erreur. De même que quand elle galvaude ce slogan : fier d’être Malien. Qu’a-t-elle de plus nationaliste et patriotique que sa concurrente ? Rien ! Pour preuve, l’Etat malien n’est pas majoritaire dans le capital de Malitel, un capital largement détenu par l’investisseur Etisalat via Maroc Télécom. De l’autre côté, ce sont des privés maliens qui détiennent une partie du capital d’Orange-Mali, la majorité revenant à Orange-France. La part détenue par l’Etat malien dans le capital de Malitel est sensiblement égale à la part détenue par des privés maliens dans le capital d’Orange-Mali. Une certaine publicité veut différencier les privés maliens de l’Etat malien, alors que ce dernier est censé travailler et œuvrer pour les premiers. De fait, depuis la libéralisation de l’économie, au début des années 90, les pouvoirs publics ont adopté la politique d’encouragement des investissements privés nationaux. Si ces investissements ne sont pas encore plus importants que les investissements étrangers, c’est tout simplement parce qu’il y a des problèmes d’enveloppes financières locales et une réticence dans certains milieux à mobiliser les capitaux et, surtout, à investir dans des secteurs pourtant porteurs. Au lieu de vulgariser cette politique d’investissement par la mobilisation de l’épargne nationale et les mesures incitatives à l’investissement étranger, des messages négationnistes et dangereux sont véhiculés par la chaîne publique de télévision, le média le plus accessible, le plus écouté et le plus populaire au Mali, un pays qui s’est pourtant doté, depuis longtemps, d’un organe de régulation des télécommunications.
Beaucoup de boucan pour rien…
Certains perçoivent ces messages comme une manière pour Malitel de combler le fossé creusé entre elle et sa rivale. C’est tout simplement dangereux. La concurrence est certes normale dans toute activité commerciale, mais elle doit être encadrée si on ne veut pas laisser certains abuser des consommateurs. Or, ces derniers temps on se demande si Malitel n’est pas en train d’abuser de la crédulité des Maliens. En effet, contre les onze millions abonnés que revendique Orange-Mali, Malitel, qui n’a même pas encore terminé sa restructuration et son redressement, prétend avoir dix millions d’abonnés. L’opérateur se baserait-il sur les puces en stock, les puces vendues ou les puces actives ? Dans le premier cas, il ne s’agirait que de projections, donc de conjectures ; dans le deuxième cas, cela ne prouve rien dans la mesure où, avec la politique de promotion de puces créditées, un seul consommateur peut se retrouver avec cinq, voire dix puces dont il utilise les crédits, avant de s’en débarrasser. C’est dans le troisième cas seulement que l’estimation peut se montrer correcte, notamment si l’on tient compte des puces activées en permanence.
Une autre arnaque dont certains accusent Malitel, c’est sa promotion des téléphones Black Berry. Selon plusieurs abonnés de l’opérateur, malgré cette promotion faite en grandes pompes publicitaires, les appareils ne seraient pas disponibles aux points de vente indiqués. Ce serait vraisemblablement de la publicité mensongère que personne ne dénonce, ni le régulateur, ni les défenseurs des droits des consommateurs, ni même la grande rivale. La stratégie de Malitel semble donc se limiter à ça. Malgré le groupe auquel il appartient, un grand groupe, quand même, le premier opérateur est toujours incapable d’innovation en matière d’offre de services. L’opérateur ne va certainement réinventer la roue de l’histoire, mais, de fait, Malitel se borne à reprendre ce que fait Orange-Mali et qui marche. Le dernier exemple est Mobicash, une réplique d’Orange-Money pour les transferts, paiements, dépôts et retraits d’argent. Avant ça, il y a eu «N’wélé». En somme, Malitel est une véritable insulte aux Maliens si sa stratégie se borne à reprendre ce que font les autres, alors que tout le monde sait que le Malien est ingénieux, créatif et imaginatif. Le copier-coller ? Il n’y a vraiment pas de quoi être fier d’être Malien. Halte donc au plagiat, à la concurrence déloyale, à la publicité mensongère, et œuvrons pour un environnement des affaires sain, honnête et facteur de progrès. De tout ce qui précède, il ressort que Sotelma/Malitel abuse souvent des maliens dans ses publicités. Etant entendu, qu’Orange Mali, quant à elle, est loin d’être une sainte.
Bruno LOMA |
Quelle est votre réaction ?






