Energie du Mali: 54 milliards FCFA payés à Albatros pour de l’électricité jamais consommée par les Maliens
On ne le croirait presque pas, si l’information n’avait pas été révélée par Lamine Seydou Traoré, ministre malien de l’Energie. A l’initiative de l’honorable Moulaye Keita, le ministre répondait, ce jeudi 11 mars, aux questions orales devant le Conseil national de la Transition (CNT).
- maliweb.net - Nous sommes le 31 octobre 2018, le président Ibrahim Boubacar Keita coupe le ruban marquant l’inauguration officielle de la Centrale thermique Albatros Energy Mali SA située à Kayes Médine. « Cela est un bonheur absolu, c’est la preuve que le Partenariat Public Privé est une formule heureuse », s’était réjoui l’ancien Chef de l’Etat malien. Pour le « bonheur des Maliens », le gouvernement s’était endetté auprès de plusieurs banques partenaires. Après le lancement, la centrale qui a coûté 84 milliards FCFA devait produire 90 Mégawatts (MW) d’électricité, et «résoudre le déficit énergique » du Mali. Il n’en sera rien ! Pis, le contribuable malien paie de l’électricité qui ne lui est jamais fournie.
Comment est-ce possible ?
Dans leur contrat d’établissement, les promoteurs d’Albatros ont introduit une clause de « take or pay ». En vertu de cette clause de « prendre ou payer », l’Etat du Mali devait prendre un minimum de 66 MW. Même s’il ne prend pas l’électricité produite, il faut tout de même payer le prix de cette quantité indiquée qui s’élève à 1,2 milliards FCFA par mois. Aux dires du ministre de l’Energie, seule la quantité d’énergie correspondant à la somme de 300 millions FCFA a été mensuellement consommée. C’est donc dire que le contribuable malien paie, chaque mois, 900 millions FCFA pour de l’électricité qu’il ne consomme pas. La pratique dure depuis cinq ans, soit un total de 54 milliards CFA payés pour de l’électricité jamais consommée.
« Avant de signer un tel contrat, il fallait s’assurer qu’on avait les moyens de transporter l’électricité produite », a dénoncé le ministre Traoré devant les conseillers du CNT. Pour l’honorable Moulaye Keita, la clause de Take or Pay est en réalité une « escroquerie ». « Ils ont fait exprès d’aller s’installer à Kayes, sachant bien que les entreprises minières de la localité n’ont pas besoin de leur énergie et que l’Etat n’a pas les moyens de transporter ce qui est produit », a expliqué le conseiller Keita. « Les cadres qui ont signé, chacun d’eux a eu sa part » a accusé Moulaye Keita, remonté contre cette situation.
En vérité, il est difficile de ne pas penser à une arnaque dans cette affaire. On se demande d’abord pourquoi l’étude de faisabilité du projet de centrale n’a pas détecté le problème de transport de l’énergie. Ensuite, pourquoi pendant cinq ans, rien n’avait été fait pour régler ce problème sachant que les Maliens souffrent de coupure intempestive de courant ? Pourquoi Albatros se fatiguerait à produire de l’électricité sachant qu’elle ne sera jamais transportée ? Autant d’interrogations qui donnent du tonus à la thèse d’« escroquerie » soulevée par l’honorable Moulaye Keita.
Quelle solution ?
« Quand je suis arrivé, j’ai convoqué les responsables d’Albatros dans mon bureau », a assuré le ministre Lamine Seydou Traoré. Et d’ajouter : « Je leur ai dit de m’aider à trouver une solution pour le transport ou je mets fin au contrat ». Selon le ministre, le coup de bluff a marché. En quelques mois, l’étude d’impact environnemental est faite et le dossier du projet de transport est en examen à la Banque ouest africaine de Développement (BOAD).
Mamadou TOGOLA/maliweb.net
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