Tout est mauvais qui commence chancelant : le 22 mars dernier, le coup d'Etat de la junte militaire, conduite par le capitaine Sanogo, a causé au Mali un véritable désastre financier. Au-delà du chaos politique, c'est un gouffre économique dans lequel le pays est plongé dont les effets néfastes se mesureront en terme de générations sacrifiées. Un véritable drame…
[caption id="attachment_69164" align="alignleft" width="310" caption="Capitaine Sanogo Amadou Haya"]

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Ce sont les spécialistes, et pas n'importe lesquels, qui l'ont constaté : le coup militaire du capitaine de Kati a eu un coût financier insupportable pour le Mali. Il se chiffre à plusieurs centaines de milliards de nos francs. L'ardoise est tellement lourde à supporter que le Mali n'est plus au pays où l'investissement a de la valeur. Tenez : dans les récentes discussions du conseil de sécurité des Nations-Unies, où il est question d'envoyer des troupes militaires au Mali, plusieurs pays ont émis leurs réserves quant à la viabilité d'une telle option. Le problème est lié à l'engagement financier en faveur d'un pays le Mali, qui connaît un gouffre financier abyssal, face à une opération aussi délicate que coûteuse, comme une intervention de troupes, extrêmement coûteuse à supporter.
Mais passons…Avec le coup d'Etat, les rebelles armés ont réussi ce qu'ils n'avaient pas réussi depuis plus de 50 ans de lutte ; à savoir la conquête et la mainmise sur tout le nord du pays qu'ils revendiquent aujourd'hui comme un territoire indépendant.
De plus, il y a le coût financier. Il est énorme pour le nord sous contrôle des groupes armés et pour l'ensemble du pays. Pour le nord, avec la prise de Kidal, Gao et Tombouctou, les saccages et pillages qui ont suivi ont réduit à néant les investissements publics et privés déjà réalisés dans ces zones. Vu sous cet angle, se sont quelques 700 milliards de nos francs qui ont disparu dans la nature. Cette perte concerne directement l'investissement public (banques, hôpitaux, écoles, infrastructures, administration) anéanti. Si on y ajoute l'investissement privé (cheptel, commerce général, biens divers) détruit, on ne serait pas loin des 300 milliards engloutis par le coup d'Etat militaire.
En tenant compte des chiffres réalisés par la Banque mondiale sur les richesses créées au Mali, du rapport du BIT de l'année 2010, on est à, pour les trois régions du nord, une perte sèche de plus de 1000 milliards de nos francs. Quel gâchis financier !
Pour le cas de Bamako, c'est le même désastre, selon les économistes sérieux : comme Bamako est plus riche que les autres coins du pays, cette ville a connu près de 50 milliards de nos francs de pertes avec le saccage de son tissu économique.
La perte de richesses en 2012 pour absence de croissance de l'ensemble de l'économie malienne, selon les économistes les plus crédibles, se chiffre à quelques 280 milliards.
Selon toujours ce triste tableau, cela se caractérisera par une réduction des recettes fiscales et douanières de l'Etat. Ce fait est d'autant plus réel que les revenus des contribuables vont diminuer d'une manière dramatique, l'Etat même n'étant pas capable de faire face à l'urgence des priorités nationales de relance économique.
Cette diminution pour 2013 n'est pas loin des 163 milliards. Autrement dit, les affres économiques du coup d'Etat vont même au-delà de l'année où il s'est réalisé.
Voici le triste décor économique du fait du coup d'Etat miliaire : 1050 milliards de francs CFA de perte de richesse au nord ; 56 de perte pour Bamako ; 280 de perte liée à l'absence de croissance économique et 168 milliards de perte liée à l'absence de croissance pour l'année 2013. Le sinistre tableau fait une perte totale de plus 1554 milliards de nos francs. Ce chiffre a été discuté par des éminents économistes maliens qui sont prêts à faire la lumière sur les contours économiques de ce gouffre financier du fait du coup d'Etat de la junte militaire dirigée par le capitaine de Kati.
Va-t-on un jour exiger réparation ? L'histoire nous le dira…
F.M