Vers la confédération de l’AES : Et si les ambitions n’étaient pas les mêmes ?

4 Mar 2024 - 07:50
4 Mar 2024 - 08:27
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Vers la confédération de l’AES :  Et si les ambitions n’étaient pas les mêmes ?

Dans l’ambitieux projet d’unir leurs énergies pour créer une confédération avec l’Alliance des Etats du Sahel(AES), il apparaît des décalages dans les convictions.

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, rassemblés au sein de l’AES, ont-ils franchi le point de non-retour dans le processus de « retrait sans délai » de la CEDEAO ? La réponse n’a pas la même fermeté dans les trois capitales. Si Bamako et Ouagadougou n’envisagent plus sérieusement un retour au sein de l’organisation sous-régionale, le Niger, selon certains de ses hauts dirigeants, n’exclut pas revoir sa position… Son grand voisin nigérian ne mène-t-il pas des opérations de charme en vue d’attirer le Niger à des importations via Lagos ? Quid des facilitations économiques et l’ouverture des frontières d’avec les voisins nigérian et  béninois ?

Cette situation indique que le bloc de scission de l’AES n’a pas la solidité requise pour relever les défis futurs.

En outre, répondant à une question relative au projet en débat de création monétaire de l’AES, le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Karamoko Traoré, dira que, « pour le moment, ce qui est préoccupant, c’est l’intensification du travail de sécurisation du territoire ». Alors que le Premier ministre malien, Dr Choguel Kokalla Maïga, n’exclut pas la mise en place d’une commission d’experts pour réfléchir à la faisabilité ou non de la création d’une monnaie de l’AES. Au même moment, au Niger, la question n’est pas encore à l’ordre du jour. Ce qui démontre que les dirigeants de l’AES n’ont pas la même conviction, dans leur volonté d’affranchissement de l’influence tutélaire française déployée au sein de la CEDEAO et dans la reconquête de leur souveraineté.  

Ainsi, si au Burkina Faso, la lutte pour neutraliser les forces obscurantistes bat son plein et occupe l’essentiel des énergies, au Niger et au Mali, la crise sécuritaire connaît un répit et fait place à des actions institutionnelles de pacification et de redressement. Ce qui fait que l’agenda de création de la confédération AES a quelques difficultés en termes de priorités. Et c’est cette différence d’approche qui suscite des appréhensions quant à la pertinence de ce retrait collectif de ces 3 Etats de la CEDEAO.

C’est pourquoi des observateurs avertis de la scène sociopolitique nationale estiment qu’en cas d’écueils majeurs, l’AES pourrait s’écrouler, comme un château de cartes. Tant les réalités sociopolitiques, historiques et économiques des trois pays sont loin d’être les mêmes, malgré les apparences en termes de convergences de vue et de contingences conjoncturelles.

Par ailleurs, si les gouvernants actuels de ces 3 Etats sont tous issus des coups d’Etat, il n’est pas exclu que la volonté de retour à la normalité constitutionnelle soit à divers degré. Ce qui peut impacter les ambitions vers la création de cette confédération  ou même de ce retrait de la CEDEAO. Un retour de politiques aguerris à vision intégratrice au pouvoir dans l’un de ces pays peut plomber le fameux processus de « souveraineté retrouvée ». Surtout que rien n’est clairement défini par rapport au chronogramme électoral dans ces Etats. 

Boubou SIDIBE/maliweb.net

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