Contribution: « Il n’y a pas à discuter avec le MNLA »

24 Fév 2012 - 17:33
24 Fév 2012 - 17:35
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Dans une contribution qu’il nous fait parvenir, le doyen Yacouba Aliou réagit à la lettre ouverte de l’ambassadeur de France au Mali et apporte quelques éléments d’analyse à la situation sécuritaire au nord. Nous avons lu la lettre ouverte de son Excellence Mr Christian Rouyer, ambassadeur de France au Mali, dans le journal « Le Challenger » n°757  du jeudi 16 février 2012. Nous avons noté que M. l’ambassadeur aime une chose et son contraire. Il a noté plusieurs « comment croire » quela Francefait ceci et cela pour : «s’associer à une entreprise  qui compromettrait le processus électoral…, ne pas se sentir solidaire du peuple malien, quand une partie de la population est jetée sur les routes…, etc. » En même temps, les plus grands acteurs du MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad) sont basés sur le sol français avec tout leur arsenal de propagande. M. Christian Rouyer a oublié que le gouvernement français est parti jusqu’à reconnaître sa rencontre avec le MNLA depuis l’année dernière dans le seul but de combattre AQMI alors que le gouvernement dela Républiquedu Mali est présent. Voilà le mépris du gouvernement français à l’égard du peuple malien. A quel titre, les officiels français ont-ils rencontré le MNLA ? Le porte-parole, chargé des Relations Extérieures, M. Hama Ag Sid’Ahmed, est un ancien membre de l’alliance du 23 mai 2006 dont un, du nom de Ag Bibi, siège actuellement à l’Assemblée Nationale du Mali. Depuis longtemps,  M. Hama Ag Sid’Ahmed faisait de la propagande en France. Si le gouvernement français le veut aujourd’hui, il va se taire. M. Hama est comparable à un responsable du mouvement corse auquel le gouvernement malien donne un droit de séjour et fait la propagande contrela Francesur le sol malien. La France peut faire taire les propagandistes du MNLA ! L’écrivain Moussa Ag Assarid, natif de Taboye, au bord du fleuve Niger (Taboye, une commune rurale du cercle de Bourem) réside en France. Il est l’un des grands propagandistes du MNLA. Le journal français Le Figaro est parti jusqu’à dire que « le Mali fait la guerre contre les Touaregs » en oubliant que la majorité des Touaregs sont entièrement dans le processus de paix et de développement de leur pays, le Mali. Beaucoup ont payé de leur vie pour la paix et sont au front pour la paix et la sécurité de leur pays, le Mali. Nous avons remarqué que tous les conflits armés de l’Afrique et particulièrement ceux du Mali ont leur naissance et leur cordon ombilical en France. La première rébellion de 1963-64 asa base dans le projet de création des Etats sahariens vers les débuts des ères d’indépendance des colonies françaises. Celle de 1990 à travers l’ONG « Médecins sans frontières » du honteux et sinistre ministre français Bernard Kouchner qui a accouché tous les maux du monde en Afrique de l’Ouest. Nous avons remarqué aussi quela Francefait une différence au sein du peuple malien et un choix à travers aussi ses hommes politiques. Nous l’avons su avec les  rébellions  touaregs et lors de la remise d’une médaille au ministre Oumar Hammadoun Dicko par l’ambassadeur de France M. Nicolas Normand. Il n’y a eu jamais d’Accord de défense entrela Franceet le Tchad mais lorsque, Paris voulait intervenir au Tchad en 1983, il a interprété les accords militaires entre le Tchad etla Francecomme Accord de défense. On a montré que le Tchad faisait l’objet d’agression extérieure. Puis, un seul jour, Paris était intervenu pour tracer un parallèle aux troupes de Goukouni Ouddaye à ne pas franchir. On savait comment Paris avait installé Hussein Habré au Tchad en juin 1982, par le canal de certains pays africains favorables à sa politique. La même France a interprété différemment ces accords en novembre 1990 pendant la guerre qui opposait le colonel Deby à Hussein Habré pour dire que « c’est un conflit tchado-tchadien ». Hussein Habré et Moussa Traoré ont payé cher leur arrogance à leurs anciens mentors en les contredisant pendant le sommet dela Baule. Sila Franceveut aujourd’hui, les représentants du MNLA seront privés de parole sur le sol français ou même chassés. Il faut être heureux qu’il y ait le peuple français et le gouvernement français qui sont deux aspects différents. La preuve, la revue de la presse de TV5 monde du 18 février 2012, Hassan Diop, a montré que «la Francedoit aider le Mali parce que le Mali a les mêmes institutions démocratiques quela France». Le Mali doit poursuivre le MNLA en justice pour ses massacres d’Aguelhoc  et le fait de jeter sur les frontières extérieures du Mali, des milliers de Maliens comme refugiés. Tous les militaires et fonctionnaires qui ont déserté doivent être poursuivis parce qu’ils sont complices de cette situation. Tous les cadres touaregs honnêtes sont restés et sans inquiétude. Ils doivent être félicités pour leur courage et leur honnêteté. Ils savent au fond de leur âme qu’ils ne se reprochent rien. Par contre, certains étaient en contact permanent avec le MNLA. Un seul jour, ils ont disparu avec le premier coup de feu du MNLA.       La politique des vingt dernières années de l’ADEMA ! Les Maliens doivent être d’accord que cette situation est la conséquence de la politique de l’ADEMA des vingt dernières années : les dix ans de M. Alpha Oumar Konaré et les dix ans du président ATT. Il faut les compter pour l’ADEMA parce que c’est l’ADEMA qui a plébiscité ATT en 2002 avec le RPM et d’autres. En 2007, c’était aussi l’ADEMA et ses amis de l’ADP. Vingt ans de corruption, d’impunité et d’injustice. Le pays a été totalement abandonné par rapport aux missions cardinales : sécurité, éducation, justice et gestion saine des ressources. Les Maliens doivent se rappeler des propos francs de notre président de l’Assemblée Nationale de l’élection présidentielle d’avril 2007. En le paraphrasant, il avait reconnu que s’ils ne soutenaient pas ATT, ils auront l’administration, la justice et la sécurité d’état sur leurs dos. C’est honnête. Il faut reconnaître la valeur des autres. C’est le même président Dionconda Traoré qui disait l’autre jour de faire tout pour que les élections aient lieu, car si elles n’ont pas lieu, un coup peut arriver. Oui, un coup d’état peut arriver dans la mesure où le président ATT avait eu à dire dans une déclaration passée que « les coups d’état sont la conséquence d’une mauvaise politique ». Il est là au pouvoir car c’est Dieu qui donne le pouvoir (voir sourate III, verset 26 du Saint Coran). Nous, nous disons que le président ATT n’a fait que de la mauvaise politique depuis son arrivée au pouvoir en 2002. Le président ATT n’a jamais attaqué les vrais problèmes du Mali (il a joué au sapeur-pompier). Mais, il n’est pas le seul comptable. En tant que citoyen lambda, nous disons qu’il est le grand comptable avec son mentor, le président Alpha et la politique de l’ADEMA. La situation de l’école, il l’a héritée de son mentor le président Alpha. Les Maliens vont se soigner au Maroc et en Tunisie alors que leur système éducatif est en hibernation totale depuis 20 ans. C’est une honte pour notre pays de ne pas créer des infrastructures et former des ressources humaines comme ces pays maghrébins, 51 ans après notre indépendance. Aujourd’hui, la côte de popularité de l’homme du 26 mars 1991 est moins que celle de Moussa Traoré qui nous avait privés de tout, même de notre dignité et de notre vie en nous privant de nos salaires (il nous avait même interdit de le dire) et de notre liberté de parole. C’est le premier homme politique qui a humilié le Mali sur l’arène politique internationale. Rappelez-vous le sorgho rouge de 1973, que les USA avaient donné au Mali comme don de nourriture (qui a plus fait de morts que de vivants dans les régions du Nord), un sorgho destiné à nourrir les porcs aux USA. En caricature dans un journal, les porcs avaient demandé leur sorgho au président Nixon. Ce dernier avait alors indexé Moussa Traoré. Sous le président Modibo Kéita, on était fier d’être Malien partout dans le monde. Mais sous Moussa Traoré, on était juste honnête de dire qu’on était Malien. La mauvaise gestion de la sécheresse de 1973 du CMLN sous la conduite de Moussa Traoré a amené plusieurs de nos compatriotes en Libye. La majeure partie des dons destinés aux populations du Nord étaient détournés. Lorsque le président Kadhafi annonçait en décembre 1980 sur les antennes de sa radio que « les Touaregs qui sont séquestrés au Mali et au Niger, peuvent venir chez lui car lui-même est Touareg », qu’est-ce qu’il a fait pour retenir ses compatriotes pour ne pas partir en Libye ? La seule volonté qu’il avait manifestée, c’était de militariser le nord du pays, fermer les écoles supérieures et nommer des colonels à la tête de l’Education, de l’Intérieur et à la police. Faire les audits sur tous les projets du Nord-Mali !   La même politique du Nord par M. Alpha Oumar Konaré a été poursuivie par le président ATT : impunité accordée à certains groupes rebelles. Ibrahim Ag Bahanga, né sous le président Alpha est apparu sous plusieurs formes sous le président ATT avec les mêmes modes de gestion. Sous le régime du président Alpha, Bahanga a été totalement coïncé par l’Armée malienne, mais de la présidence est venu un message leur demandant de lui faire une porte de sortie. C’est la même chose avec les événements du 23 mai 2006 à la différence que le président Alpha a refusé que le caporal ou caporal-chef Bahanga retourne dans l’armée dans la mesure où ses mains étaient tachées de sang. Nous trouvons que c’est injuste quel que soit le prix pour la paix et que de tels hommes doivent répondre de leurs actes. A l’époque, une frange du peuple malien et certains hommes politiques dont le président du RPM, M. Ibrahim Boubacar Kéita, avaient décrié cette situation. Ceux-ci avaient dit que c’étaient des militaires maliens qui avaient pillé trois camps maliens et ont pris les armes contre leur pays. Ici, la loi doit être appliquée dans toute sa rigueur. La suite de cette affaire est connue. Tous les acteurs des événements de mai 2006 sont aujourd’hui des hommes clés du MNLA et la déclaration du président ATT à Diéma et la suite des événements a surpris tous les Maliens. Donc, si des hommes politiques s’élèvent pour dire qu’il faut traduire en justice les présidents ATT et Dioncounda  Traoré, il ne faut pas exclure M. Alpha Oumar Konaré. Il est aussi comptable avec toute la politique de l’ADEMA. Le Mali a vraiment besoin d’une nouvelle conférence nationale. Une conférence nationale qui doit commencer à traiter des questions depuis 1968 jusqu’à nos jours tous les aspects de notre politique, de la gestion de nos finances publiques, de notre justice et de notre administration  jusque dans les détails, sans passion. Est-ce qu’il ne faut pas revoir le pacte national et les accords d’Alger, faire les audits sur tous les projets du Nord-Mali ? Je me rappelle que les acteurs des événements du 23 mai 2006 avaient dit que le gouvernement n’avait rien fait au Nord. Faux, avait dit à l’époque le brillant conseiller culturel à l’ambassade du Mali à Pékin. Il avait bien démontré que le gouvernement avait bien financé les projets mais que c’étaient les mêmes cadres qui avaient détourné l’argent en construisant des villas dans les grandes villes. Ce cadre malien, actuellement conseiller à la présidence est un homme de parole. Je ne le connais pas physiquement, mais seulement à partir de ses actes posés et de tous les recoupements que j’ai faits, à partir des hommes qui le connaissent et de la presse écrite. J’ai eu à le lire une fois, les années passées, dans un journal malien où il avait mentionné que sous le président Modibo Kéita, son père avait rejoint le RDA. Voici un leader de la rébellion de 1990 qui n’a rien à avoir avec les événements actuels du MNLA. Ils sont nombreux dans cette situation. Pourquoi, je dis que le président Alpha est comptable ? Le pacte national était un acte posé par le président du CTSP, le Lt-colonel ATT, aujourd’hui, général et président du Mali. Lors du tête-à-tête Alpha-Tiéoulé Konaté, ce dernier avait dit que s’il devenait président du Mali, le pacte national ne l’engagerait pas. C’est le président Alpha qui s’était engagé à le prendre en compte. Voici le premier homme politique malien de la « démocratie » qui avait fait une déclaration incendiaire lors de sa première visite officielle en Côte d’Ivoire. C’est lui qui avait dit que « les rebelles d’aujourd’hui, sont les orphelins de la rébellion de 1963-64 ». Il faut lui rappeler que chaque régime fait des orphelins d’une manière ou d’une autre. Les orphelins faits sous lui, étaient plus nombreux que ceux de 1963-64. En tant que « révolutionnaire », il n’avait aucun mérite à faire cette déclaration. Il n’y a pas à discuter avec le MNLA, ni sur le partage des pouvoirs, ni sur l’intégrité du territoire national du Mali reconnu dans ses frontières par l’ONU et l’UA. Il faut combattre le MNLA jusqu’à la défaite totale et à jamais. Le guide libyen est mort et nous espérons qu’aucun pays de la sous-région ne leur donnera ni armes, ni base arrière. Dans un gouvernement, on ne cherche pas la représentativité ethnique ou communautaire mais la justice. L’essentiel d’un gouvernement, c’est rendre la justice et partager équitablement les ressources du pays entre tous les fils du pays. Partager encore les pouvoirs entre le gouvernement et des groupes armés criminels, c’est donner l’occasion à d’autres de prendre des armes.   Empêcher une guerre civile au Mali ! Il faut tout faire pour empêcher une guerre civile au Mali. Les indices de la guerre civile viennent de commencer car nous apprenons que le chef songhoï de Hombori vient d’être assassiné par des hommes en turban. C’est l’occasion pour le gouvernement du Mali de prendre des mesures de sécurité dans les zones de Gourma et Agacher dans la mesure où plusieurs forces militaires et paramilitaires y ont déserté. Il faut aussi revoir la situation de notre Armée qui doit être bien formée, bien équipée, bien payée car l’armée fait la force et la fierté d’une République responsable. C’est l’armée qui est aussi l’émanation de son peuple. Aujourd’hui, même les ignorants voient l’intérêt de l’armée. Le recrutement doit se faire exclusivement  par les cadres militaires. C’est l’occasion aujourd’hui de procéder dès ce mois de conflit à un recrutement comme cela avait été fait  en 1974-1975 lors du conflit Mali-Haute Volta. C’est l’occasion de voir les vrais fils du Mali qui sont prêts à mourir pour leur patrie, le Mali. C’est l’occasion de rendre hommage à nos vaillants soldats morts en martyrs. Nous souhaitons qu’Allah Le Tout Puissant les accueille dans son paradis. Amine !... Il faut tout faire pour mettre notre Armée dans une situation confortable et à tous les niveaux, pour en faire une armée exclusivement républicaine à l’image d’un grand Mali juste et solidaire. Payons nos impôts pour que tous les besoins de notre Armée proviennent de notre budget national sans mendicité. Celui qui veut la paix, prépare la guerre sans être «  un va-t-en-guerre ». Nous faisons confiance aux déclarations récentes de notre ministre dela Défenseet des Anciens Combattants, le général Sadio Gassama, qui est un grand soldat dela République. Nuln’en doute. Bonne chance au peuple malien et à son Armée! Vive le Mali avec une armée républicaine forte! Vive la paix pour notre pays, l’Afrique entière et le monde! Vive le Mali dans toute sa diversité !  Par Yacouba Aliou

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