Nos putschistes ne savaient pas que les événements du coup de force du 22 mars et les affrontements sanglants contre le régiment des bérets rouges allaient les rattraper. Ce coup de force d'Amadou Haya Sanago s'est soldé par de nombreuses victimes civiles et militaires. Cela ne fait plus de doute. A la date d'aujourd'hui, le bilan est significatif et estimé à des centaines de morts et les dégâts matériels sont eux inestimables.
Les incidents regrettables du 30 avril au 1er Mai 2012, présentés par certaines presses comme la guerre des bérets rouges contre les bérets verts, ont engendré des plaies difficiles à guérir. Au moment où notre pays avait besoin d'une armée soudée, regroupée autour d'une seule mission, pour la reconquête des 2/3 du territoire national occupé par des bandits de tous bords, nous assistons à des scènes déplorables. La semaine dernière, Bamako a vécu, sous des balles et des coups de canon, des scènes atroces de tueries collectives. La machine de guerre enclenchée dépassait la normale.
Au bilan de ces carnages, dans la mi journée du mardi, il a été dénombré plusieurs victimes, une bonne cinquantaine au 33 ème régiment des commandos parachutistes de Djikoroni-Para et 57 à la morgue du Gabriel Touré. Incroyable mais vrai ! Dans les rues de la Commune IV, où se trouve le camp para des commandos, des militaires scandaient la fin funeste des bérets rouges. Tant l'ampleur de la tuerie avait dépassé tout entendement.
Le spectacle était ahurissant : une armée républicaine au service de la Nation vole en éclats en s'adonnant à une véritable guerre fratricide. Du jamais vu dans l'histoire récente de notre pays.
De sources dignes de foi, les enquêteurs de la Cour Pénale Internationale étaient dans nos murs, depuis le coup de force du 22 mars jusqu'aux récents événements du 30 Avril et 1er mai 2012. Ils ont donc tout vu, tout filmé sur ces massacres de soldats.
Ils ont pu se procurer des bandes sonores, des photos inédites et des témoignages édifiants qui pourront intéresser, selon nos sources, la CPI. A partir de ces éléments, l'opinion nationale et internationale sera édifiée sur les responsabilités individuelles et collectives dans des atrocités commises sur des soldats désarmés, mais pourchassés et traqués.
Avec ces éléments de preuve, répertoriés par des enquêteurs de la CPI, il est fort à parier que le dossier du Mali, lié à ces atrocités, se retrouvera sur la table du nouveau procureur de la Cour Pénale Internationale. Autant dire que la junte malienne, avec à sa tête le capitaine Amadou Haya Sanogo, a désormais du souci à se faire.
Pour qui connaît la dextérité de Fatou Bensouda, la procureur qui prendra fonction en juin prochain, on comprend alors que le dossier Mali, lié à ces atrocités commises sur des soldats, fera parler de lui. En dehors de Gbagbo, du cas de la Guinée Conakry, voici l'ex-junte militaire du capitaine Sanogo dans le collimateur de la justice internationale. Comme quoi les coups d'Etat ne font pas bon ménage avec la justice…
Si ce dossier retient l'attention des juges, comme le pensent certains observateurs, la magistrate gambienne Fatou Bensouda sera celle qui aura la responsabilité de conduire le procès du chef de l'ex-junte.
Avant tout procès, la CPI enquêtera de manière impartiale sur les événements tragiques vécus à Bamako. Ce n'est qu'après ces enquêtes, ponctuées par des prises de photos, le film des scènes de guerre avec la présence des enquêteurs sur le théâtre des opérations, que la CPI pourra émettre des mandats d'arrêt contre des membres de l'ex-junte militaire du capitaine, soupçonnés d'atrocités de guerre sur des soldats du régiment des commandos dont le seul tort aura été d'être des éléments de ce corps d'élite de l'armée malienne.
La CPI peut enquêter au Mali. Les statuts de Rome, signés par les États membres dont le Mali, donnent l'autorisation à la justice internationale d'émettre des mandats d'arrêt qui sont mis en œuvre par les justices nationales.
A bon entendeur…
F.M