Rien que des maudits au service de la bêtise humaine, c'est le moins que l'on puisse dire des pensionnaires du camp des parachutistes de Djicoroni. Quand on n'a rien dans la cervelle, alors que la poitrine est bombée de rancœur, on devient plus débile que les locataires d'un asile de fous. C'est ce qui a poussé les bérets rouges à s'attaquer au pouvoir en place, le 30 avril 2012, avec la complicité de mercenaires, pour dit-on acquérir la garde présidentielle. Mais le Capitaine Sanogo et ses hommes ont riposté avec la dernière rigueur. Cette rigueur qui manque à notre armée dès lors qu’il s’agit de combattre la rébellion. Quelle armée avons-nous face à la défense de l’intégrité territoriale ?
En cette fin d'après-midi du lundi 30 avril 2012, des commandos parachutistes s'attaquent à l'Office de radiodiffusion nationale du Mali, station de Bozola, pour tuer à bout portant les quelques bérets verts en sentinelles à la porte. Ils prendront momentanément le contrôle des lieux avant d'être défaits par les renforts fidèles au Capitaine Sanogo qui ont repris le contrôle.
Au même moment, d'autres bérets rouges s'attaquent aux agents en charge de la sécurité à l'aéroport de Bamako-Sénou. Le vol d'Air France, ajourné la veille pour les mauvaises conditions météorologiques, et annoncé pour 20 h, est alors bloqué. Environ 500 personnes (passagers et agents de l'aéroport) sont enfermées dans les toilettes par les bérets verts en service qui ont voulu ainsi les sécuriser. Mais celui-là même qui a fermé la porte des toilettes aura la tête amputée par des balles des bérets rouges qui ont également arraché la jambe d'un autre béret vert. Il n'y a pas eu que des blessés et des morts par balles, mais aussi des passagers blessés par les fragments de vitres bisées. Il a fallu attendre 1 h du matin pour instaurer le calme à l'aéroport et faire évacuer plus tard les lieux.
Comme si cela ne suffisait pas, les bérets rouges et leurs acolytes de mercenaires ont osé prendre la destination de Kati. Alors ce fut le carnage, la défaite fut sanglante, et ce fut le sauve qui peut du côté des maudits de la République. Il y en a qui criaient à se fendre la bouche. La chasse aux bérets a duré toute la nuit et toute la journée du mardi 1er mai 2012, au niveau des services, des domiciles et même au grand marché de Bamako. Des bérets rouges se sont jetés dans l'eau du fleuve, d'autres dans les caniveaux avant d'être abattus, notamment vers l'hôtel Azalaï El Farouk (Kempesky).
Pour boucler la boucle, les hommes de Sanogo ont pris d'assaut le camp para de Djicoroni qui, depuis la veille, était sous haute surveillance des bérets rouges. Les bérets verts ont tout défait pour en faire un passage place publique. Spectacle désolant.
A vouloir récupérer le service de la garde présidentielle sinon défendre un président déchu et démissionnaire, aujourd'hui en exile, les bérets rouges ont sabordé tout le crédit accordé à ce corps d'élites tant estimé par les populations suite aux événements du 26 mars 1991. Ceux qui ont échappé à la mort méditent aujourd'hui sur leur sort, en prison ou à l’hôpital. Et comprendront que plus jamais Att ne reviendra au pouvoir au Mali. Même si on lui donne tout l'or du monde.
Avec ces affrontements sanglants, l’armée malienne ne fait que plonger davantage les populations dans l’inquiétude et le désarroi. Si le 22 mars 2012 nombreux étaient les Maliens à prendre parti pour le Capitaine Sanogo et ses hommes, aujourd’hui s’installe peu à peu la déception, voire l’effritement de la confiance placée en eux. Nombreux sont ceux qui commencent à douter que les soldats manquaient d’armes et de munitions pour vaincre les rebelles notamment au niveau du camp de Gao. Beaucoup de gens ont vite fait d’oublier qu’avec le coup d’Etat, il y avait une situation de non Etat qui ne favorisait pas les combats. Car pour se battre, il faut un commandement sur le terrain, et un haut commandement. Avec le coup d’Etat, et le manque de confiance en l’autorité de commandement, l’affaire Gamou en est l’illustration, l’armée malienne était sans repère. Il fallait réorganiser la troupe et procéder à son réarmement moral. Malheureusement l’armée malienne est depuis le coup d’Etat préoccupée par d’autres contingences que la libération du Nord. Ou disons que plutôt que l’intégrité territoriale, c’est l’intégrité de son pouvoir qui semble préoccuper le Capitaine Sanogo. Dans ces conditions, il n’a pas osé les soldats au Nord, attendant une préparation qui tarde à se réaliser. Or tant que les soldats resteront à Bamako, Sanogo doit se savoir davantage en insécurité. C’est en fait un couteau à double à tranchant. Et les événements du 30 avril 2012 témoignent que l’heure est plus que jamais à la libération du Nord par les armes qu’ils utilisent à effrayer les paisibles populations.
Trop c’est trop, l’armée doit prendre maintenant la destination Nord Mali. C’est la première mission confiée au gouvernement, c’est la première attente des populations à l’endroit du CNRDRE. Qui peut le démentir ?
Mamadou DABO