Crise au Nord : Entre le MNLA et Ançar Dine, qui est l’ennemi du Mali ?

Hier, aux environs de 18h, des informations en provenance du Nord indiquaient que les villes conquises par les rebelles étaient calmes et que les populations vaquaient à leurs occupations, mais avec la psychose, surtout à Tombouctou où le MNLA semble en vouloir à Ançar dine. Les raisons de ce divorce et la vision de deux mouvements : le premier dit se battre pour l’indépendance de l’Azawad, et le second, qui se dit  malien, se bat pour l’instauration de la « Charia ». Mais entre ces deux mouvements, qui est vraiment l’ennemi du Mali ? Les Maliens se souviendront pour longtemps de cette crise du Nord. C’est au plus fort de cette crise, alors que le Président ATT donnait de l’espoir à tout le peuple, que quelques éléments de l’armée mirent fin à son règne. Il a fallu cette fin brutale pour que les citoyens se rendent compte que le Président déchu était en train de les bluffer depuis le début de la rébellion car  l’armée malienne n’a rien comme armements, contrairement  à  ce qu’ATT avait prétendu mordicus. Ainsi, après ce chaos militaire, les rebelles ont conquis les trois grandes villes du Nord. Dès lors commence une querelle entre les frères d’hier car les idéologies après la conquête ne sont plus les mêmes.  Iyad Ag Ghaly, le responsable d’Ançar dine, ne veut pas entendre parler d’indépendance des régions Nord : il est pour la République, mais veut instaurer la « Charia » dans cette partie du territoire. Au même moment, le chef du mouvement national de l’Azawad, Mahmoud Ag Aghaly, parle d’indépendance des régions Nord pour en faire une nouvelle République. Toute chose qui a fait monter la tension entre les frères d’hier. Le  MNLA a trahi la «lutte» après la conquête des régions Nord. Pourtant, la sécession du territoire n’arrangera rien à la souffrance des peuples du Nord, mais à aggraver la situation de ces derniers. « Faux ! » réplique le MNLA qui dit que l’heure est enfin venue pour que les fils de l’Azawad prennent leur destin en main afin de mieux s’épanouir. Quid du tandem MNLA-Ansar dine ? Depuis quelques jours, le MNLA n'est plus quand officiellement en très bons termes avec son frère d’Ansar dine qui a décidé, lui aussi, de réclamer la paternité de la rébellion. Mais aujourd'hui, avec l’évolution des choses, le MNLA de Mahmoud Ag Aghaly et Ansar dine de Iyad Ag Ghaly, qui étaient des acteurs-clés du mouvement armé, semble se tirer mutuellement dessus sur le terrain. Hier ensemble pour la guerre, ils sont aujourd’hui désormais séparés par des divergences sur les objectifs de la «lutte». Mais une chose est d’autant plus inquiétante : au nom de l'intérêt supérieur de la Nation, si les populations sous leur contrôle souffraient des effets de la crise et que la situation économique du pays se désagrégeait de jour en jour, que feront-ils alors ? Ces ruptures, on l’a compris,  présentent un tout petit espoir pour la junte. Le président du CNRDRE, qui a fait le coup pour en finir avec la rébellion, se trouve dans un dilemme dramatique : soit il choisit de suivre désormais les résolutions de la CEDEAO, soit il n’en fait qu’à sa tête et en récolte les pots cassés. Dans ce face-à-face entre les frères d’hier se trouve désormais la clé du succès du processus d’unité du pays  car à force de s’affronter, ils (MNLA et Ançar dine) oublieront que l’armée nationale est là, prête à les chasser si l’on leur donnait les moyens logistiques militaires. Et de sa cachette, le Président ATT observe, tandis que les Maliens croisent les doigts, touchent du bois et...prient. Yapi N’guessan