Convention nationale initiée par la junte : Une fuite en avant du capitaine Sanogo

5 Avr 2012 - 00:20
5 Avr 2012 - 01:10
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Face à la crise institutionnelle, à l’embargo total décidé par les chefs d’Etats de la Cedeao et à la progression fulgurante de la rébellion armée sur le terrain, la junte dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo ne sait visiblement plus où donner de la tête. En effet, après les déclarations lénifiantes faites par le chef des putschistes à la veille de l’expiration de l’ultimatum de la CEDEAO exigeant le retablissement immédiat de l’ordre constitutionnel, le CNRDRE vient de  décider de la tenue d’une Convention Nationale le jeudi 5 avril, c'est-à-dire aujourd’hui même.   Cette initiative qui vise, selon le capitaine Sanogo, à permettre au Mali de sortir de la crise dans lequel il a été brutalement plongé depuis le coup d’Etat perpétré le 22 mars 2012, suscite cependant de nombreuses interogations. Quels sont les contours de cette fameuse Convention nationale ? Quels en sont les objectifs ?  Pourquoi tant de précipitation pour organiser un forum qui aura  pourtant à se pencher sur des questions aussi dlicates que la  résolution de la crise  institutionnelle consécutive au putsch, les questions sécuritaires, ou celles relatives aux négociations éventuelles avec les mouvements rebelles ? Les objectifs visés par la junte La tenue d’une Convention nationale par les auteurs du putsch avait été certes annoncée dès les premières déclarations du Cnrdre. Mais de toute évidence, la convocation précipitée de ces assises, qui auraient dû logiquement consacrer l’aboutissement d’un procesus de normaisation politique,  obeit à des calculs politiques précis. Face au tollé provoqué par leur action contre les institutions républicaines, et surtout face aux menaces que font planer sur la survie politique du Cnrdre et de ses alliés, les nouveaux mâitres de Bamako ont dû radicalement changer de fusil d’épaule, en improvisant une bien illusoire voie de sortie de crise. Ce faisant, le capitaine Sanogo et ses alliés de circonstance poursuivent deux objectifs majeurs : constituer un front national, qui avaliserait un schéma de sortie de crise faisant la part belle au Cnrdre ou à ses principaux membres en les légitimant comme partie prenante, et d’autre part isoler la Cedeao, qui se trouverait alors en porte - à - faux avec les acteurs nationaux de la crise politique. La convocation d’une Convention  nationale sans que ni le mandat, ni la composition de l’instance ne soient clairement déclinés, procède d’une manœuvre tactique, destinée à contourner l’exigence absolue de retour à l’ordre constitutionnel posée par la Cedeao. Quant au but ultime poursuivi à travers la convocation d’une Convention nationale, il se déduit tout aussi clairement : les putschistes veulent diffférer les échéances en recourant aux manœuvres  dilatoires et aux artifices,  tout en créant les conditions d’un divorce entre l’opinion publique nationale malienne et la communauté internationale. En effet, cette volonté transparait dans le discours nationaliste et populiste qu’ils tiennent depuis leur coup de force, pour tenter de discréditer la communauté internationale et légitimer ce qu’ils appellent une solution spécifique malienne de sortie de crise. Cette solution n’est autre, faut - il le rappeler que le refus délibéré  du retour à l’ordre constitutionnel sous - tendu par la volonté de rester aux affaires vaille que vaille en dirigeant une future transition. La junte peut - elle réussir son pari ? Rien n’est moins sûr. En effet, deux constats amènent à douter sérieusement des chances de succès de la junte dans son entreprise désespérée de se maintenir à la tête du Mali. Le premier tient à la doctrine désormais mise en pratique par la Communauté internationale et les organisations régionales et sous – régionales face aux coups d’Etat, qu’ils soient militaires comme en Guinée, ou constitutionnels comme ce fut le cas récemment en Côte d’Ivoire. La règle se résume désormais en ce domaine en deux mots : tolérance zéro à l’égard des putschistes et application systématique de sanctions politiques, diplomatiques, économiques, individuelles et financières. Le second constat, qui incite au scepticisme quant aux chances de réussite de la junte, c’est l’opposition résolue du Fudr au coup d’Etat, qui regroupe les forces politiques et sociales les plus  représentatives du Mali. On peut, sans risque de se tromper, affirmer que le Cnrdre agira en pure perte aussi longtemps que ses initiatives se heurteront à l’hostilité de ce regroupement comprenant, excusez du peu, l’Adema – Pasj, l’Urd, Le Pdes, le Rpm et surtout la plus grande centrale syndicale malienne : l’Untm. Aux dernières nouvelles, l’on apprend d’ailleurs que le Fudr a décidé  à l’unanimité de boycotter la Convention Nationale convoquée par la junte, après une réunion tenue hier par ses membres au cours de laquelle elle a exprimé son opposition à toute solution qui irait à l’encontre des recommandations de la Communauté internationale. Birama FALL

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