1er congrès ordinaire de la FA-UJA : Les jeunes Avocats résolus à occuper leur place dans le processus de développement du continent
Dans le souci de traiter les questions liées à l’indépendance et à la souveraineté des Etats africains qui sont en train de subir une mutation dictée davantage par le rapport des forces économiques et militaires que celles juridiques et légales, le Centre international de conférences de Bamako a abrité, du 9 au 12 novembre 2011, le 1er Congrès de la Fédération Africaine des Associations et Unions de Jeunes Avocats (FA-UJA), sous le thème : ‘’Quelle Afrique pour les Jeunes Avocats’’.
La cérémonie d'ouverture de ce premier congrès qui a été coparrainé par les présidents M. Amadou Toumani Touré et Me Abdoulaye Wade, respectivement du Mali et du Sénégal, a été présidée par le ministre malien de la justice, garde des Sceaux, Maharafa Traoré.
A noter que ce 1er congrès a également enregistré la présence entre autres du bâtonnier de l’ordre des avocats du Mali, Me Issiaka Keita, du président de la Fédération Africaine des Associations et Unions de Jeunes Avocats (FA-UJA), Me Antoine Mbengue, de la présidente de l’Associations des Jeunes Avocats du Mali, Me Camara Nadia et plusieurs acteurs de la justice.
L’objectif de cette rencontre était de créer un cadre d’échanges et de partages de connaissances qui traitera des questions entre autres, la définition des grandes orientations de la FA-UJA ; l’adoption du rapport moral et financier; offrir aux Jeunes Avocats un espace d’échange, de partage d’expérience sur leurs conditions d’exercice de la profession ; débattre sur des thèmes d’actualité à travers des panels animés par de grands orateurs ; former les jeunes avocats à travers des ateliers et enfin favoriser la création de réseaux entre les Jeunes Avocats pour promouvoir la solidarité entre jeunes confrères.
Dans son discours de bienvenue, Me Camara Nadia, présidente de l’Association des Jeunes Avocats du Mali a rappelé que ce premier congrès sera organisé dans un contexte où l’Afrique vit, au quotidien, de graves crises politiques, institutionnelles, sociales et économiques, où l’Afrique se balkanise davantage avec la création d’un 54e Etat, où le rapport entre les pays africains et les pays occidentaux se redessine. «Après cinquante années d’indépendance, la quasi-totalité des pays africains connaissent des situations peu désirables (pauvreté, famine, maladie, chômage, crises scolaires et universitaires, immigration) bien qu’ils regorgent de ressources naturelles, minières, halieutiques, forestières. Nos institutions politiques, judiciaires, administratives sont grippées et peinent à fonctionner démocratiquement. La justice est la plus décriée dans la plupart des Etats africains. Les droits de l’homme sont les choses les moins partagées, les droits de la défense de plus en plus bafoués, avec des avocats emprisonnés ou brimés. Tout ceci se dénomme mal gouvernance politique et économique, nationale et internationale» a-t-elle déclaré. Abondant dans le même sens, le bâtonnier du Mali, Me Issaka Keita a rappelé que le sort de l’Afrique est dans les mains de la jeunesse. « Le rôle de la jeunesse est de conforter quotidiennement les citoyens dans leurs aspirations de vivre dans un Etat de droit » a-t-il rappelé.
A noter que pour la circonstance, des délégations sont venues du Bénin, du Burkina Faso, de la République Démocratique du Congo, du Congo Brazzaville, de la Côte d'Ivoire, de la Guinée Conakry, de la Mauritanie, du Niger, du Rwanda, du Sénégal, de la Tunisie et du Togo. D'autres délégations sont venues de la France, de la Belgique et des Pays-Bas. Durant quatre jours, les participants ont traité des sujets d'actualités comme d'avenir, non seulement pour leur profession, mais surtout, des sujets au cœur du développement du continent africain. Rappelons que la clôture de ce congrès a été marquée par une conférence de presse sur les rapports de l’ensemble des activités du congrès, à l’hôtel ‘’Sofitel de l’Amitié’’, sous la présidence de Me Nadia Camara.
Ibrahim M GUEYE.
Les Réactions
Maître Antoine Mbengue, à propos du 1er congrès ordinaire FA-UJA
«Le combat à mener pour le jeune Avocat est de décrier les tares qui gangrènent le continent»
Le Prétoire: Pourquoi Bamako pour abriter ce premier congrès ?
Me Antoine Mbengue: Le choix de Bamako se justifie pour plusieurs raisons :
D’abord sachez que c’est en 2008 ici à Bamako que les jeunes Avocats ont décidé de créer la Fédération Africaine des Associations et Unions de Jeunes Avocats (FA-UJA). Donc nous avons pu en 2009 mettre en place, cette fédération à partir de Dakar lors de la rentrée de la conférence de stage du barreau de Dakar. De 2009 à maintenant, le mandat du premier bureau de cette fédération étant arrivé à terme, alors nous avons estimé que revenir à Bamako nous permettrait de faire un bilan mais également la symbolique était importante pour nous.
Quels sont les objectifs visés par l’association ?
L’association est d’abord une association des jeunes avocats. L’objectif visé c’est d’avoir un cadre de discussion, d’échanges d’expériences pour les barreaux même si l’objectif visé est partout pareil, les barreaux n’ont pas les mêmes réalités économiques même juridiques. Aujourd’hui l’idée est que chaque jeune barreau puisse profiter de l’expérience positive qui se passe ailleurs et au fur et à mesure, nous tendrons vers l’amélioration des conditions d’exercice de la profession partout en Afrique.
Quel est le combat à mener face aux enjeux des réalités socio-économiques et politiques en Afrique ?
Notre combat est d’abord de faire en sorte qu’il n y ait pas de barrière juridique. Déjà avec l’harmonisation à travers l’OHADA, les barrières juridiques commencent à tomber. Aujourd’hui le premier combat que nous voulons en Afrique d’abord c’est de faire en sorte que chaque Avocat, de quelque pays, puisse se déplacer dans un autre pays pour défendre les droits et liberté, l’état de droit, la démocratie, parce que je pense que c’est le combat des avocats. Nous devons être en première ligne de ce combat en Afrique. Aujourd’hui, on constate qu’il y a beaucoup d’élections truquées, il y à beaucoup de guerres civiles parce que la liberté des uns et des autres n’est pas respectée et il est pour nous un combat à travers cette fédération, de faire en sorte que, quel que soit le pays concerné, qu’il n y ait pas de barrière juridique, que les avocats puissent se mouvoir dans tous les pays pour le combat de la liberté et de la démocratie et c’est à travers des organisations comme La FA-UJA, nous parviendrons en collaboration avec d’autres acteurs de la société à réussir l’unité africaine. Mais la réussite passera nécessairement par ces regroupements, ces combats d’entités, mais ça ne sera jamais un soulèvement global. Il faut que chaque entité s’organise pour réaliser ses priorités.
Après ces travaux, quelles sont vos impressions et vos attentes ?
Après ces travaux, nous avons pu remarquer qu’il y à une grosse participation de beaucoup d’Etats dans la mesure où beaucoup de délégations sont représentées et cela est déjà une bonne chose et les gens ont compris l’intérêt de la fédération. Aujourd’hui le combat est que les jeunes avocats doivent croire en eux d’abord, parce que c’est des personnes ressources au sein de différents pays mais aussi des personnes ressources pour l’Afrique. Le défit c’est de faire en sorte que tout ce qui sont de mauvaises graines puisse être éradiquées et que les gens soient éduqués à la déontologie et au respect des règles professionnelles pour que mêmes les justiciables pour qui nous nous battons puissent se rassurer et compter sur un avocat pour défendre leurs intérêts. Donc le combat est que l’avocat puisse être partout respecté parce qu’il tient sa profession par rapport à ces règles d’exercice.
Me Camara Nadia, présidente de l’Associations des Jeunes Avocats du Mali et secrétaire exécutif de la Fédération Africaine des Associations et Unions de Jeunes Avocats (FA-UJA), nous parle des difficultés rencontrées par les jeunes avocats du Mali au cours de l’exercice de leurs fonctions.
Les difficultés sont diverses. Et il me plait de les classer en deux ordres qui sont entre autres subjectif et objectif. Sur le plan objectif d’abord, c’est des difficultés relevant de la précarité financière des jeunes avocats qui se traduisent par une faiblesse des primes de stage et des commissions d’office. Il est important de retenir que le jeune avocat se résume en deux catégories. D’abord, l’avocat stagiaire, qui est celui qui vient d’accéder au barreau par l’obtention du CAPA (Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat) et aussi c’est l’avocat qui vient juste de finir son stage. C’est vrai que les PIB par pays ne sont pas les mêmes donc ce qui reflète sur la vie économique, même des avocats mais, on se doit de revaloriser les missions, les services car un avocat, au-delà de l’aspect privé qui le lie à son client en aidant la justice, sa contribution est assimilée à une mission de service public. Donc pour cela la rémunération à laquelle il a droit ne lui permet pas de subvenir même à ses besoins essentiels. Aussi, le jeune avocat est confronté à des difficultés de formation au cours de l’exercice de sa profession dans la mesure où il n’a pas la capacité de se faire une clientèle et souvent on le lui interdit d’ailleurs.
Me Boubacar Macalou, avocat stagiaire au barreau du Mali et un des rapporteurs du congrès
Je pense que ce premier congrès ordinaire de la FA-UJA, constitue pour nous jeunes avocats, une immense opportunité de formation susceptible d’améliorer de façon qualitative les connaissances juridiques indispensables à la pratique de la profession d’avocat. C’est pourquoi les jeunes barreaux au sein de la FA-UJA, se doivent dans un élan de solidarité multiplier ce genre de contact entre jeunes avocats du monde en général et d’Afrique en particulier afin d’offrir aux avocats stagiaires que nous sommes devenus de meilleures opportunités de formations.
Mes propos se trouvent justifiés à plus d’un titre par la pertinence des thèmes débattus à partir des ateliers de formations notamment la procédure d’arbitrage, la cyber criminalité, la garde à vue en Afrique, les procédures simplifiées de recouvrements des créances, le défi du droit du marché à l’international pour les jeunes avocats, l’ingérence humanitaire et souveraineté des états. Autant de thèmes dont la pertinence ne s’aurait être mise en doute.
Aussi, je m’en voudrais de ne pas saluer l’immensité du travail accomplie par les organisateurs de ce 1ercongrès de la FA-UJA tenu à Bamako. Je salue par la même occasion les confrères d’ici et d’ailleurs qui nous ont honorés de par leur présence. Qu’ils en soient remerciés.
Propos recueillis par Ibrahim M GUEYE
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