Enquête judiciaire contre les chefs des bérets rouges : L'armée doit se réconcilier avec elle même et non se s’affaiblir dans les règlements de comptes
Dans un communiqué rendu public le mercredi 30 mai dernier, le procureur de la République près le Tribunal de première instance de la commune III du district de Bamako, Sombé Théra, a décidé d'ouvrir une enquête judiciaire contre une dizaine d'officiers militaires arrêtés suite aux affrontements sanglants des 30 avril et 1er mai entre les bérets verts et les bérets rouges. Sur la liste on relève le Général de Brigade Hamidou Sissoko dit Man, ancien directeur de la Sécurité d'Etat et proche d'ATT, le commandant d'aviation Mamadou Lamine Konaré dit ''Mala'', fils aîné de l'ancien président Alpha Oumar Konaré, le Colonel Abidine Guindo, ancien aide de camp d'ATT et chef du Régiment de la compagnie parachutiste jusqu'au coup d'Etat.
Sans engager un débat sur l'opportunité ou l'inopportunité de cette décision judiciaire dans le contexte actuel que traverse le Mali notre pays depuis le coup d'Etat, elle donne matière à réflexion. Dans la mesure où, aujourd'hui, le Mali a besoin de tous ses fils, notamment au sein des forces armées et de sécurité. L'armée malienne, après, sa débâcle au nord, a une dette vis-à-vis du peuple malien qui a toujours cru en elle et lui a toujours accordé sa confiance. A l'heure actuelle, cette armée n'a pas besoin de s'installer dans un cycle de violences et de vengeances inutiles.
Le Mali doit être au dessus de tout, le peuple doit se réconcilier et l'armée, partie intégrante de ce peuple, doit en faire autant pour sortir le pays du chaos.
C'est dans cette optique que l'Assemblée nationale a adopté une loi d'amnistie en faveur des putschistes de mars dernier et leurs associés civils. Sinon cette loi d'amnistie va à l'encontre de la Constitution du 25 janvier 1992, qui stipule que ''tout coup d'Etat est un crime imprescriptible contre le peuple malien''. En d'autres termes, tous les membres du CNRDRE devaient être jugés et condamnés avec la dernière rigueur. Mais les représentants du peuple ont tordu le cou à cette application pure et dure de la loi pour " l'intérêt supérieur de la nation ". On est même allé au-delà en accordant des avantages d'ancien chef d'Etat au capitaine Amadou Aya Sanogo.Or, pour paraphraser le ministre nigérien des Affaires étrangères dans une interview qu'il a récemment accordée à la Voix de l'Amérique (VOA) et que nous avons transcrite pour nos lecteurs : " Le Capitaine Sanogo n'a eu que le mérite de faire occuper les deux tiers du territoire de son pays ".
Si le peuple a accepté autant de sacrifices c'est pour que le pays reste unit et fort face aux envahisseurs au nord.
Au même moment, l'armée, en tant qu'acteur incontournable dans la résolution de la crise, ne doit pas se mettre en marge de ce processus de réconciliation et de recherche de la cohésion. En effet, l'ouverture de cette enquête judiciaire, qui a été précédée de la décision unilatérale du Capitaine Sanogo de rayer définitivement de l'armée malienne la compagnie parachutistes (les bérets rouges) sont loin d'être des signes d'apaisement. Lui qui devrait être jugé et condamné à la peine maximum ne peut pas se permettre d'empêcher les autres d'avoir " cette grâce du peuple ". Par les temps qui courent, le Mali a besoin d'un réarmement moral des troupes pour bâtir une armée de combat mais pas d'une armée de règlement de comptes, pas d'une armée complice des fossoyeurs de l'ordre public et de la stabilité.
La justice ne doit, en aucune manière se rendre complice de ces errements de la part d'un capitaine décidé à prendre en otage le destin de tout un peuple. Ces poursuites judiciaires contre des officiers proches des anciens présidents de la République, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, sont de nouvelles manœuvres des putschistes de Kati pour continuer à maintenir la division et la haine entre les fils de ce pays, en nous déviant de l'essentiel : la cohésion nationale pour faire face à la crise du nord. Cet état de fait est inacceptable et le peuple doit rester vigilant face à ces dérives autoritaires mesquines. Loin de nous toute idée de défendre les personnes qui sont impliquées dans cette procédure judiciaire. Mais nous pensons que le pays n'a pas besoin de ce type de purge maintenant et des faits plus graves que ce qu'on leur reproche ont été pardonnés et même récompensés.
La justice détient un dossier sur lequel le peuple l'attend avec empressement, celui de l'agression physique du président de la République dans son bureau le 21 mai dernier. Mais l'on a la désagréable impression que l'enquête ouverte par la gendarmerie nationale patauge et qu'on veut faire du saupoudrage. Les vrais auteurs et leurs commanditaires sont connus de tous, sauf des enquêteurs Youssouf CAMARA
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