Répondre par l'affirmative à cette question serait aller un peu vite en besogne tant les acteurs avaient cru à cette ultime tentative de bouleversement. Mais il n'y a rien à faire le mouvement d'incompréhension et de révolte du lundi dernier s'est estompé. La majorité des manifestants dominés par l'émotion de la semaine dernière ont finalement compris que l'accord avec la CEDEAO est un bon compromis en ces temps pour le Mali.
[caption id="attachment_62868" align="aligncenter" width="610" caption="Mr Oumar Mariko (SADI)"]

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Les leaders déterminés à se positionner par cette crise sont en passe de capituler, il ne pouvait en être autrement pour des aventuriers déterminés à se faire des postes dans leur " Mali nouveau ". Indéniablement, le mouvement de contestation contre le président Dioncounda Traoré avait été suscité par une succession d'incompréhensions.
D'abord la plupart des gens en colère n'avaient pas suivi l'actualité. Ainsi le samedi 19 mai, lorsque la médiation et le capitaine Sanogo annonçaient avoir eu un accord de principe, il était 22 h 00 passées à cause de la finale de la ligue Européenne de football ayant opposé cchelsea au Bayern. En outre le lendemain dimanche lorsque le Ministre Burkinabé des Affaires Etrangères Djibril Bassolé lisait les termes de l'accord signé, c'était aussi tard, car c'était encore, après la fin du journal télévisée de 20 heures et dans un flash spécial. Ainsi à travers le déroulement des événements, les populations ont eu l'impression que c'était sous la pression que le capitaine s'était engagé sur le bout des lèvres.
En effet, contrairement à son habitude lorsque l'actualité est importante, le capitaine apparaît à la télé pour annoncer l'information très souvent en français et en bambara. Mais tel ne fut pas le cas pour l'accord entre le CNRDRE et la CEDEAO, duquel tout le monde a retenu le statut d'ancien Chef de l'Etat accordé au capitaine Sanogo.
Pourtant les leaders de la contestation connaissaient bien le contenu qui mettait hors jeu le capitaine Sanogo. Cependant le lundi 19 mai ils ont organisé " un truc " au CICB qu'ils ont appelé Convention Nationale. Il est important de rappeler ici que la Convention Nationale avait été initiée par le CNRDRE et son Président, sa gestion confiée au président par intérim et au premier ministre. Alors de quel droit des individus ont pris sur eux la responsabilité d'organiser de telles assises fantômes ?
Face au sentiment que la CEDEAO a forcé la main au capitaine pour nous imposer un président, beaucoup de Maliens étaient frustrés. Mais de là à descendre dans la rue pour casser et s'attaquer aux gens, il y avait un pas à ne pas franchir. Ainsi en dépit de la colère ils étaient nombreux à ne pas participer à la marche bien que mécontents de la confirmation de Dioncounda comme président de la transition. Très vite donc les leaders sur les ondes de certaines radios ont fait de la désinformation pour aiguiser davantage la colère des populations.
Autrement les leaders de la contestation sont " plus royalistes que le roi… " Puisqu'il savent mieux que le capitaine ce qui est bon pour lui et pour le Mali. C'est d'autant drôle que l'avènement de l'accord avait apporté un sentiment de soulagement ; c'était sans compter avec la volonté d'individus désemparés.
L'incompréhension était aussi énorme du côté de la médiation, car pour elle ce n'est pas une logique de pro ou anti Dioncounda, c'est une logique de constitution malienne. C'est cette lecture que la CEDEAO a mise en avant, autrement si le président ATT était mort de façon naturelle dans le même contexte, est-ce qu'il y aurait eu ces interprétations, non. Alors nous sommes aussi dans cette situation puisque la junte après son coup a reculé en acceptant le retour à l'ordre constitutionnelle. Alors s'il y a retour à l'ordre constitutionnel, c'est de façon intégrale, donc pas de retour à moitié sur la base d'agissement d'éternels insatiables.
C'est justement dans la brèche des zones d'ombre que les aventuriers s'engouffrent pour s'agiter et déstabiliser. Sinon après la confusion, l'agression du président Dioncounda Traoré et la conclusion de la fameuse Convention Nationale, il était plus facile pour le capitaine Sanogo de dénoncer publiquement les agissements des perturbateurs, il ne l'a pas fait. Il était plus facile pour lui de paraître à la télé comme à son habitude pour dire qu'il a signé l'accord avec la CEDEAO et qu'il s'en tient à sa signature d'officier. Mais ce climat entretenu de va et vient, de suspens et de possible chamboulement crée une atmosphère invivable.
L'autre élément essentiel de cette analyste porte sans nul doute sur les leaders de la contestation. Franchement des individus comme Younouss Hamèye Dicko du RDS, Mamadou Gakou de la COPP, Oumar Mariko de la SADI, Hamadoun Amion Guindo de la CSTM, Perignama Sylla de BARIKA, que représentent ces gens sur l'échiquier politique malien pour appeler à la destruction de notre pays ? Ainsi même sur une importante vague de colère, ils sont en passe de perdre la face.
Le compromis avec la CEDEAO pour la transition est un accord responsable qui, loin d'être parfait, maintient le pays et évite de sombrer. C'et la voie de la sagesse qui rejette l'aventure et l'incertitude pour notre pays.
Il est important que le Premier ministre maintienne encore ses efforts avec l'ensemble du gouvernement pour sortir le pays de ce risque d'explosion, pour le reste ça attendra, car avec ces individus il faut être vigilant permanemment.
Attendons de voir ce que la suite nous réserve car avec ces individus qui n'ont appris que l'art de déstabiliser et de contester, il faut être vigilant. En tout cas, les différentes tentatives de meeting avortées de la semaine dernière, leur a permis d'apprécier à sa juste valeur leur marge de manœuvre face aux priorités du Mali de 2012, atteint dans son existence.
Youba KONATE