Côte d’Ivoire : Tidjane Thiam, le nouvel apatride ?
On le craignait. Le couperet est finalement tombé sur Tidjane Thiam. Le patron du PDCI-RDA a été radié de la liste électorale. La faute à un « sombre article 48 » du Code de la nationalité ivoirienne comme l’affirmait l’intéressé lui-même le mois dernier, lors d’une prise de parole devant les militants de son parti à Yamoussoukro.
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Côte d’Ivoire : Tidjane Thiam, le nouvel apatride ?
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Cet article 48 stipule clairement qu’un ivoirien majeur perd sa nationalité lors de l’acquisition volontaire d’une nationalité étrangère. Or il est visiblement prouvé que l’ex-patron du Crédit Suisse a été naturalisé français à l'âge de 25 ans. C’est du moins ce qu’indique la décision de la juge ivoirienne qui le radie de la liste électorale.
« Elle a estimé que le président Thiam avait perdu la nationalité ivoirienne quand il a acquis la nationalité française (en 1987) »
« La présidente du tribunal a rendu son délibéré. Elle a estimé que le président Thiam avait perdu la nationalité ivoirienne quand il a acquis la nationalité française (en 1987) et donc, elle a fait droit aux demandes des requérants et a ordonné la radiation du président Thiam de la liste électorale » a déclaré l’un des avocats du chef du PDCI Me Ange Rodrigue Dadjé. Après cette sentence, Tidjane Thiam avait naturellement les nerfs à vif. Mardi soir, il a dénoncé dans un communiqué « un déni de justice indigne d’une démocratie » et a martelé que son parti n’envisageait aucunement de présenter un autre candidat à la Présidentielle d’octobre 2025, en dehors de sa propre personne.
« C’est moi ou personne , nous ne présenterons pas d’autre candidat » a déclaré l'homme politique à l’AFP lors d'un entretien téléphonique.
Un code de nationalité voté sous le régime d’Houphouët Boigny, un des fondateurs du PDCI-RDA
En tout cas, c’est bien mal embarqué pour l’ex-patron de Prudential, puisque la décision rendue par le tribunal est sans recours. De plus, reconnaissons qu’il existe bel et bien un article 48 du Code de la nationalité ivoirienne, même s' il date des années 60. Sa vieillesse ne le rend pas pour autant caduque.
Et comme l’a rappelé en mars dernier, le porte-parole du gouvernement ivoirien Amadou Coulibaly, le code de nationalité contenant l’article controversé « a été adopté sous Félix Houphouet Boigny » dont M. Thiam est par ailleurs le petit-fils et qui est l’un des fondateurs du PDCI-RDA.
En politique, tous les coups sont permis et il y a ceux qui utilisent le droit pour écarter des adversaires politiques. Le RHDP a profité de ce code de nationalité, pour mettre en touche Tidjane Thiam, puisque c’est l’un de leurs militants Bernard N’Zi Kokora, qui est le principal auteur des poursuites.
Tidjane Thiam a beau dénoncer un déni de justice, mais le fait est qu’il n’a actuellement pas une grande marge de manœuvre. Même si la Cour de justice de la Cedeao qu’il veut saisir lui donnait raison, il est peu probable que l’Etat ivoirien exécute cette décision. Il lui opposera certainement le droit interne.
Naïveté ; manque d’anticipation
En définitive, il semble que le président du PDCI-RDA a péché par manque d’anticipation et par naïveté. S’il avait des conseillers bien imprégnés du droit ivoirien ils lui auraient certainement fait remarquer plus tôt cet article 48 du Code de la nationalité. Peut-être auraient-ils mis en place plus rapidement une stratégie de communication pour influencer le cours des événements.
On entend ses avocats dire qu’il a acquis la nationalité française par hérédité, parce que son père, Amadou Thiam , a quitté un Sénégal qui n’était pas encore indépendant. Il était donc de fait un citoyen français et son fils Tidjane devait hériter de cette nationalité à sa naissance. Pourquoi l’a-t-il acquis à l’âge de 25 ans ? De toute évidence, cette question n’intéresse plus la justice ivoirienne.
Finalement il est de quel pays ?
On peut maintenant se demander si le président du PDCI-RDA est désormais un apatride, puisqu'il a déjà été libéré de son allégeance à la France.
C’est de toutes les façons, une épreuve difficile pour l’ex-patron du Crédit suisse qui voit ses ambitions présidentielles se noyer.
Certains militants de son parti, en ont forcément pour quelque chose. On se rappelle encore de la plainte déposée par Valérie Yapo contre lui, pour obtenir sa révocation de la tête du parti au motif qu’il était français au moment de son élection en 2023. Jean Louis Billon n’a également pas facilité les choses à Tidjane Thiam en passant le clair de son temps à le critiquer. Cette atmosphère viciée a contribué à fragiliser le parti. La radiation de Tidjane Thiam de la liste électorale ne fera pas que des heureux au RHDP.
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