
Habituellement, les parents amènent leurs enfants à Bamako pour apprendre le saint Coran afin de devenir des marabouts, des maîtres coraniques ou des guérisseurs traditionnels, sans se soucier des difficultés qu’ils vont rencontrer dans une ville où ils ne connaissent d’autres personnes que leurs maîtres.
Un jeune mendiant de 10 ans du nom de Samarai, d’origine peulh, qui se promène de porte à porte pour trouver à manger dans la ville de Bamako, du matin au soir, nous confie : «Nous sommes obligés de sortir pour mendier et nos maîtres nous forcent à leur rapporter une somme chaque jour. Pour moi, ça varie entre 500 et 700 Fcfa. Quand nous rentrons, nous mangeons les aliments déjà préparés qu’on nous a donnés durant la quête de l’aumône. Après avoir mangé, nous commençons par apprendre et à réciter les sourates. Moi, je suis arrivé à ‘Kalanso’, il y a deux ans».
Il ajoute : «Si nous n’arrivons pas à rassembler la somme exigée, on nous frappe et on nous demande d’amener le double le lendemain. Dans ce cas, nous dormons dans la rue et nous ramassons des t-shirts sales ou déchirés que nous trouvons dans les ordures pour porter, sauf si les gens nous donnent de vieux habits»
Demandant l’aumône, ces enfants profitent pour s’amuser au Play station, au jeu de billes ; jouer au ballon avec les enfants de leur âge. Ce qui leur permet d’oublier un tant soit peu leurs souffrances. Et vers 18 heures, ils sont obligés d’aller demander l’aumône pour pouvoir rentrer à la maison. Ils sont habitués à se lever très tôt, alors que leur âge ne leur permet pas cela, et ils restent tard la nuit dans les rues de la capitale. Ce qui n’est pas du tout normal !
Dans ces conditions de mendicité imposée, ces enfants ne peuvent devenir que des voleurs, des bandits et des délinquants. Et dire que les enfants ont des droits dans ce pays, c’est vouloir amuser la galerie !
Oumou Traoré (stagiaire)