Analyse de l’intervention du Pm Abdoulaye Maiga à la Tribune des Nations Unies : Un discours franc en majorité et distrait en partie
Le Premier du ministre par intérim du Mali Colonel Abdoulaye Maiga a prononcé ce samedi 24 septembre 2022, le discours du Mali du débat général de la 77ème Session ordination de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Si bien vrai, le discours du Mali était attendu de tous les observateurs de la géopolitique, une fois de plus le Mali vient pour une deuxième fois marqué son emprunt à cette session de 2022. Les commentaires fusent de partout d’aucuns diront que c’est une légitime défense ou un discours plus belliqueux où le Mali est arrivé à un point de non-retour.
Pour le Professeur des lettres modernes de l’Université de Bamako, c’est un discours franc en majorité et distrait en partie. En s’expliquant que le discours du Premier ministre par intérim à l'ONU était très bon dans certaines parties. Précisément, les désaccords et incompréhensions entre le Mali et la France, les préparations des élections, les combats contre l'insécurité. Cependant, le PM a été distrait et même contradictoire dans certaines parties à savoir la référence faite à la nationalité de Bazoum. Ayant précisé dans la partie consacrée au dossier des "49 personnes arrêtées en possession d'armes" que l'administration malienne ne se réfère pas à l'oralité et s'en tient à la décision de la justice, chose que je salue, lui-même a agi contre ce principe en déclarant, sur un simple constat et je ne sais lequel, que Bazoum est un étranger au Niger. C'était une erreur. L'Ironie et l'humour sont des figures de style à éviter dans une si sérieuse situation car Camus nous dit : " cette attitude qui consiste à ne pas prendre le tragique au sérieux n'est jamais assez grave mais il finit toujours par rattraper son homme". La métaphore footballistique utilisée à propos du 3ème mandat n'était pas appropriée à un si haut plateau ni dans une si sérieuse situation. Pour finir, j'ai trouvé moins sûres les références faites à l'Accord d'Alger. Il a réitéré l'importance que le Gouvernement de transition porte à son application mais les difficultés liées à celle-ci qui nous font traîner depuis une décennie n'ont pas été évoquées. Ç'aurait été une bonne occasion de dire clairement ces difficultés. Pour les prochaines fois, dîtes à son excellence Monsieur Abdoulaye Maïga, de garder le ton magistral auquel il nous a habitué sans humour ni ironie et surtout, qu'il évite de parler des personnes pour ne parler que des principes.
De sa part , notre confrère Ahmed Newton Barry doutera du panafricanisme des autorités de transition du Mali car s’interrogera t’il ainsi Bazoum n’est pas nigérien ! Avant de s’exprimer sur le discours par rapport à la nationalité du Président du Niger.
Pour lui, les nouveaux panafricanistes ont un problème avec la logique. Panafricaniste suppose que chaque africain est partout chez lui en Afrique. Alors comment on peut dénier la nationalité d’un africain? A cause de la couleur de sa peau? Il y a eu l’ellipse de la culture en argument. Mais dans ce cas, il eut fallu dire «Bazoum n’est pas africain… », parce que l’aspect de la culture qui est convoqué n’est ni exclusivement malien ni exclusivement nigérien. C’est un trait de caractère africain. Et même là, ç’aurait été malséant… Il faut manier ces choses-là avec précaution, même de façon lyrique et surtout pas sur une tribune des Nations-Unies. En ces moments sombres de l’ethnicisme en Afrique, il faut magnifier le peuple nigérien du choix qu’il a fait. Ce que dit en creux, le premier ministre Maiga, c’est qu’un arabe malien ne serait pas « assez malien » pour être président au Mali.
Ce faisant, il détricote, sans le réaliser sûrement, tout son argumentaire sur les accusations de ciblage ethnique dans la conduite de la guerre contre le terrorisme au Mali qu’il avait si brillamment construit. Le panafricanisme n’a pas besoin d’excès pour s’affirmer et s’imposer. Les chinois sont aujourd’hui un exemple qui montre qu’on peut y arriver sans en vouloir à toute la terre entière. Pourtant la colonisation aussi y a été brutale. Celle des européens et aussi celle des Japonais. Les chinois n’ont pas pleuré toutes les larmes de leur corps pour mériter le respect qu’ils imposent aujourd’hui ? En Corée du Nord, les Kim font leur affaire en huis clos. Ils travaillent à se donner les moyens de se faire respecter. Conséquemment ils ne quémandent à personne.
Le Pm Maiga a certainement fait un discours qui restera dans les arcanes de l’ONU. Mais SANKARA avait dit une chose à l’OUA qu’il faut considérer. Même quand on a raison, ce n’est jamais bon d’être seul.
Bokoum Abdoul Momini/maliweb.net
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