Soirée thématique: c’est désormais la tribune de débats, à périodicité mensuelle, qu’offre à ses téléspectateurs la chaîne de télévision Africable avec à chaque fois au menu un sujet d’importance capitale pour le devenir de l’Afrique.

Objectif de l’initiative: créer un cadre propice, à même de contribuer à l’éclosion des idées et l’expression des mots contre les maux qui plombent le continent. Comme, par exemple, les «
Maux de la faim», titre, ô combien explicite, du film documentaire qui a servi de rampe de lancement lors du baptême de feu de la nouvelle émission, le lundi 28 octobre dernier à l’hôtel Salam de Bamako.
En effet, ayant choisi la problématique de l’alimentation en Afrique comme thème de cette première production, les initiateurs auraient difficilement pu trouver mieux que l’œuvre de la réalisatrice égyptienne Jihan El Tahri pour camper le décor et entamer ainsi les échanges avec et entre les principaux invités du jour.
Ils étaient six, tous du «
sérail», chacun à sa manière et dans son rôle: Seydou Traoré, ancien ministre de l’Agriculture du Mali, Cyril Achcar, Administrateur du Groupe Achcar, spécialisé dans l’agro-industrie, Eric Hazard, Directeur de campagne d’Oxfam pour l’Afrique de l’Ouest, Dr. Farid Waliyar, du centre régional de recherche ICRISAT, Dr. Sibiri Ouédraogo de l’Institut du Sahel, «
bras armé» en matière de recherche du Comité Inter-états de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) et Mme Siribala Fadimata Diallo, Vice-présidente de la Fédération nationale des femmes rurales (Fenafer) du Mali.
Après avoir visionné le documentaire, qui traite, de façon critique, de la question de l’aide alimentaire en Afrique, les débatteurs seront appelés à donner chacun son point de vue sur les concepts de «
Sécurité alimentaire» et «
Souveraineté alimentaire». Et c’est parti pour, au-delà des intérêts des uns et des autres, souvent conflictuels, essayer de trouver les réponses, ne serait-ce qu’un début, à des interrogations qui taraudent les esprits et dont les principales sont: pourquoi, cinquante ans après l’accession à la souveraineté nationale de nombre de ses Etats, l’Afrique n’arrive toujours pas à se nourrir? Comment sortir des sentiers battus, en exploitant rationnellement, judicieusement et durablement les énormes potentialités dont elle se targue à tout bout de champ? Comment valoriser les atouts que constituent sa gent féminine et sa jeunesse?
Des argumentaires furent solidement développés, des convictions profondément réaffirmées et des visions communément partagées. Le public aussi y a apporté du sien, à travers les témoignages d’acteurs de terrain pouvant servir de modèles et les questions des représentants de la jeunesse, cette relève qu’on espère de qualité, triés sur le volet parce qu’ayant un lien direct d’avec l’événement du jour dans toutes ses dimensions. Ce furent notamment quelques étudiants de l’Institut Polytechnique Rural (IPR) de Katibougou et de l’Ecole Supérieure de Technologie et de Management (ESTM) de Bamako.
A la fin de l’émission, le spectateur averti aura pourtant eu l’impression de rester sur sa faim. Normal, serait tenté de dire le connaisseur en matière de «
show médiatique», qui sait qu’en l’espace du temps imparti (toujours court), il est quasiment impossible de faire un large tour d’horizon sur un sujet aussi vaste et complexe, aux enjeux et implications multiples.
Et c’est certainement en cela que réside tout le défi d’Africable: comment faire en sorte que «
Soirée thématique» ne soit pas qu’une émission de plus, mais plutôt cette tribune, ces «
coups de gueule», ces «
questions qui fâchent» et ces «
coup de cœur» qui pourraient véritablement contribuer à «
faire bouger les choses». A l’image du film-documentaire de El Tahri lui-même, qui a soulevé tant de questions, dont certaines, et non des moindres, n’ont malheureusement pas pu être débattues au cours de cette première sortie, à laquelle pourtant participaient des acteurs qu’elles interpellent directement.
Mais point de doute qu’avec Sékou Tangara et Boubacar Mariko aux commandes, il est permis de gager que ce n’est que partie remise. Vivement la prochaine.
Mahamane G. Touré