Mahamane Mariko, Pdt du mouvement CRAJ : « En ce moment, c’est le Mali qui compte…»
Le cadre de réflexion et d’action des jeunes(CRAJ) à l’issue de son premier congrès ordinaire est devenu un mouvement politique, après cinq ans de vie associative. Dans l’entretien qui suit, le président M. Mariko évoque les raisons de cette mutation, et étale ses visions sur le lendemain du Mali et de son mouvement.
L’abatros : Maintenant que le CRAJ devient un mouvement politique, quels sont les traits qui vont le caractériser ?
Mahamane Mariko : D’abord, la diversité. Ce qu’il faut savoir est que le CRAJ est constitué de militants et sympathisants d’horizons divers, mais ce qui nous unit essentiellement, c’est d’être ensemble à chaque fois que nous sentons que l’intérêt général est menacé au Mali.
Ensuite, aujourd’hui nous pourrons également être plus forts dans les propositions et l’émission d’opinions politiques. Nous avons tiré le constat que l’une de nos faiblesses a été que le CRAJ était une association apolitique, mais sévissant dans le domaine politique. Je pense qu’avec cette transition, nous avons quitus d’agir en tout temps et tout lieu pour des opinions politiques, et pour soutenir des actions politiques dans l’intérêt des Maliennes et des Maliens
Quel besoin a réellement l’association à aller à un congrès ?
M. Mariko : Je pense qu’une association qui a 5 ans de vie, a vraiment besoin de faire une évaluation de ses forces et de ses faiblesses. Dire que le CRAJ n’a pas eu des acquis, cela relèvera de la malhonnêteté intellectuelle. Mais s’appesantir sur ces acquis et ne pas vouloir progresser, cela aussi relève du triomphalisme béant qui peut conduire à un éventuel échec. C’est pourquoi nous avons dit qu’il faut s’appesantir sur les faiblesses pour pouvoir nous projeter dans un futur. Et ce futur peut être évalué à court, moyen et long terme. Je pense que c’est ce qui a permis aux camarades congressistes, à l’unanimité, de décider tout en préservant la diversité de tout le monde, de donner une connotation mouvement politique à l’association. Et donc, je pense que dans la pratique, nous verrons, et nous allons essayer d’avancer pour que à court et long terme, nous puissions faire des évaluations et voir où cela peut nous amener.
L’Albatros : Le CRAJ comme mouvement politique, cela n’influera t’il pas sur sa composition quand on sait que l’association était composée de beaucoup de jeunes de diverses sensibilités ?
M. Mariko : Oui, c’est ce que j’appelle la diversité politique. Mais aujourd’hui, il y a trois options qui se présentent à ceux qui veulent réellement être au CRAJ. Soit, les gens acceptent de partager cette vision de mouvement politique avec le CRAJ en venant tout en se faisant respecter tout en faisant respecter les positions d’intérêt général. Ou bien, s’il y a des camarades que si le CRAJ en devenant un mouvement politique peut désormais répondre à leurs aspirations, vont se dédier entièrement au soutien et à l’animation du CRAJ. Et une troisième proposition qui, pour le moment n’est pas encore enregistrée, c’est abandonner le CRAJ pour des raisons personnelles. Mais je pense qu’aucune consigne de vote, aucune consigne de soutien politique ne va nous amener à ne pas prendre en compte les positions politiques des uns et des autres. Nous n’allons vraiment pas transiger quand il s’agit d’être au chevet du Mali. En ce moment, c’est le Mali qui compte, le CRAJ sera dédié à la défense des intérêts généraux du Mali : Et nous serons ensemble pour le faire.
L’Albatros : Pouvez-vous nous retracer ce qui a été les grands traits de ce congrès ?
M. Mariko : Ce congrès, il faut le souligner, a été une grande satisfaction. Parce que pouvoir mobiliser les délégués de Bamako en passant par Kayes, jusqu’à Kidal, ce n’est pas chose facile. Les conditions n’étaient pas les meilleures. Mais par conviction, les uns et les autres ont accepté de manger, dormir, voyager dans des conditions difficiles, parce qu’ils croient en l’avenir de ce mouvement. Et il faut cet esprit d’engagement, de détermination des uns et des autres. Aussi, bien qu’étant à l’écoute nous avons également compris que le CRAJ est écouté. Donc cela veut dire que nous ne devons pas décevoir, nous devons toujours être là pendant les grands rendez-vous, être capables comme je l’ai dit, de prendre les intérêts du Mali au dessus du lot. En termes d’acquis, nous avons pu évaluer que l’organisation des journées de réflexion sur l’école qui a été un pas pour la commission d’organisation du forum, a été saluée. Sur l’emploi, avec les structures comme l’ANPE, l’APEJ, des conférences délocalisées organisées à travers le pays, Dioïla, Ségou ; des activités pédagogiques, sportives organisées à Kolokani ; des campagnes de sensibilisation, de prise de position pour engager la jeunesse dans l’unité du pays avec d’autres communautés. Je pense que tout ceci a constitué des moments forts de la vie de cette association. Ce congrès a enregistré l’adhésion de beaucoup de jeunes militants, cadres comme pour vous dire que le CRAJ est en train de connaitre un virage important de sa vie. Mais, comme je l’ai dit, évitons d’être triomphalistes. Soyons objectifs et réalistes pour ne pas toujours avoir la grosse tête. Et je pense que Incha Allah si on se donne la main, on pourrait faire partie de ceux sur qui on doit compter pour le développement du Mali.
L’Albatros : Votre dernier mot...
M. Mariko : Mon dernier mot, c’est de remercier les hommes de presse, surtout aussi, pour l’organisation de ce congrès, ceux qui nous ont de près ou de loin soutenu. Je l’ai dit, quand même bien que souvent nous ne partageons toujours pas des opinions et des points de vue des plus hautes autorités ; mais cela n’a pas empêché le Président de la République à nous apporter son soutien. Et je pense que c’est l’occasion de le remercier. Ce n’est vraiment pas par « griotisme » qu’on le dit. Mais aujourd’hui, beaucoup de gens de près ou de loin disent partager les opinions du CRAJ, et pendant les moments difficiles nous ne les sentons pas. Ce n’est pas grave, cela aussi est un symbole fort de notre démocratie : s’accepter dans la différence. Et le CRAJ soutiendra ce qui est bon pour le Mali, mais également critiquera ce qui est mauvais tout en proposant des alternatives s’il n’est pas d’accord sur certaines visions du pays. Quelque soit l’issue ou en fait quelque soit la provenance de ces programmes ou de ces visions pour le Mali. Merci à toute la presse, à tous les camarades et bon vent à ce mouvement, incha ALLAH nous irons loin. Merci aux camarades pour leur confiance renouvelée, et je n’ai pas le droit de les décevoir. Ensemble la lutte continue, comme le dit notre slogan : s’engager pour changer, nous croyons. Vive la jeunesse ! Vive le Mali !
Propos recueillis par Boubacar Sangaré.
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