Enquête sur la "tentative d'assassinat" du président Dioncounda Traoré: Et si le Gouvernement mettait fin définitivement à l'impunité !

30 Peut 2012 - 11:30
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On a régulièrement reproché aux régimes précédents et particulièrement à celui du président Amadou Toumani Touré, le manque de fermeté à sanctionner les actes délictueux. L'impunité a ainsi fait le lit de la médiocrité du fait du laxisme. L'interpellation, le lundi 28 mai, d'une cinquantaine d'individus impliqués dans la lâche agression contre le professeur Dioncounda Traoré, apparaît comme un signal de la rupture avec la culture de l'impunité dangereusement entretenue jusqu'alors. 'impunité désigne l'absence de sanction ou de punition après l'accomplissement d'un acte répréhensible. Elle peut être de fait lorsqu'il y a une absence de dispositions juridiques pour sévir. C'est le cas lorsque l'État, la puissance publique est peu présent, en raison d'un contexte politique instable. Mais elle peut également être de droit dans le cas d'amnistie, comme lorsqu'un pays sort d'une période trouble comme ce fut le cas en Afrique du Sud avec la mise en place de la Commission vérité et réconciliation à la fin de l'apartheid. Le président du parti pour la renaissance nationale (PARENA), Tiébilé Dramé, écrivait le lundi dernier chez notre confrère le Républicain : "Quand l'Etat perd l'estime du peuple, quand il cesse d'inspirer le respect et la crainte, c'est le début de la décadence de la nation". Au Mali-post coup d'Etat du 22 mars 2012, l'impunité dénoncée à cor et à cri, depuis plusieurs années, a, semble-t-il, repris du poil de la bête.  Et, puisqu'un vent d'anarchie a soufflé sur le pays avec des putschistes qui se sont livrés à cœur joie à des actes de pillage, de saccage, à des arrestations arbitraires, certains Maliens avaient pensé très vite s'engouffrer dans la brêche ainsi ouverte, pour défier l'autorité. Des individus ont cru bon de traîner l'image de certaines institutions de la République dans la boue. L'Assemblée nationale a fait et continue de faire l'objet de défiance, d'appel à la violence, d'invectives contre les élus de la nation. Malgré l'interpellation, le lundi dernier, du leader de l'association Yélé Wolo Ton, Bakari Boré, la porte de l'Hémicycle a reçu hier encore ces encombrants visiteurs de ces dernières semaines ; qui proférant des menaces, qui appelant à des représailles contre les députés. En s'attaquant à la première institution de la République, le lundi 21 mai, certains Maliens avaient franchi le seuil du tolérable. La vague d'arrestations et d'auditions qui vient de débuter dans le déroulement des enquêtes liées à ce crime édifie plus d'un citoyen. La cinquantaine de personnes suspectées pour avoir joué un rôle dans cette agression du président de la République doivent, selon plusieurs observateurs, expier le mal qu'ils ont causé non à un individu, Dioncounda Traoré, mais à l'image, voire à l'âme même du peuple malien. Le facteur dissuasif  que recèle toute procédure de châtiment a son pesant d'or. Et la procédure judiciaire, qui vient d'être ouverte pour clarifier les tenants et les aboutissants de cette "tentative d'assassinat" doit être entourée de toute la transparence requise afin que le vibrant "plus jamais ça" martelé par plus d'une voix autorisée fasse tache d'huile. En clair, cet acte devient une affaire d'Etat. Le gouvernement du Dr Cheick Modibo Diarra, avec comme ministre de la Justice, Malick Coulibaly, dont on vante l'intégrité et la probité morales comme étant "l'un des rares magistrats sérieux du Mali" a son orgueil à défendre. En sévissant avec toute la rigueur de la loi, le Gouvernement marquera, à coup sûr, et d'un sceau indélébile, sa volonté de mettre fin définitivement à l'impunité, qui, il faut le dire est incompatible avec la démocratie. Celle-ci offre souvent, faut-il le souligner, des espaces de liberté qui poussent certains individus à en abuser au point de sombrer dans l'anarchie. Il faut donc, qu'à partir de cette affaire d'Etat, les autorités gouvernementales, nonobstant l'impératif de la séparation des pouvoirs entre l'exécutif et le judiciaire, aient la main la plus lourde possible. Il s'agit, en un mot de siffler absolument la fin de la récréation, de l'acceptation et de la tolérance vis-à-vis de tous les actes répréhensibles !  C'est aussi cela la vie en société. Bruno D SEGBEDJI

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