La prise de Konna s'est déroulée hier au moment où à Bamako, des manifestants surexcités battaient le pavé, pour la deuxième journée consécutive, pour réclamer le départ du Pr Dioncounda Traoré de la présidence intérimaire de la République et la tenue des concertations nationales. Lesquelles sont censées définir et mettre en place les organes et les hommes qui vont poursuivre la gestion de la transition pour une période qui reste à déterminer.
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Saouti Labass Haïdara, Dirpub L'Indépendant[/caption]
En somme, disons-le tout net : c'est bien le contrôle du pouvoir politique qui motive et préoccupe les marcheurs de la capitale et de Kati, sa ville satellite, quand l'ennemi menace nos vies, notre liberté, s'approprie nos terres et nous livre à la risée universelle. Le Mali, dont ses fils et filles étaient si fiers de son immensité géographique autant que son histoire glorieuse est en train de se rétrécir comme une peau de chagrin, de perdre son âme et son lustre, de devenir un point insignifiant sur la carte du globe, son peuple subit l'affront, la peur, le déshonneur et, pendant ce temps, certains de ses enfants ne songent qu'à une chose, ne sont obnubilés que par une chose : s'emparer des leviers de commande de l'Etat pour assouvir on ne sait quel dessein.
Y a-t-il dessein plus important, plus noble, plus exaltant, à l'heure actuelle, que la reconquête des 2/3 de notre territoire national et, par voie de conséquence, le rétablissement de notre dignité bafouée aux yeux de tous les peuples du monde ? C'est cela l'urgence nationale. C'est cela qui doit cristalliser toutes nos forces, nos énergies, nos intelligences, nos moyens, nos capacités. Et pour atteindre cet objectif au-dessus de tout autre, à nul autre pareil, il n'est guère besoin de "
concertations nationales ". Ce qu'il faut, c'est souder les rangs derrière ceux qui ont en charge la gestion de la transition : le président intérimaire, le premier ministre et le gouvernement représentatif de ce qu'il convient d'appeler les forces vives de la nation (partis politiques, centrales syndicales, organisations de la société civile, organisations professionnelles etc).
Remercier Dioncounda Traoré parce qu'il symbolise le régime ATT que l'on veut enfouir dans les trappes de l'histoire et Diango Cissoko parce qu'il a osé rendre une visite de courtoisie à un ancien président du Mali (un geste qui, en réalité, nous grandit auprès des nations civilisées) ne peut que nous fragiliser davantage face à l'ennemi conquérant et nous déconsidérer un peu plus devant l'opinion internationale.
Etre tolérants, nous vouer un respect mutuel, nous accepter les uns les autres, faire preuve d'un réel patriotisme consistant à placer le Mali au-dessus de nos petits intérêts individuels et partisans. Telle est la conduite que nous devons tenir en ces heures graves où tout peut basculer.
L'ennemi chassé du pays, l'intégrité du territoire national rétablie, nos vies et notre liberté sauvegardées, il sera toujours temps de se disputer pour savoir qui doit occuper quel poste et pour quel projet. En tout état de cause, il reviendra au peuple et à lui seul d’en décider.
Saouti Labass HAIDARA