Gel des activités politiques : A qui profite cette radicalisation ?
Pour le gouvernement, la tenue du dialogue inter-maliens impose de mettre fin aux « discussions stériles » des acteurs politiques.
Les autorités ont mis sur pied un Comité de pilotage de ce dialogue composé aussi de représentants des partis et mouvements politiques. Ce qui suppose que les éléments au menu du dialogue pourraient provenir des états-majors politiques. C’est-à-dire les problèmes qui minent la Nation malienne ne sont pas que socio-économiques ou culturels, mais aussi politiques. C’est d’ailleurs pourquoi le gouvernement a amorcé des réformes politiques et institutionnelles, en but d’aller à la « refondation ». Comment alors comprendre que, pendant ce processus de dialogue devant impacter substantiellement la « refondation de l’Etat », l’on décide de geler les activités de la classe politique ? La crise sécuritaire n’a-t-elle pas des ressorts hautement politiques, au point que, plus d’un acteur soulignait qu’au lieu de créer des mouvements armés, les ex-rebelles auraient dû se constituer en formations politiques? La question de la récession de la fantomatique Azawad, de l’application de la charia, de l’extrémisme violent et des conflits intercommunautaires ne sont-elles pas foncièrement politiques ? Quid des textes d’application de la nouvelle Constitution ? Les réformes attendues sur la charte des partis politiques, le code électoral, etc ne sont-elles des matières éminemment politiques ? Rien n’est moins sûr ! Comment le gouvernement peut-il souhaiter régulièrement discuter avec la classe politique à travers par exemple la réactivation du cadre de concertation entre le ministère de l’Administration territoriale et les partis politiques et décider brusquement de suspendre les activités de ces interlocuteurs privilégiés de la gestion du pays ? On se perd en conjectures et l’on finit par conclure que les autorités veulent simplement remettre en cause les acquis de la démocratie. Ce qui ne semble pas acceptable pour une bonne partie des forces vives du pays. Même pour des partisans du pouvoir, malgré les appréciations épidermiques de nombreux citoyens triés sur le volet (micro-trottoir réalisé récemment par l’ORTM).
En fait, l’on comprend aisément que c’est la récente levée de boucliers des partis politiques et associations à caractère politique réclamant « la relance du processus électoral », qui a incité le gouvernement à prendre ce décret portant suspension des activités politiques. Lequel décret est en passe d’être attaqué devant les tribunaux.
Mais, en attendant, les réactions sont plus que vives pour dénoncer ce que certains appellent cette « confiscation du pouvoir » et ce refus d’envisager la fin de la Transition, qui passe par la tenue d’élections crédibles et transparentes dans un délai assez court. Ce qui conduit et le pouvoir et la classe politique vers une tension dont le pays n’a point besoin
Une contribution de Sekouba FOFANA,
Politologue
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