Le Mali à la croisée des chemins : Quand la volonté d’industrialisation se heurte à l’accès difficile aux matières premières


Complexe Agro-industriel Seydou Diogo Awa le 2 juillet 2024[/caption] Mais, officieusement, ce n’est un secret pour personne qu’une part non négligeable des matières premières comme le sésame, l’arachide, l’amande de karité… sont frauduleusement exportées (en nature ou transformées) du pays, condamnant les unités industrielles locales à tourner au ralenti. En effet, selon certaines statistiques, sur une production de 690 000 tonnes de coton, la CMDT extrait près de 460 000 tonnes de graine dont une grande partie se retrouve à l'étranger. Ce qui, du coup, prive l’économie malienne de valeurs ajoutées importantes. Ce qui n’est pas surprenant, d’autant plus que le Mali n’a aucun contrôle sur ses productions, aussi bien minières qu’agricoles (à part le coton fibre). Ainsi, une évaluation correcte et transparente de l’interdiction d’exporter le sésame, l’arachide, l’amande de karité va réserver beaucoup de surprises aux enquêteurs. «Il n'y a pas de meilleur endroit que d'investir à Dubaï. Avec ma Golden Visa, j'ai tous les atouts pour le faire. Mais, j'ai décidé de venir investir plus de 14 milliards de FCFA dans mon pays par amour. Il n’y a pas de meilleure aide pour le pays que de créer des emplois. J’aime mon pays et je suis fier d'être Malien», a déclaré l’ancienne gloire du foot malienne qui essaye aujourd’hui de se reconvertir dans le domaine des affaires après l’immobilier. Et pour lui, il est préférable de fermer l’usine plutôt que de créer la vie chère au Mali. Mais, il ne doit pas trop compter sur le gouvernement pour sévir, en bloquant par exemple les stocks des fonds vautours qui ne sont pas encore sortis du pays. Il est vrai que le gouvernement a la latitude d’approvisionner le complexe SDA à hauteur de souhait en exigeant de la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT) de lui fournir les 40 000 tonnes (sur les 460 000 tonnes). N’empêche que, par expérience, le jeune homme d’affaires ne doit pas trop compter sur le deal avec le gouvernement parce que nous savons tous que, en la matière, la marge de manœuvre de nos décideurs politiques a toujours été très étroite. Pour les raisons que vous savez tous (corruption, délinquance financière, délit d’initiés…), ils sont toujours faibles devant les opérateurs économiques… Ce qui fait que les accords signés (notamment les mesures contre la vie chère) sont caducs avant même leur signature. Ils n’ont aucun impact sur la galère des populations parce qu’ils ne sont jamais appliqués. La preuve est que les denrées exonérées sont vendues aux consommateurs sans tenir compte du sacrifice fiscal consenti par le trésor public. Ainsi, si Seydou veut réellement tirer le meilleur profit de son investissement, nous lui conseillons de prendre langue avec la CMDT ou les coopératives de productrices, en ce qui concerne en tout cas les graines de coton ou le beurre de karité. Le gouvernement n’a aucune maîtrise sur nos différentes filières agricoles. Au contraire, ce sont des coopératives qui peuvent lui garantir la quantité de matières premières dont il a besoin et à un prix mutuellement bénéfique. Hamady Tamba
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