Armée malienne : Le Commandant Youssouf Abdoulaye Traoré dénonce l’arbitraire

Radié le 27 octobre 2010 des corps de l’Armée Nationale par décret présidentiel signé des mains du Président Amadou Toumani Touré sous conseil du Chef d’Etat Major des Armées, Général Gabriel Poudiougou, le Commandant Youssouf Abdoulaye Traoré de l’Armée de Terre, après des mois d’attente, ne sait plus à quel saint se vouer. Nous l’avons rencontré pour vous.

Nous avons appris que dans l’Armée, on ne parle pas. Surtout déballer les problèmes intérieurs dehors. Depuis l’arrivée des « démocrates » au pouvoir en 1991, l’appareil militaire a été démystifié, rendu presque caduque avec des règlements de comptes gravissimes pour le moral de la troupe si elle existe encore en symbiose.

Selon le Commandant Youssouf A. Traoré, il a été radié de l’Armée pour « désertion en temps de paix » par le Général Gabriel Poudiougou et ATT qui l’a cautionné. « En réalité, j’avais ma femme qui était gravement malade. Je devais l’emmener en France pour la traiter. C’est pour cela que j’ai pris un congé annuel d’un mois qui m’a été accordé par ma hiérarchie. Mais arrivée en France je ne pouvais plus quitter le lit de ma femme par faute d’un parent qui pouvait le faire à ma place. J’ai donc demandé une disponibilité pour éviter d’autres problèmes avec ma hiérarchie. Ce qui a été refusé. D’ailleurs ma demande n’a pas été traitée. Un mois six jours après, on m’envoie un décret me radiant des rangs de l’Armée». Et depuis cet instant débute les malheurs de cet Officier supérieur bardé de diplômes et non les moindres. Et cause, élément de la quinzième promotion de l’EMIA, le Commandant Youssouf Traoré s’est distingué tant chez les Américains au cours de formations sur el terrorisme, la sécurité, qu’au Nigéria, Ghana, Sierra-Léone, France, Hollande. De nos jours, ce père de famille trime sans salaires, ni travail. Pour lui, il est victime d’un règlement de compte de la part de certains supérieurs lui qui n’aime, pas l’injustice.

Quant au président ATT qui l’a reçu et repris son décret de radiation, il lui a promis de régulariser sa situation. Plus de 15 mois aujourd’hui, il attend toujours ce geste présidentiel. Pour notre Commandant, sa situation n’est autre qu’injuste et anormale car martèle-t-il : «  il y a dans notre Armée des militaires (Officiers et hommes de troupes) qui ont déserté dix ans durant, reviennent et sont réintégrés et promus à des grades supérieurs. N’est-ce pas une politique de deux poids, deux mesures ? », s’interroge-t-il ! « Il ya aussi des déserteurs dans le désert et qui continuent d y être mais sont promus à des grades supérieurs. N’en parlons pas des récidivistes. Sont-ils plus maliens que nous autres ? Moi, je n’ai posé aucun acte contre mon pays et suis frappé par une mesure grave de la sorte. Ma faute a été sauvé la vie à la mère de mes enfants », martèle Commandant Youssouf A. Traoré.

En réalité, avec le décret présidentiel, le Commandant Youssouf A. Traoré ne peut pas avoir du travail. Il est pénalisé à vie si le Chef de l’Etat ne lève la mesure, explique-t-il. Donc son sort est entre les mains du Président de la République.

Il faut rappeler enfin qu’au moment de sa radiation le Commandant Youssouf Traoré était Instructeur à l’Ecole de Maintien de la Paix.

Qui dit mieux !

Ce cas parmi tant d’autres sont des signes de déliquescence de notre appareil militaire malgré une volonté du Président ATT ( qui est souvent induit en erreur par des Officiers peu scrupuleux et sans soucis de la bonne marche de notre Armée comme au bon vieux temps) de tenter de redorer le blason de la grande muette.

Bokari Dicko