
On les avait vus monter dans l’avion sans grande illusion. Et on les a vus en descendre le triomphe modeste mais pas peu fiers d’être la fierté du jour, les artisans de ce délire jamais trop méchant qui s’est emparé de nos artères et arraché à nos foyers ce grand cri de joie à la fin d’un match dont l’issue n’était pas connue d’avance. Cette terre, une terre de foot qui a produit Salif Keita, sans aucun doute l’un des plus grands génies du ballon rond de tous les temps, a bien entendu été le malheureux finaliste de l’édition épique de Yaoundé 1972. Mais depuis, nous n’étions pas montés sur le podium de la célèbre compétition.
Quarante ans après, c’est fait et avec la manière, et avec le cœur et avec l’enthousiasme qui signent les grandes victoires. Celle d’aujourd’hui et sûrement celles de demain. A condition que le mental reste, que l’envie de jouer supplante les petites mesquineries et le vedettariat qui plombèrent jadis leurs aînés.
A condition aussi que l’encadrement soit digne des enjeux futurs. Car disons-le, bien plus que de l’accompagnement de la Fédération Malienne de Football, ce parcours honorable que nous saluons résulte bien plus de la détermination des jeunes et de l’obstination de leur coach, Alain Giresse. Mais c’est jour de joie et Janjon sera à la fois pour tous les Aigles, tout leur encadrement, leur tutelle, leurs supporters. Ils nous ont gâtés. Puissent-ils être gâtés à leur tour.
Adam Thiam