Ségou by night : La précarité appelle le VIH/Sida
La crise financière qui s’est installée dans notre pays depuis quelques années n’a pas épargné le secteur de la prostitution. Ce vieux métier du monde qui consiste à se mettre à la disposition d’un « prédateur » contre des billets de banque a élu domicile dans la cité des « ballanzans ». La pauvreté criarde dans cette région a eu gain de cause sur ces charmantes demoiselles qui vendent leur corps de jour comme de nuit.
Si à Bamako ce sont les guinéennes qui sont les plus brisés par les mâles, à Ségou ce sont les Burkinabés et Togolaises qui se taillent la part du lion. Il suffit d’avoir 1000 Fcfa pour tout se passe bien entre les amoureux occasionnel. Le comble dans cette affaire est que l’offre dépasse la demande. Malgré cette défaillance, le commerce se développe dans la région de Ségou autour de cet organe «de la reproduction ». La prostitution sied pour qualifier le phénomène tant il est difficile de situer dans le temps les débuts de ce « commerce ». Des réseaux bien huilés et les filles de joie sont dans nos rues, nos boulevards et maquis. Il y a aussi le réseau des Togolaises qui comprend des filles venues de Lomé pour pratiquer la prostitution.
Ce réseau est complexe car la plupart des filles sont libres de mener leur activité à l’insu de leurs parents et loin de leurs connaissances. A cela il faut ajouter le réseau des Burkinabés qui sont pour la plupart venues de Ouagadougou et Bobo Dioulasso par l’intermédiaire de certains de leurs compatriotes vivant à Ségou. Selon une petite enquête sur le terrain, une seule fille peut supporter 8 à 10 hommes par nuit pour pouvoir payer sa facture pour le propriétaire des lieux. Il sonnait exactement 23 heures 30 mn. Nous foulons ce coin connu sous le vocable « Feu vert » l’ambiance en cette soirée était au top. Plus d’une cinquantaine de filles sont assises sur des tabourets devant leur chambre. Dès la silhouette d’un homme, elles ont toutes les manières possibles pour faire une demande. En dehors des bars, elles sont nombreuses à faire le tour de la ville. Parmi ces femmes et filles de joie, il y a des mineures qui sont rentrés dans la danse en rivalisant avec les vieilles filles. Dans ce monde en proie au Sida, nos sœurs accordent leur violon pour aller au plaisir de dame cuisse. Jeunes et vieux pervers en trouve leur compte. Comment vendre son corps à 1000 Fcfa avec tous les risques que ce métier comporte ? A la question de savoir auprès d’une fille de joie du nom de bijou et d’origine Burkinabé qui était le coût de sa marchandise, elle avoue qu’elle prend 1000 Fcfa et si c’est préservatif, elle triple le prix. « Moi j’aime les hommes qui arrivent de Bamako. Ils ont de l’argent quand ils sont en mission ». Selon cette fille, elle, gagne beaucoup d’argent avec eux« l’amour sans préservatifs ». Elle ira encore plus loin pour dire qu’elle déteste les préservatifs. Binta, plus de la trentaine avec la cigarette en main nous affirme en ces termes : « Je suis dans la prostitution depuis une dizaine d’année. J’ai un penchant pour le pénis. Il m’est impossible de faire une journée sans 5 hommes. Je me pose souvent la question : pourrais-je me marier un jour ? » Nous perdons le contrôle du terrain car les hommes préfèrent les jeunes filles communément appelé « clé 12 ».
Destin Gnimadi, envoyé spécial
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