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L'ex-Président Amadou Toumani Touré[/caption]
Il y a maintenant plus de trois longues années que l’ancien Président de la République Amadou Toumani Touré vit à Dakar , loin de son pays natal auquel il a pourtant tout donné. L’ homme du 26 Mars 1991 qui n’a versé aucune goutte de sang des fils de ce pays ( contrairement à certain) mérite de retourner dans son pays et d’y être réhabilité. Cela constituera un autre pas important pour la paix et la réconciliation nationale.
ATT. Voilà un nom qui ne donne pas des frissons d’horreur. Il inspire plutôt respect, considération et restera à jamais gravé dans l’histoire du Mali démocratique.
ATT , c’est cet ancien commando parachutiste qui , un certain 26 Mars 1991 mit fin au carnage dont les maliens étaient victimes et aura évité que le fleuve (Djoliba) n’ait pris une couleur rouge, de Kayes à Kidal. Parce que, cela allait arriver, les maliens ayant décidé mains nues, de faire face aux machines de la mort du régime tyrannique de Moussa Traoré. En somme, comme ATT lui-même le disait, ‘’Je suis venu pour parachever l’œuvre des Maliens.’’
En effet, au cours de la décennie 1980, le Mali, était amené à appliquer le PAS (programme d'ajustement structurel) qui a entraîné l'accroissement des clivages sociaux en favorisant l'émergence d'une grande frange d'exclus du système économique. C'est sous et par Moussa Traoré, que notre pays s'est trouvé sous ajustement structurel. La paupérisation des couches sociales connut ainsi un véritable coup d'accélérateur : compressions, réduction de l'enveloppe des bourses universitaires, chute du pouvoir d'achat et surtout une accumulation des salaires des travailleurs qui n'étaient payés qu'une ou deux fois par trimestre. Pendant ce temps, le pouvoir n'a cessé de se fasciser. C'est le début des provocations, intimidations, et interdictions des manifestations programmées par les associations CNID-ADEMA. On gaze et on matraque les responsables des associations démocratiques dont le seul crime aura été de vouloir incarner les aspirations du peuple, au changement par voie démocratique. Et puis, l'on s'attaque aux élèves et étudiants. Couvre-feu, Etat d'urgence, Etat de siège, étaient vécus quotidiennement par le peuple. Un peuple malien qui ne demandait rien d’autre que le dialogue, la confrontation des idées sur l'avenir du pays, la liberté d'expression, d'opinion et la possibilité pour chacun de militer dans le parti politique de son choix.
ATT, acteur incontestable du 26 mars 1991
GMT et ses valets y ont opposé un refus catégorique, car leur pouvoir ne reposait que sur la force, l'intimidation, la terreur et la persécution. Mais, la patience du peuple avait atteint ses limites et les Maliens avaient décidé de prendre en main la conduite de leur destinée. Malgré l'exorbitant prix à payer. Le reste est connu : GMT avait promis d'abattre l'enfer sur le Mali et il l'a fait. Une étape de notre histoire écrite dans le sang des fils du pays, le sang des martyrs. Ils ont osé tirer sur les jeunes jusque dans les hôpitaux et cimetières. Ils ont froidement brûlé des manifestants dans l'enceinte du "Sahel Vert », le transformant en four crématoire. Face à la situation chaotique dans le pays, c’était ATT qui était venu au secours de ses compatriotes pour mettre fin au carnage. Avant, il avait consulté les principaux acteurs du mouvement de mocratique malien et s’était rangé de leur côté et de celui du peuple. C’est lui ATT qui a aussi cassé le mur de la haine entre l’armée malienne et son peuple en ordonnant à nos forces Armées et de sécurité de demander pardon au peuple malien.
C’est aussi lui, ATT qui a accepté de s’effacer (après 14 mois de transition) pour donner au Mali la chance d’asseoir un pouvoir civil. Aussi, il, (ATT) avait pris le soin d’arrêter et de protéger le dictateur de l’époque dont les mains étaient et demeurent souillées du sang des fils de ce pays. Une ère nouvelle venait de naître au Mali. Cela, grâce à l’ensemble des Maliens, mais aussi à une partie d’une armée malienne à l’époque pourrie et décomposée par la corruption, le népotisme et la cruauté. C’est pourquoi, face à des hommes politiques assoiffés de pouvoir (après le départ du 1
er président démocratiquement élu Alpha Oumar Konaré) le peuple malien lui a accordé sa confiance, dix ans durant.
Au cours de ses années au pouvoir, le président ATT, malgré ses erreurs dans la gestion des affaires du pays aura tout de même fait preuve d’un patriotisme à la hauteur de sa fonction. Il a également travaillé dans le sens de la continuité de l’Etat. Ainsi, a-t-il poursuivi la grande majorité des chemins balisés par le grand Alpha O. Konaré. Entres autres, la politique de logements sociaux, la lutte contre l’exclusion à travers des structures comme la ‘’Maison de Ainés’’, un ministère de la femme, des droits de l’homme, un médiateur de la République (avec l’Espace d’Inter pellation démocratique) et tant d’autres…. Loyal, ATT l’aura été avec les démocrates maliens et le Mali. C’est pourquoi, après son 2
ème et dernier mandat à la tête du pays, il a très tôt décidé de ne pas tenter de briquer un autre en manipulant la Constitution du Mali.
Le temps a acquitté ATT
Qu’à cela ne tienne, trop pressés de lui succéder, certains hommes politiques ont vite fait de se ranger du côté d’un groupe de militaires maliens fainéants, assoiffés d’argent et du luxe qui ont profité de la défaite de l’armée nationale (face aux terroristes et leurs alliés dans le nord malien) pour prendre le pouvoir. Cela, après avoir saccagé le palais de Koulouba, humilié le président ATT, volé et pillé. La suite est connue…
IBK a accédé (enfin) à la magistrature suprême du pays, en Septembre 2013. Et, à la surprise générale, il y avait à sa cérémonie d’investiture, un invité spécial : Moussa Traoré qu’il a même qualifié de républicain. Pendant ce temps, l’ancien président ATT était en exil à Dakar. Peu après, une plainte de l’Etat malien pour haute trahison est formulée contre lui et déposée à l’assemblée nationale. Toute chose qui a indigné l’écrasante majorité des maliens. A juste raison, puisque l’Assemblée Nationale a fini par classer sans suite la plainte formulée contre l’ancien président. Aussi, très vite, le pouvoir des ‘’hommes intègres’’ sera miné de scandales financiers à jamais mémorables. : achat d’un nouvel avion présidentiel (le coût n’est pas encore connu) et une tristement fameuse affaire de plusieurs millions d’un marché accordé de gré à gré à un ami. Les arroseurs venaient d’être arrosés.
Pire, le gouvernement IBK, occasionnera la prise de la ville de Kidal, Ménaka et autres par des groupes armés avec un lourd bilan : plusieurs militaires, et civils tués, blessés ou faits prisonniers. Ce qui obligera le ‘’prince du Mandé’’ et son gouvernement à négocier, (près d’un an durant) avec les groupes armés pour aboutir le 15 mai dernier à un certain résultat : la signature d’un accord de paix avec certains groupes armés. A l’occasion, et avec une sadique mise en scène, une chaise a été prévue pour l’ancien président ATT que tous savaient portant qu’il ne pourrait être de la cérémonie. Et pour cause. L’homme n’avait même pas assisté aux funérailles de sa mère à Mopti, parce que n’ayant jamais été autorisé officiellement à regagner son pays. Quand bien même, parmi les monuments aux morts de ce pays, il n’y a aucun devant lequel, ATT baisserait honteusement la tête. Contrairement à l’autre qui n’osera jamais déposer des gerbes de fleurs sur les tombes de Cabral, Modibo Keïta, les élèves et étudiants qui reposent au cimetière de Niaréla. L’autre, c’est Moussa Traoré qui ne vit ni en exil, ni dans la prison de Taoudéni, ni dans celle de la Cour pénale Internationale et qui, en plus d’être devenu un ‘’Républicain’’, est tout simplement considéré comme un ancien président de la République, avec tous les avantages dûs à son ‘’rang.’’
Et ce qui surprend plus d’un, c’est le fait que le président, IBK n’arrête de chanter les louanges de son ‘’cadet ATT’’ à toutes les occasions. Le dernier cas remonte à la journée du paysan célébrée il y a quelques jours. Mais, le président IBK ne demande toujours pas à son ‘’cadet’’ de revenir vivre tranquillement dans son pays. Ne serait-ce qu’au nom de cette paix qu’il prône tant et auquel il semble tenir….tant.
L’ancien président ATT a le droit de retourner dans son pays, et mérite d’y être réhabilité !
Boubakar Sankaré