Prochaine élection présidentielle : IBK peut-il prendre le dessus sur l’union sacrée contre lui?
Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali
Soumaïla Cissé, Modibo Sidibé, Moussa Sinko Coulibaly, Mamadou Igor Diarra, Moussa Mara, Dr Hamadoun Ibrahim Touré, Modibo Koné, Kalifa Sanogo et d’autres ne cessent d’affûter les armes, tous pour tenter de battre IBK lors de la prochaine présidentielle. Tout ce beau monde pourra-t-il se coaliser efficacement contre l’actuel locataire du luxueux palais de Koulouba
-Maliweb.net- Dans son message de vœux à ses compatriotes, le président d’honneur de l’Alliance démocratique pour la paix (ADP-Maliba) Aliou Boubacar Diallo a mis le pied dans le plat en soufflant fort dans la trompette de l’alternance. Ce mot, faut-il le rappeler, a été le plus usité dans le discours politique en 2017 et risque de l’être encore cette année sur le continent (Guinée, Togo, RDC, Tchad, Niger, Libéria….)
Le magnat de l’or malien piqué par le virus de la politique, Aliou Boubacar Diallo de l’ADP-Maliba a plaidé sans aucun détour le rassemblement des forces politiques en défaveur du président sortant. « Pour ma part, j'invite tous ceux qui souhaitent porter le changement en 2018 à se mettre ensemble pour créer un grand rassemblement afin d'exiger des élections libres, transparentes et crédibles. Dans la grande alliance pour une alternance, je souhaite qu'il y ait une candidature unique, mais si tel n'est pas le cas, nous devons nous organiser dès à présent pour que celui qui atteindra le second tour soit soutenu par toutes les forces du changement », déclarait-t-il dans son message de vœux de nouvel an.
Unis pour faire échouer IBK ?
Dans son communiqué sur la nomination du nouveau gouvernement, le principal parti de l’opposition malienne, l’Union pour la République et la démocratie (URD) sera aussi dans ce registre. « …L’URD invite le peuple malien au rassemblement autour des femmes et des hommes qui incarnent le mieux les valeurs de la République et de la démocratie et capables de restaurer l’espoir pour ce vieux pays de dignité et de courage », signait le secrétaire à la communication du parti, Me Demba Traoré.
Avant cela, lors de sa récente 3ème convention nationale, un autre parti de l’opposition malienne, les Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (FARE Anka Wuli) a mis l’accent sur ce désir de changement. Son leader, l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé insistera sur le thème de ces assises : « La mise en place de la stratégie pour l’alternance en 2018 ».
Déjà en fin novembre 2017, en démissionnant bruyamment des Forces armées maliennes pour, disait-il, «contribuer à relever des défis politiques…», le Général et ex-ministre Moussa Sinko Coulibaly claironnait déjà à gorge déployée, qu’il faut tout mettre en œuvre pour changer la gouvernance actuelle du pays. Il soulignait même qu’il n’a pas nécessairement la prétention de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle, mais qu’il se sentait investi d’un seul devoir, celui de ne plus être spectateur mais acteur de la seule mission principale qui vaille, empêcher la gouvernance actuelle de se maintenir au-delà de la fin du mandat de l’actuel locataire du palais de Koulouba.
Le 30 décembre dernier, Dr Hamadoun Ibrahim Touré, l’ex-Secrétaire général de l’UIT, annonçait, lors d’une soirée dinatoire, sa candidature au nom du mouvement politique Alliance Kayira en soufflant quasiment dans la même trompette : « changer la gouvernance du mensonge par celle de la vérité ». Ces discours répétitifs impactent les observateurs et poussent aussi à la réflexion.
L’on annonce pour le 20 janvier prochain le lancement d’un vaste rassemblement d’acteurs politiques autour du Général Moussa Sinko Coulibaly pour essayer de barrer la route à IBK à la prochaine présidentielle en juillet-août prochain.
Ces prises de position expriment une certaine déception par rapport à la gouvernance IBK. Et cette déception n’est que la conséquence des nombreuses promesses que le candidat IBK a faites au peuple et la surestimation que celui-ci a faite de celui qui aura été l’unique ancien Premier ministre de poigne du président Alpha Oumar Konaré. L’on a sûrement oublié que le IBK chef du Gouvernement, dont l’âge oscillait alors dans la cinquantaine n’est pas le même que celui qui a reçu la clé du palais de Koulouba le 4 septembre 2013 à plus de 70 ans et dans un pays aux multiples défis sécuritaires, économiques, politiques et sociaux. Ce qui ne dédouane certainement le kankélétigui (l’homme à l’unique parole) dont le respect de la parole donnée s’est quelque peu émoussé, du moins sur les chantiers de la lutte contre la corruption…
Perte de la popularité d’IBK ?
Les multiples défis et la situation de crise aggravée pourraient peut-être constituer un bémol au constat d’échec du président sortant. Et, certains acteurs politiques pourraient conclure, le moment venu, que si IBK n’a pas réussi malgré sa volonté (dont nul ne doute), il n’est pas évident que d’autres aspirants à Koulouba puissent y parvenir, les mêmes causes produisant les mêmes effets. En clair, il n’est pas exclu que certains leaders vocifèrent aujourd’hui la stratégie du « tous contre IBK » et, au soir d’un éventuel second tour entre IBK et un autre candidat, qu’ils optent pour soutenir le président sortant.
C’est en tout cas, le ferme espoir des partisans du chef de l’Etat, dont certains, les plus optimistes surfent même sur la possibilité pour IBK d’emporter la prochaine présidentielle dès le premier tour. Ce qui semble être une vue de l’esprit, étant donné qu’il est incontestable que le chef de l’Etat a réellement perdu de sa popularité au sein de l’opinion. Même au sein du RPM, son propre parti, l’on note quelques déceptions, sans compter les alliés déçus de la convention des partis politiques de la majorité présidentielle. C’est le cas du CNID-FYT de Me Mountaga Tall, qui a récemment décliné l’offre d’entrer au gouvernement Soumeylou Boubèye Maïga. Peut-être aussi le cas du MPR de Choguel Maïga et d’autres formations politiques.
Mais, les observateurs parient que ces désaffections n’entraineront pas un rejet systématique de la carte IBK au profit de ses concurrents. Au contraire, certains responsables politiques expriment une crise de confiance vis-à-vis des potentielles alternatives à la gouvernance actuelle. Comme pour dire « même si le bilan d’IBK est mitigé, rien n’assure que ceux qui veulent lui succéder feront mieux », confiait cette semaine un leader de la majorité présidentielle.
En plus de cela, les opposants et les nouveaux aspirants au palais présidentiel pourraient-ils véritablement accorder leurs violons pour jouer franc jeu et pousser à cette alternance ? Rien n’est moins sûr, les intérêts politiciens étant trop fluctuants. Les ambitions de postes et de leadership pourraient rapidement fragiliser cette stratégie du « tous contre IBK ».
L’on se souvient du scénario du FDR en 2013, où l’URD, l’ADEMA et d’autres partis comme les FARE et le PDES s’étaient juré de se donner les mains pour barrer la route à tout autre candidat non issu de ce front anti-putsch. Mais, au final, le candidat adémiste Dramane Dembélé et la majorité du parti ont fini par opter (à l’exception d’Iba N’Diaye, qui a fini par démissionner pour cette pirouette) pour le soutien au candidat IBK face à Soumaïla Cissé de l’URD.
L’impact des obédiences politiques
En outre, il est fort probable que pour des questions d’idéologie, les candidats versés dans les clivages socialistes et libéraux ne se jouent des tours et des fuites en avant pour trahir ces vœux unitaires.
Enfin, les affinités psychosociologiques pour la plupart tabou pourraient aussi peser dans la balance pour ces décisions politiques. Si un Moussa Mara, qui a récemment quitté la majorité présidentielle, doit par exemple opter pour un choix entre IBK et Soumaïla Cissé (dans un éventuel second tour), l’on peut craindre la… surprise. Idem pour un Aliou Boubacar Diallo ou même un Modibo Koné ou Kalifa Sanogo devant donner des consignes de vote pour un duel du second tour bis repetita IBK-Soumaïla. Un choix surprenant ou un embarras peut amener à un refus de donner cette consigne de vote !
C’est donc dès maintenant que les ténors de la classe politique, les potentiels candidats, doivent réfléchir à une sorte de code de bonne conduite à signer dûment devant le peuple. Encore que là les signatures demeurent ce qu’elles sont. Elles ne sont pas un serment prêté sur le Coran ou la Bible !
Boubou SIDIBE/Maliweb.net
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