Mali : vers une transition de deux ans sous la conduite des militaires ?

Le détail du scénario prévu
Le document de huit pages, élaboré par les experts nommés par la junte et supposés faire la synthèse de concertations antérieures, prévoirait que le président de la transition, qui remplirait les fonctions de chef de l'État, soit « choisi par le Comité national pour le salut du peuple » (CNSP), autrement dit la junte. Ce serait « une personnalité civile ou militaire ». La même junte et « les forces vives de la Nation » proposeraient le nom du Premier ministre. Il serait nommé par le président. Un organe législatif serait instauré, le chef en serait un militaire. Ces organes resteraient en place jusqu'à l'installation de nouvelles institutions à l'issue d'élections générales. Lire aussi Mali : « Vers quelle forme de transition après le renversement d'IBK » « Au regard de l'ampleur des tâches », de l'objectif fixé de « refondation de l'État », « de la complexité, de la gravité et de la profondeur » de la crise, « la durée de la transition est fixée (à) 24 mois », dit le document. La durée de la transition, la provenance de ceux qui en auront la direction, conjuguées aux intérêts particuliers des uns et des autres en prévision de la répartition des postes, divisent de plus en plus ouvertement les forces maliennes.Un scénario pas gagné d'avance
Ce cadre posé, il n'est pas dit que le contenu plaise à toute la communauté internationale, à commencer par les voisins du Mali au sein de la Communauté des États ouest-africains (Cedeao), qui réclament un retour des civils dans un an maximum, au terme d'une transition dirigée par des civils. Il faut rappeler que la Cedeao a donné à la junte jusqu'à mardi pour désigner un président et un Premier ministre civils. Elle a imposé au Mali un embargo sur les flux commerciaux et financiers. Lire aussi Mali : la Cedeao augmente la pression sur la junte et la transition Parallèlement, les membres de la junte devront surmonter des dissensions de plus en plus patentes, moins d'un mois après un putsch favorablement accueilli par des Maliens exaspérés devant la persistance des attaques djihadistes et des violences intercommunautaires et l'impuissance étatique dans tous les domaines. Dans les différentes salles où se sont répartis les délégués, la « charte » proposée a suscité des débats passionnés et parfois tendus. Point important : la junte n'a pas dit à qui il reviendrait d'en rédiger la version finale, ni même quand elle serait rendue publique. Différents participants ont dit sous le couvert de l'anonymat s'attendre à ce que les colonels tranchent eux-mêmes sur la base d'une synthèse des débats des derniers jours. Le document ne serait publié qu'après la fin des travaux, prévue samedi, dans un délai non précisé, ont-ils dit. Des responsables de la junte devraient aller à la rencontre de chefs d'État et de gouvernement de la Cedeao qui se réuniront mardi dans la capitale ghanéenne, a dit à l'AFP un collaborateur de l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, qui a mené une longue médiation dans la crise malienne.Quelle est votre réaction ?






