Alors que la ville de Tombouctou est tombée aux mains des rebelles, l'armée au pouvoir a annoncé avoir rétablie la Constitution.
[caption id="attachment_58117" align="aligncenter" width="610" caption="Le leader de la junte malienne, le capitaine Amadou Sanogo, et le ministre des Affaires étrangères du Burkina-Faso, Djibrill Bassole, le 1er avril 2012, près de Bamako. AFP"]

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La junte au pouvoir depuis le 22 mars au Mali a accepté de "rétablir" les institutions qu'elle avait dissoutes, mais va diriger une transition en cherchant en priorité un cessez-le-feu des groupes armés actifs dans le Nord, a déclaré dimanche 1er avril à l'Agence France-Presse (AFP) son chef, le capitaine Amadou Sanogo.
Le Comité national pour le redressement de la démocratie et de la restauration de l'Etat (CNRDRE, junte militaire), qui a renversé le président Amadou Toumani Touré (ATT), "n'est pas dissous", a précisé le capitaine Sanogo à une journaliste de l'AFP dans son quartier général à la garnison de Kati, près de Bamako).
"Le Comité restera aux affaires mais seulement dans un bref délai, nous allons mettre en place un gouvernement de consensus, avec toute la société civile, tous les partenaires, les religieux, tout le monde", a-t-il expliqué, en présence de nombreux militaires.
Selon lui, les représentants des différentes entités "vont désigner un gouvernement de technocrates, de façon consensuelle". Cette équipe devra exécuter la "feuille de route" des putschistes, "à savoir les deux aspects majeurs: la crise au Nord, ensuite l'organisation d'élections libres et apaisées".
La Constitution rétablie
"Le Premier ministre sera un civil", et les ministres pourront être militaires et civils, "chacun en fonction de ses capacités", a-t-il précisé dans un entretien distinct, en anglais, à la National Public Radio (NPR, Etats-Unis), en présence d'une journaliste de l'AFP.
Plus tôt dans la journée, au nom de la junte, il avait lu une déclaration devant la presse, dans laquelle les putschistes s'engageaient à "rétablir", à compter de dimanche, la Constitution "ainsi que les institutions républicaines", dissoutes le 22 mars.
Cette déclaration avait donné lieu à diverses interprétations, certains ayant compris que le CNRDRE quittait le pouvoir et cédait le pouvoir au président de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, deuxième personnalité de l'Etat dans l'ordre protocolaire après le chef de l'Etat.
Cela n'est absolument pas le cas, a souligné Amadou Sanogo, voulant "redresser le message" pour faire comprendre aux Maliens "que le Comité reste et demeure", pour un délai non encore déterminé: "Cela va dépendre de l'avis des techniciens en la matière, parce que ce sont eux qui vont déterminer jusqu'à quand ce peuple sera prêt à organiser des élections libres, crédibles, indépendantes".
Des émissaires pour un cessez-le-feu au Nord
Interrogé sur la situation dans le nord du Mali, regroupant trois grandes régions administratives dont les chefs-lieux (Kidal, Gao et Tombouctou) sont contrôlées tout ou partie par des rebelles touareg et des islamistes armés, il a affirmé être dans l'attente de "rapports détaillés".
"Pour le moment, il y a eu des attaques, il y a eu du retrait de troupes" régulières, mais "nous avons hérité déjà d'une situation pourrie", a-t-il justifié.
"Et sur le terrain, on a déjà envoyé des émissaires pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu, et afin que ceux qui sont chargés du rétablissement de l'ordre ou bien des négociations" puissent travailler, a-t-il ajouté.
L'annonce à la presse du capitaine Sanogo intervient à la suite de négociations avec le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), sur la crise au Mali née du putsch du 22 mars.
Elle intervient surtout à quelques heures de l'expiration d'un ultimatum fixé par la Cédéao, qui a menacé le Mali d'un embargo diplomatique, économique et financier - incluant la fermeture de frontières - si la junte ne rétablissait pas l'ordre constitutionnel d'ici à lundi.
Amadou Sanogo a affirmé ne pas avoir reçu de réaction de la Cédéao après sa déclaration, et ignorer si la menace avait été levée.
"Mais ce qui est sûr, la Cédéao aussi comprend que nous, nous agissons conformément à la volonté du peuple malien", et "moi, ma mission, c'est de ne pas faire basculer mon pays dans un chaos total, mais, au contraire, c'est d'instaurer un climat de sérénité, de paix et de tranquillité", a-t-il dit.
Le Nouvel Observateur avec AFP - le 01-04-2012 à 21h02